Je vais commencer par répondre sur le serment d'Hippocrate. Il est bien en vigueur en France, mais ne concerne que les soins, c'est à dire les maladies.
La stérilité n'est pas
une maladie (donc pas d'obligation). La grossesse n'est pas une maladie (donc pas d'obligation de pratiquer un avortement, même s'il existe une loi, celle-ci prévoit le droit de retrait pour les médecins qui sont contre l'avortement).
Le droit à l'enfant n'existe pas. Le droit à la PMA existe, mais à condition de remplir certains critères or, à part les critères éthiques, d'âge et certains problèmes de santé, les critères sont définis par les centres.
Et c'est là que ça commence à coincer...
Déjà les traitements coûtent cher. Donc économies de la sécu obligent, on va tenter de les réserver aux couples qui ont le plus de chances que ça marche. Et il ne faut pas se leurrer, un jour ça sera pareil pour la santé, comme aux USA. Actuellement en France, si vous avez un souci cardiaque nécessitant une intervention, on vous opère. Aux USA, il faut déjà avoir une assurance maladie et c'est elle qui décide. Si vous ne rentrez pas dans ses critères, si elle estime que le coût de l'intervention ne se justifie pas (parce que vous avez plus de 50 ans que vous êtes en surpoids par exemple) elle ne paiera pas et vous ne serez pas opéré. Peu importera que vous soyez encore plus malade par la suite, elle ne vous prendra pas en charge. Et puis de toutes façons vous finirez bien par crever... :evil:
Actuellement, environ 3 couples sur 10 consultent pour infertilité et bénéficient de traitements (tous traitements confondus). Dans les 10 années à venir, si on continue sur les bases des statistiques, ce seront 7 couples sur 10 qui consulteront, raison de plus pour la sécu et les centres d'encadrer encore plus les traitements quitte à mettre en place des critères discriminatoires.
Ensuite, les centres bénéficient d'aides financières pour pouvoir continuer leurs recherches sur la PMA et ces aides sont basées sur leur taux de réussite. Donc les centres ont tout intérêt à sélectionner les couples qui ne feront pas chuter leur taux, car plus leur taux de réussite sera élevé, plus ils auront de patients qui voudront venir dans leur centre. Et plus ils sélectionneront bien leurs patients, plus leur taux de réussite montera et les subventions avec.
Enfin les médecins peuvent tout à fait justifier ce qu'ils avancent, même si ce n'est pas ultra convaincant. Pour les femmes en surpoids il faut des doses plus importantes pour stimuler les ovaires et plus la dose est forte, plus les risques sont élevés (j'en sais qq chose, et pourtant mon IMc devait être aux environs de 30 quand je faisais les traitements).
Qui ira reprocher à un médecin un principe de précaution ?
Qui ira approuver une femme en surpoids de vouloir quand même un traitement, engageant ainsi la responsabilité d'un médecin, alors qu'il lui suffirait de maigrir pour que le risque physique pour elle et pénal pour le médecin, disparaisse ou au moins diminue ?
C'est tellement évident, surtout dans la période anti-gros actuelle, que tout le monde hurlera au scandale si des méchantes grosses qui n'ont qu'à bouger leur cul pour maigrir veulent obliger les médecins à les traiter quand même. Et si elles disent qu'elles le font à leurs risques et périls, là on leur ressortira le serment d'Hippocrate en leur démontrant qu'elles obligent les médecins à leur faire prendre un risque alors qu'elles ne sont pas "malades"...
Je ne dis pas qu'il ne faut pas se battre, je dis simplement qu'attention, l'adversaire est très très bien armé, tant médicalement que juridiquement. Et il est du bon côté de la seringue...
Seuls d'autres médecins pourraient s'opposer à cela en démontant les arguments des autres. Mais qui a envie de s'occuper de couples qui font baisser les statistiques et perdre subventions et réputation ?
Je sais que je parais bien pessimiste...
Mais je persiste à voir dans tout cela un affaire de gros sous, pas autre chose. Et contre les gros sous... :? :(
Quand je vois que les personnes souffrant de maladies orphelines ont perdu leur combat (et elles sont malades...) je me dis que les grosses, qui peuvent et même doivent maigrir (si, si bien sûr, c'est si facile allons ! :evil: )vont avoir du mal à se faire entendre...
On est vraiment dans un système pervers, qui ne reconnait pas que la plupart des surpoids sont souvent le signe d'autres pathologies jamais décelées, car jamais recherchées. Tant que le surpoids sera vu comme la conséquence de la surbouffe et du manque de volonté, comment se faire entendre correctement ?
Pardon de vous saper le moral, c'est vous qui avez raison, il faut vous battre pour vous, pour vos vies, pour vos futurs enfants, pour vos droits.
C'est juste que je crois que les dés sont pipés... :(