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Réeducation alimentaire réussie ?

47 ans Salon de Provence (13) 617
Titluciole, merci pour ton témoignage.
Je rectifie ma question de départ. Quand je parle de réeducation réussie, je ne parle pas de kg perdus. Du moins pas en premier lieu.
Je demande  
si des gens ont réussi à retrouver une relation normale avec la nourriture, à faire cesser les compulsions, et à atteindre leur set-point (même s'il est haut, ou proche de leur poids de départ, peu importe).

D'après le GROS, ils ne disposent pas ENCORE de stat, donc probablement que la méthode est jeune. D'où l'intérêt de témoignage comme le tien, où tu nous confirme qu'au bout d'un an, tu as énormément progressé sur le plan de ta relation avec la nourriture, et sur un plan personnel, ce qui va évidemment de pair.

A ce propos, as-tu vu un psy, en plus du soutien de tes copines sur msn ?
Même si je n'en suis qu'au début, j'ai peur de buter au bout d'un moment et de ne pas arriver à finir le travail toute seule.
47 ans Salon de Provence (13) 617
J'ai oublié de te féliciter, Titluciole !
Viens nous faire part plus souvent de ton expérience.
43 ans 78 3901
Merci titluciole pour ton témoignage. Il nous éclaire sur pas mal de choses et nous permet de voir ce qui se passe un an plus tard :) pour différentes personnes. Comme quoi, ça confirme bien ce que tout le monde dit ici, un rééquilibrage c'est personnel !
T
48
Citation:
A ce propos, as-tu vu un psy, en plus du soutien de tes copines sur msn ? Même si je n'en suis qu'au début, j'ai peur de buter au bout d'un moment et de ne pas arriver à finir le travail toute seule.


Je pense aussi que c'est très personnel à chacun et qu'avant tout il faut se sentir prête à travailler sur soi avec l'aide d'un psy.

Pour ma part, le soutien de mes copines du net a été très important et a ouvert la voie de beaucoup de reflexions autour d'échanges de ressentis, d'expériences. Ca a aussi permis d'aborder des sujets de la vie de tous les jours, et d'avoir un endroit où parler sans avoir à attendre le fameux rendez-vous du mois chez un psy ou une nutri-psy.

Maintenant, à force de creuser des choses avec ce groupe, j'ai eu à un moment besoin de revoir mon ancienne psy pour travailler sur mon passé, pour approfondir tout ca alors j'y suis retournée pendant quelques mois et je ne dis pas que je n'y retournerais pas si j'en éprouve à nouveau le besoin.

En fait je crois que seul, ca prends forcément beaucoup plus de temps et que l'intérêt d'être accompagné c'est ce regard extérieur qui permets parfois de mettre le doigt sur ces choses qu'on essaie justement de camoufler sous des tonnes de nourriture. Mais après un an, je ne suis pas sure, même s'il existait un nutri du GROS pas loin de chez moi que je serais capable de suivre des séances avec lui parce qu'au final la cuisine de toutes les choses que j'ai péché à droite à gauche m'a permis aujourd'hui de trouver un équilibre qui m'appartient dans ma relation avec la nourriture. Je ne suis pas sûre que je saurais maintenant suivre des exercices et des consignes même pour la bonne cause.

Alors pour moi, l'accompagnement s'il doit y en avoir un serait plutot un accompagnement psy ou un accompagnement comportementaliste si celui-ci me permet d'être très actrice dans mon cheminement.

Mais tout ca est propre à chacun :)
44 ans Amsterdam 546
suite au temoignage de titeluciole...ca me fait reflechir a quelquechose dont j'avais deja eu la perception il n'y a pas longtemps...
Les problemes exterieurs...
Moi, ca fait 2 semaines que j'ai commence, pas long vous me direz...
Cependant, j'ai deja peur de recommencer a bosser, ou de revenir en France pour bosser...ou autre.
J'ai peur qu'un changement de rythme dans ma vie actuelle me destabilise et me fasse perdre mes acquis...
La, je suis forte: je me prends en main, j'ai toute la journee pour m'occuper de moi, prendre le temps de me ancer a faire la gym...etc.
Mais quand je bosserai, comment cela se passera-t-il???
Je n'aurais plus trop le temps de cuisiner, de prendre le temps de me sentir bien, je devrais manger quand on me le dira au travail (30 minutes de pause dejeuner, quand on te le dit...); pas forcement quand j'aurais faim, ou alors, je serais affamee...
Et faire du sport? je n'aurais plus le temps de me preparer (j'ai besoin d'une longue preparation pour m'y mettre, probablement suite a mes traumatismes de l'enfance).

