La femme ronde est-elle plus touchée par la discrimination que les autres ?

En France, près de 50 % de la population est en surpoids, dont 15 % en situation d’obésité. Pour autant, la grossophobie est particulièrement présente dans notre société, impactant tous les domaines de la vie (sphère privée, relations sociales et affectives, monde du travail, accès à la santé, etc). Une grossophobie avérée, qui semble cibler plus particulièrement les femmes, déjà victimes de sexisme.

80 % des chirurgies bariatriques sont pratiquées sur des femmes

Au cours de son enquête, Gabrielle Deydier, auteure de “On ne naît pas grosse” (paru en 2016), s’est ainsi rendu compte d’un chiffre édifiant : sur les 6 millions d’obèses en France, près de 80 % des actes relevant de la chirurgie bariatrique sont pratiqués sur des femmes. Pourtant, la chirurgie bariatrique est particulièrement invasive, puisqu’elle consiste généralement à retirer des parties de l’estomac. Un constat qui en amène un autre : si tant de femmes ont recours à la chirurgie comme dernier espoir pour perdre du poids, c’est parce que leur surpoids pèse énormément sur leur vie, personnelle comme professionnelle.

Les études en la matière le prouvent, les femmes obèses sont plus touchées par la discrimination que les hommes gros, que ce soit dans l’espace public, dans le domaine de l’emploi ou bien celui de la santé. « Je me souviens de ce gynécologue qui m’a demandé ce qu’il pourrait bien voir au milieu de tout ce gras ; de cet échographe qui m’a dit que je lui faisais perdre du temps tout en creusant le trou de la Sécurité sociale. Résultat : je laisse mon corps en friche, » écrit entre autres Gabrielle Deydier dans son livre, témoignage frappant de la grossophobie ambiante.

Derrière cette grossophobie sexiste se cache une convention sociale fort pesante sur les femmes : la beauté serait un attribut féminin, là où la force serait une qualité masculine.

La beauté, un “attribut féminin”

Les femmes, qui se doivent d’être belles et donc minces -selon nos normes sociétales-, sont de fait plus exposées à la grossophobie. Les mannequins et autres célébrités à la Une de la presse féminine sont généralement minces, tout comme les présentatrices télé et autres personnalités occupant l’espace public. Une femme devant avant tout être séduisante pour être reconnue dans nos sociétés fortement patriarcales, afficher un surpoids avéré ne correspond pas du tout avec ce qu’attendent les conventions sociales.

« Dans les conventions sociales, on considère la beauté comme un “attribut féminin”. C’est par cet attribut qu’on valorise généralement les femmes, que ce soit sur le marché matrimonial ou au travail, explique le sociologue Jean-François Amadieu. La “grossophobie” concerne donc particulièrement les emplois en contact avec la clientèle, très féminisés, où l’employeur estime que la capacité à séduire est nécessaire pour bien faire son métier. » Nous touchons là le coeur du problème : les femmes obèses se retrouvent à la croisée d’une autre discrimination, cette fois-ci liée au genre.

Grossophobie et sexisme

Tout comme la femme est considérée “femme” avant toute autre chose, la femme ronde est tout d’abord désignée comme “grosse”. C’est ainsi que notre société attribue des qualités morales à des caractéristiques morphologiques. Ainsi, la personne grosse, de surcroît si elle est une femme, est d’autant plus considérée comme flemmarde et se négligeant physiquement.

Le monde du travail est le triste reflet de cette réalité glaçante. Toutes les études et statistiques le prouvent, les femmes sont moins nombreuses à accéder à des postes à responsabilité, elles gagnent également moins que leurs collègues masculins, à postes égaux. Derrière ce constat se dresse celui, affligeant, des nombreux préjugés pesant sur la femme en général : plus intéressée par la maternité que la carrière, moins capable de se montrer performante, plus souvent malade, etc. Qu’importe si les statistiques démontrent clairement qu’une salariée est tout aussi efficace qu’un salarié, le résultat est là. Un sexisme d’autant plus puissant lorsqu’il est couplé à la grossophobie, car, malheureusement, dans le monde du travail la femme se doit avant tout d’être séduisante si elle espère mener une carrière à la hauteur de ses ambitions. Les chiffres en matière d’employabilité le démontrent, les femmes considérées comme belles ont plus de chances d’être retenues à un même poste, à compétences égales.

Ainsi, selon une étude publiée en février 2016 par le Défenseur des droits et l’Organisation Internationale du Travail, intitulée “Le physique de l’emploi”, les femmes obèses sont 8 fois plus discriminées que les femmes minces. Les femmes en surpoids le sont 4 fois plus et les hommes gros, 3 fois plus. Une grossophobie qui semble donc bien aller de pair avec un réel sexisme. Étant donné que le fait d’être une femme en surpoids entraîne déjà son lot d’idées préconçues, rapportées au monde du travail, ses préjugés sont d’autant plus criants. L’un des plus ancrés étant le suivant : une femme obèse, qui possède un “physique de fainéante”, se montrerait donc peu réactive au travail. A cette idée vient s’ajouter le fait qu’une salariée se doit d’être séduisante, d’autant plus lorsqu’elle représente l’image de la société auprès du public. Les kilos ‘ »en trop » ne sont donc pas les bienvenus.

Les stéréotypes ont la vie dure…

La grossophobie est bel et bien intimement liée au sexisme, les deux faisant également des ravages dans le domaine de la vie affective et de la sexualité. Ainsi, le fait qu’une femme grosse puisse mener une vie amoureuse et sexuelle épanouie semble encore surprendre, voire même dégoûter. Un acharnement concernant le corps des femmes, aussi aberrant que terrible. En effet, le fait qu’une femme en surpoids, de surcroît obèse, puisse plaire à un homme alors qu’elle ne correspond pas aux standards de la beauté semble interloquer tout un chacun. Pourtant, nombreux sont les hommes à préférer les femmes rondes, mais malheureusement peu osent pas l’assumer, par peur du regard des autres. Un regard pesant que comprennent particulièrement bien les femmes rondes, tant elles le subissent au quotidien.


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