Comment se traduit la stigmatisation des femmes rondes en société ?

La grossophobie : phénomène majeur en France

Le terme grossophobie, qui désigne “la discrimination envers les personnes obèses ou en surpoids”, n’est inscrit dans le dictionnaire que depuis 2018. Pourtant, ce phénomène est bien plus ancien. Ainsi, nombreuses sont les personnes en surpoids à avoir subi, dès l’enfance, des moqueries et autres brimades, qui à l’âge adulte se sont transformées en regards désapprobateurs et réflexions blessantes. Pour la grande majorité des personnes en surpoids -soit près d’un Français sur deux-, pas une journée ne se passe sans entendre parler de leur corps. Que ce soit dans leur vie quotidienne, dans la recherche d’un emploi, dans les transports en commun ou toute autre situation, le surpoids constitue ainsi une réelle discrimination.

Une société où les apparences sont reines

Dans notre société, les causes comme les conséquences du surpoids sont reléguées au second rang. Pourtant, une personne sur six est obèse. Mais rien n’y fait, les personnes grosses sont comme effacées de l’espace public. Dans son livre “On ne naît pas grosse”, Gabrielle Deydier souligne que l’obésité est ainsi un facteur de pauvreté : « Elle concerne un smicard sur quatre et 30 % de ceux qui touchent le RSA. Et la féminité est un facteur aggravant de discrimination. » Ainsi, être une femme ronde constitue en quelque sorte une double peine, particulièrement stigmatisante. Et pour cause, dans notre société où les apparences sont reines, il convient pour une femme d’être mince et belle, si possible jeune. Des critères érigés en idéal de beauté, qui de fait excluent les femmes en surpoids, lesquelles peinent d’ailleurs bien souvent à trouver des habits à leur taille et à la mode.

La mode grande taille : quasi inexistante

Alors que les Françaises sont loin de toutes afficher des tailles 34 ou 36, le monde de la mode se cantonne à ne produire que des modèles créés pour des femmes fines. Les créateurs sont ainsi nombreux à ne vouloir voir porter leurs vêtements que par des modèles de minceur, reléguant les collections pour femmes grosses aux marques bien plus populaires. Gros, ne semble pas rimer avec chic. C’est ainsi que saison après saison, les grandes chaînes de vêtements, qui calquent leurs collections de prêt-à-porter sur celles des grandes maisons, excluent de fait les femmes rondes de leurs rayons. Une exclusion qui ressemblerait presque à une punition, laquelle sévit également dans toutes les sphères de la vie quotidienne.

La problématique des transports en commun

Être en surpoids et devoir prendre les transports en commun constitue notamment un véritable parcours du combattant. En témoignent les sièges des métros, tramways et bus, conçus pour des personnes à l’IMC dans les normes. Les compagnies ferroviaires comme aériennes stigmatisent également les personnes rondes en ne proposant que des places monotaille, là encore, pensées pour accueillir des passagers minces.

Les personnes en surpoids avéré ou obèses sont alors obligées de réserver deux places côte à côte pour être certaines de pouvoir s’asseoir à leur convenance, sans subir les réflexions des autres passagers. Cette discrimination courante se retrouve également dans le monde du travail et de la santé, deux univers qui ne semblent pas encore prêts à réaliser leur introspection.

Le monde du travail intransigeant avec le surpoids

La discrimination à l’embauche est chose commune lorsque l’on est en surpoids. Ainsi, selon une étude intitulée “Le physique de l’emploi”, menée en 2016 par le Défenseur des droits et l’Organisation Internationale du Travail : les femmes obèses sont 8 fois plus discriminées que les femmes à l’IMC normal. De même, les femmes en surpoids le sont 4 fois plus et les hommes gros, 3 fois plus. Une étude qui démontre la forte intransigeance du monde du travail envers les personnes grosses, de surcroît quand les candidates sont des femmes.

