Pour résumer, il me semble que :
1) La pornographie dans l'art existe : cf. les estampes japonaises sus-mentionnées par exemple. Ce n'est pas rabaisser l'art que
de constater cela. Il n'y a rien d'antinomique.
2) Tout ce qui est vieux ou qui nous vient du passé n'est pas forcément de l'art. Ce n'est pas un critère suffisant.
3) A la limite, on peut s'interroger sur "l'art populaire", notion créée au XIXe siècle, mais qui au final ne concerne que très peu d'oeuvres : celles qui empruntent des techniques ou des supports jugés "populaires" (par opposition à ceux, "nobles", des Beaux-Arts), mais les historiens du XIXe ont rechigné à accorder une valeur artistique à ces arts dans leur ensemble. Ils retiennent seulement les meilleurs artistes/artisans qui y ont excellé, et les rapprochent, in fine, des Beaux-Arts.
Lorsqu'on évoque aujourd'hui "les arts populaires", on se place plus dans une optique culturaliste (qui date, grosso modo, du XIXe, pas avant) qu'artistique.
4) Je crois que LovelyLexy évoque les images pornographiques qui ont existé, de tous temps, dans les maisons de plaisir notamment. Ce sont principalement des phallus, des scènes de coït, etc. etc. Ce n'est pas de l'art à proprement parler, même si on doit pouvoir trouver, évidemment, quelques spécimens du genre qui présentent des qualités artistiques. Elles sont, en tout cas, archéologiquement et culturellement intéressantes, mais pas du point de vue de l'art stricto sensu.
5) Est-ce que leurs contemporains les considéraient comme de l'art ? Difficile de le dire avec certitude, mais il semble que non. Les auteurs antiques, par exemple, ont très peu écrit sur la peinture en général. Tout simplement parce que les peintres n'étaient pas considérés à l'égal des littérateurs. Les quelques textes qui subsistent évoquent quelques grands artistes, dont on ne sait s'ils ont vraiment existé : Appelle, Zeuxis, Praxitèle... Dans ces textes-là, vous vous en doutez, il n'est absolument pas question de peintures érotiques.
Voilà, quelques précisions pour alimenter le débat ;)
Tu présentes bien les choses mais je ne sais s'il y a matière à débat (peut-être sur la question de l'existence de la pornographie dans l'art mais en fait je n'en vois pas trop l'intérêt sauf à manier des concepts pour le plaisir).
Après c'est plus une question d'appréciation personnelle.
Pour moi le porno est un sous produit de la culture sexuelle auquel j'accorde une très faible valeur et je n'en vois pas la nécessité me concernant aujourd'hui (peut-être très vieux?).
Pour autant, il ne m'est pas désagréable de tomber sur des photographies de femmes à mon goût mais je ne les recherche pas. Mais je fais une distinction claire entre la pornographie de masse et les représentations érotiques qui peuvent atteindre jusqu'au sublime (art).
Il paraît évident que les fresques érotiques de Pompéi ne valent pas artistiquement des œuvres de Poussin mais ne sauraient néanmoins être comparées à des grafitis obscènes de bordels, et ce quelle que soit l'époque.
Je trouve étonnant parfois cette nécessité des gens d'avoir sans cesse besoin de cautions, de se rassurer avec des avis de gens qui "savent".
Justement, comme toi je pense que l'art n'est pas une question d'époque et que ce n'est pas l'ancienneté qui donne sa valeur artistique à la chose.
Et l'art est justement quelque chose qui "éclate" souvent naturellement au profane, sans forcément besoin du support du spécialiste.
Je n'ai pas besoin d'une caution quelconque pour affirmer que le pont du Gard est un chef d’œuvre artistique intemporel (mais peut-être faut-il le voir IRL régulièrement pour le percevoir?). C'est comme un Van Gogh, c'est une puissance qui t'apparaît comme une évidence face à l’œuvre sans être un expert.