Cela m'inquiete, et me pousse a rechigner a trouver du travail.
Meme un mi-temps.

Je ne sais pas si c'est normal, mais j'ai vraiment envie de consacrer du temps juste pour moi, et ne pas a voir a gerer les problemes exterieurs ou de nouveaux evenements dans ma vie.

Je crois avoir besoin de temps pour moi, pour me stabiliser dans mon "cheminement"...

qu'en pensez-vous?
T
48
En fait dans ce que j'en pense, y'a plein de choses dans ton message, alors vais répondre en vrac, tu m'en veux pas hein^ ;) :

- déjà avoir peur du changement est et sera toujours normal je crois quelquesoit la situation dans laquelle on se trouve. Changer c'est par définition passer par un état d'instabilité avant de retrouver une nouvelle stabilité. Et l'instabilité je crois que ca effraie tout le monde, on aime bien notre petit cocon qu'on connait sur le bout des doigts, et c'est pas tous les jours qu'on va à la conquête d'un nouveau monde... En même temps, c'est ptete aussi ca la vie, découvrir de nouvelles choses...



- quelquepart en te lisant, je me suis retrouvée dans moi quand j'étais au régime. En fait, au régime, on se met à planifier tout, à se donner un cadre qu'il ne faut pas dépasser, on met des sacrosaintes habitudes en place qu'il faut suivre à tout prix. Le régime c'est une sorte de cocon hors du temps pour moi (tout controler me permet d'ailleurs de pas penser au reste..). Alors forcément, quand on rate un régime, ben c'est parce qu'un évènement extérieur aura tout perturber cet équilibre qu'on essaie de construire.

Mais la vie est faite de perturbation, de bouleversement. Les jours se suivent et ne se ressemblent jamais.. Et quoiqu'on fasse, je ne pense pas qu'on puisse se garder un cadre dans un bocal de verre. Alors il faut apprendre à composer avec. C'est justement ca qui je crois fait de cette "méthode", une méthode à long terme.. Parce qu'au lieu de nous plonger dans un monde hors de notre société pour un laps de temps donné, elle nous permet d'apprendre à composer et à pacifier notre relation avec la nourriture, avec nos changements de vie, avec les coups durs, avec l'arrivée d'un bébé, avec une invitation improvisée au restaurant etc etc...

Rien n'est coulé dans le marbre et tant mieux ! Parce que c'est pas grave si tu manges au-dela de ta faim pour Noël, tu réguleras.. Parce que c'est pas grave si tu fais 1 séance de sport au lieu de 4... Le sport ne fait pas maigrir, le sport aide à découvrir de nouveaux plaisirs, à redécouvrir son corps mais quand tu fais du sport, ton organisme équilibre sa demande énergétique en fonction de la nouvelle donne. Et pis d'ailleurs, faire du sport pour le plaisir et non dans une optique "perte de poids" ca aide grandement à ne pas tout laisser tomber au bout de trois jours ^^. Ce n'est pas grave non plus si ton rythme de vie change (sortie nocturne, décalage horaire, nouveau taf...) parce qu'évidemment au début on se concentre sur manger dès qu'on a faim mais après, petit à petit, on réadapte nos bornes de faim "physiologiques" avec nos bornes sociales (repas en famille, travail etc...) et on sait qu'on peut manger vite fait un kitkat si on a faim à 9h45 sans que cela nous empeche après d'avoir faim à 12h00.. ou on décrouvre aussi qu'on est pas si affamé que ca, même si on prends pas de petit-déjeuner, qu'on en meurt pas etc... C'est un jeu d'expériences, d'essai-erreurs-adaptation.

Et au final, la "réussite" ne vient pas de l'environnement extérieur, d'une planification quelconque de choses à faire et à ne pas faire mais de notre capacité à lâcher-prise, à s'écouter et à s'adapter en fonction de notre écoute. Ca vient de l'intérieur, pas de conditions extérieures. Pour une fois, on nous propose de vivre comme les autres, avec les autres, sans se couper du monde pour suivre un programme.. alors même si c'est effrayant, c'est une sacré aventure tu ne crois pas ? C'est je crois la nuance entre perdre du poids et devenir mince.