Accessibilité limitée des postes, discrimination manifeste dès l’entretien d’embauche, harcèlement de la part des supérieurs et/ou collègues… Le monde salarial est particulièrement dur pour les salariés en surpoids, qui voient leur santé psychologique comme physiologique mise à rude épreuve. L’accès au monde du travail est donc particulièrement restreint pour les personnes en surpoids, tout comme l’accès à la santé et aux soins médicaux, pourtant primordiaux.

L’accès à la santé, bien plus difficile pour les obèses

Lorsque l’on est en surpoids, de surcroît obèse, le secteur de la santé est particulièrement stigmatisant, en témoigne les milliers de témoignages qu’il est possible de lire sur les forums dédiés. Qu’il s’agisse de comportements de la part du personnel soignant, comme de matériel inadapté aux personnes grosses, le message est clair : les patients en surpoids ne sont pas les bienvenus.

La grossophobie des soignants

La grande majorité des personnes rondes peuvent en témoigner, le personnel soignant ne semble pas formé pour les accueillir, ou tout du moins se montrer un minimum bienveillant. La grossophobie du secteur médical est manifeste. Derrière cette stigmatisation se trouve l’un des préjugés les plus féroces concernant les gros, qui seraient responsables de leur état physique. Or, le surpoids et l’obésité de surcroît, sont de réelles maladies qu’il convient de traiter avec autant d’attention que toute autre pathologie. Pourtant, tout semble exclure de fait les personnes obèses.

Le matériel médical inadapté

Passer un simple scanner ou bien une échographie se révèle être un véritable parcours du combattant pour les personnes en surpoids avéré, étant donné que les machines ne sont pas adaptées à leur physionomie. C’est ainsi que bon nombre d’entre elles se retrouvent à devoir effectuer des examens pourtant classiques en se rendant dans des cabinets vétérinaires, lesquels possèdent des machines conçues pour accueillir des animaux de forte corpulence. Il en est de même pour les ambulances et autres véhicules sanitaires, qui généralement ne sont pas adaptés au transport des personnes en surpoids. Si cela peut sembler anodin pour une personne mince, les patients en surpoids, qui vivent cette stigmatisation quotidienne, se sentent de fait exclus de l’espace public. Pourtant, tous font partie de notre société et y contribuent tout autant financièrement. Tous devraient donc obtenir les mêmes droits.

Malheureusement, force est de constater que la stigmatisation des personnes en surpoids, à plus forte raison des femmes rondes, n’est pas près de cesser.

Être une femme ronde : une double peine dans notre société

Il est aisé de le constater quotidiennement : la mise à l’écart des personnes rondes est monnaie courante dans notre société. Une grossophobie qui, couplée au sexisme ambiant, fait d’autant plus de ravages. Être une femme ronde semble ainsi constituer une double peine.

Dans une société patriarcale, où l’image est reine, la femme se doit avant tout d’être séduisante, là où l’homme doit se montrer performant. Une injonction qui de fait, stigmatise d’autant plus les femmes en surpoids, lesquelles pâtissent de préjugés sexistes et grossophobes. Heureusement, plusieurs personnalités, auteurs, réalisateurs et autres anonymes, occupent de plus en plus les médias pour dénoncer la stigmatisation systématique des personnes en surpoids, de surcroît les femmes rondes. Autant de prises de paroles qui contribuent à faire avancer ce sujet, dont la lutte est tout aussi méritante que celle engagée contre le racisme et le sexisme, deux autres fléaux de notre société.


... Charger plus

L équipe de vive les rondes a conscience que Les bannières publicitaires peuvent être peu confortables pendant la navigation mais elles représentent une source de revenus qui nous permet de proposer nos services gratuitement avec une ligne éditoriale 100 % libre.

C'est pourquoi nous vous prions de bien vouloir désactiver exceptionnellement votre bloqueur de publicité dans les paramètres de votre navigateur.