Bouh je sens que ça va être morose le sujet :cry: . J'ai perdu mon père à l'âge de 9 ans, trop grande pour ne pas me souvenir, trop petite pour comprendre tout et savoir comment gérer ce passage. J'ai énormément souffert les jours qui ont suivi puis ça s'est un peu tassé. Il y a 2 catégories de personnes à ce qu'on m'avait dit: ceux qui pleurent tout leur saoul les premiers jours et qui finissent par oublier, puis ceux qui ne pleurent pas forcément beaucoup les premiers jours mais chez qui ça se déclenche plus tard. Je crois que chez moi cette mauvaise période revient régulièrement, et il ne m'arrive pas un seul moment où je sois triste et que je repense à mon papa. L'an dernier, donc plus de 10 ans après sa mort, j'ai fait une grosse déprime. Je ne pensais pas du tout que ça pouvait être lié à ça, puis ma cousine (qui avait l'âge de comprendre, elle, le jour où c'est arrivé), m'a expliqué que selon ce qu'elle ressentait et apparemment d'autres, je ne m'etais jamais remise de ce drame. (Je crois être devenu quelqu'un d'horriblement triste depuis, je ne sais pas si j'ai changé ma façon de vivre après ça, mais je sais très bien que j'aurais été mieux dans ma peau si ça n'etait pas arrivé). Elle m'a dit que si je déprimais, la cause pouvait être la perte de mon père... et là je me suis dis que je devrais peut-être creuser de ce côté-là. Cette dépression s'est résorbée d'elle-même, mais depuis, je sais que je peux refaire une dépression sans cause bien précise dans l'actuel et qu'il faudra que je remonte dans mon passé. Je me dis qu'il faudra un jour que je me rende sur sa tombe (je m'y suis déjà rendue, parfois avec ma mère pour des raisons "normales", celles qui font qu'on sera bien vus de la société du fait qu'on pense encore aux personnes qui ne sont plus là, mais ça ne me faisait rien), seule, et là me vider tout mon possible. Peut-être que ça m'aiderait dans l'immédiat, je ne sais pas si ça guérirait tout, ça fait un bon moment que je pense à faire cet acte, mais j'ai une grosse appréhension pour le faire. Je ne sais pas comment je reagirais et j'ai une frousse bleue. Alors je reporte sans cesse ce moment.
Sinon ma vie quotidienne se passe bien. Je n'avertis que rarement les gens du fait que je n'ai plus que ma mère. Ils ne le savent que lorsqu'ils insistent à parler d'un papa dans ma vie, lorsqu'ils disent "et tes parents disent rien ? et ton père s'engueule souvent avec ta mère ? ". Je leur annonce d'une façon naturelle, eux sont mal à l'aise par la suite et s'excuse toujours platement de leur ignorance, et je suis mal à l'aise pas du fait de leur avoir dis, mais simplement parce que eux sont mal à l'aise et que moi ça n'y change rien, non je ne me mets pas à pleurer quand on parle de l"absent"... Je me pose toujours les questions existentielles cela dit, du genre "et s'il avait été encore là, comment je serais? et si c'était ma mère qui était partie à sa place?". Je n'aurai jamais de réponse. Mais je m'imagine toujours que ma vie aurait été plus simple, que peut-être je n'aurais pas autant fait souffrir mon corps, que je serais quelqu'un de joyeux et qu'on arrêterait de me dire que je ne ris jamais.
Voilà, je sais pas si ce que j'ai dis pourra aider en quoi que ce soit, mais à moi ça a fait du bien. Ca fait toujours du bien de pouvoir s'exprimer. J'espère qu'un jour j'aurai le courage de me rendre sur sa tombe, même si ça n'y change rien, que je ne suis pas à l'abri d'un nouveau passage à vide, au moins ça sera fait.