- Maintenant, je comprends ta peur et ton envie de prendre du temps pour toi. D'ailleurs, Ce cher Apfel a un exercice à la con super compliqué : se donner 20min par jour où on ne fait strictement rien.. Argh pas si facile à faire lool. C'est important de ne pas s'oublier, comme on s'oublie dans la nourriture ou dans un trop plein d'activité. C'est très important d'avoir du temps à soi pour s'écouter, réfléchir, se faire du bien. Maintenant, je suis pas sûre que ce soit incompatible avec le travail. Je bosse à temps plein, je m'occupe de pas mal d'assocs aussi en dehors, mais j'apprends tout doucement à prendre soin de moi en me chouchoutant, à trainasser de temps en temps avec un bon bouquin, à aller me promener en toute liberté en forêt toute seule pour réfléchir. Je prends du temps pour moi en écrivant etc etc... C'est chez moi, un peu comme une respiration, j'inspire en prenant le temps, en prenant soin de moi, en me ressourçant et j'expire en faisant plein de choses qui m'épanouissent comme de bosser auprès de jeunes en difficultés, de donner un coup de main à des amis pour modérer un site etc etc... On apprends à être égoïste de temps en temps pour pouvoir mieux donner après je pense. Donc je crois que c'est possible mais je ne sais pas si ca répond à tes interrogations.




- Citation:
La, je suis forte: je me prends en main
Vais être un peu taquine ^^ mais tu sais s'écouter, ce n'est pas une question de volonté ^^. La volonté c'est une question de controle, où on doit être forte comme un roc et ne jamais fléchir, tout prévoir etc etc.. Mais je ne pense pas que la vie soit en noir et blanc, ce n'est pas un opposition de forte/faible, tout/rien mais une infinité de nuances au milieu de tout ca. Je fonctionne aussi en tout ou rien : je controle tout en suivant un régime, en planifiant ma vie et je controle plus rien en me goinfrant, je controle tout en faisant le ménage à fond, et je controle plus rien en ne faisant plus rien. Je controle tout en assumant ma famille, mes amis, mon travail, en étant toujours souriante et "forte", et je controle plus rien en craquant complètement en larmes une fois toute seule chez moi. Ben le truc le plus dur que m'apprends encore maintenant l'écoute de moi, c'est que comme dirait les boudhistes, y'a une voix du milieu. Ecouter ses sensations alimentaires au lieu de les planifier ou de les anesthésier c'est être dans la voix du milieu. Apprendre qu'on a le droit d'être fragile par moment et apprendre à accepter nos fragilités, à les exprimer avant d'arriver au point de rupture qui fait qu'on explose comme une cocotte minute et qu'on rebascule d'un coup dans la perte de controle, c'est aussi la voix du milieu et je t'assure que ca, pour le coup c'est vraiment géniale... Quand on réussit loool parce que moi j'ai encore tendance à vouloir toujours tout assumer grrr





Et euh, avant d'en faire un bouquin lool, je terminerais sur ce que tu as dit : Citation:
j'ai peur de perdre mes acquis
. On ne perds jamais ses acquis :). Oh bien sûr tout n'est pas rose, des moments de gros doutes y'en a, des retours en arrière aussi mais au final ca aide toujours à avancer encore plus. Pour moi les crises de boulimies ne sont plus le signe d'un échec, d'une perte de ce que j'ai mis en place non ! Elles ne sont plus mes ennemies mais des sortes d'alliées (je sais ca parait dingue lool). Mais maintenant je sais que quand je crise, c'est plus un signal d'alarme qui me dit "youhouuuu, fais gaffe, fais gaffe, regarde par là, cherche, t'as mis le doigt sur un truc à régler, à dénouer, sur "un cadavre dans le placard" fais y attention au lien de détourner le regard". Et puis les crises c'est aussi quand ma tête panique, quelquepart un peu mon corps qui vient à la rescousse pour lui dire "don't worry, je suis là, si pour le moment c'est intolérable pour toi de voir en face ce truc là et bien je suis là pour l'anesthésier avec la nourriture pour te protéger".

Alors c'est comme si nos acquis étaient les pierres d'un édifice. Au début, on se promène un peu partout, on ramasse ces pierres, ces clés un peu partout, on farfouille, on se perd, on se retrouve. Et puis à force de ramasser des pierres, on construit un joli édifice, on se dit ca y est c'est gagné... Et pis de temps en temps l'édifice s'écroule pour x raisons (une bourrasque trop forte, parce qu'on l'a construit trop vite sans prendre le temps etc etc...). Alors là on a l'impression que tout est fini, que tout s'est écroulé avec... mais non.. Parce que tes pierres là, tes acquis, tu n'as plus besoin d'aller les chercher aux quatres coins du monde, elles sont tombés juste là à tes pieds.. Tu ne les as pas perdu, elles sont justes là, suffit de se baisser pour les ramasser et reconstruire. :)

Crois moi, même dans les pires moments, quelquepart même sans le savoir, on avance toujours. :)
B I U