Bonjour!
J'écris ces quelques lignes mais, je ne sais pas trop ce que je veux.Je ne pose pas de question, j'ai juste un besoin vital de laisser sortir un mal être
dont je n'ai jamais parlé et qui commence à devenir lourd. Désolée d'avance, ça va être long.
Depuis que je suis toute petite, je suis un peu rondelette mais voilà, mes parents ne s'en sont jamais souciés outre mesure. Je suis fille unique et ma mère m'a toujours adorée. Elle ne se trouvait pas très belle et je sais qu'étant enceinte, elle voulait juste une fille plus jolie qu'elle. Elle m'a toujours complimentée, sur tout. Je chantais bien, j'étais intelligente, etc. Mais ma mère, elle m'aimait tellement qu'elle ne me laissait pas trop sortir et je n'avais le droit d'aller que chez une seule amie car elle connaissait bien son père. Elle était mignonne, intelligente, je l'ai toujours un peu admirée cette fille. Puis un jour, suite à la mort de son père, elle a déménagé en Espagne,pays natal de sa mère. Et là, je me suis retrouvée affreusement seule.
Je suis entrée en secondaire (collège/lycée en France). Il n'y avait plus de garderies, ma mère était forcée de me laisser rentrer seule à la maison mais je devais lui téléphoner tout le temps. N'ayant pas l'habitude d'aller vers les autres, je n'ai pas réussi à me faire d'amis et, étant grasse, je suis vite devenue le souffre douleur de la classe, puis de 80% de l'école, assez petite. Je me faisais insulter, traiter de sale grosse, menacer. Et c'est là que je suis tombée de très haut. J'ai commencé à en vouloir à ma mère, de m'avoir menti et fait miroiter des choses. Je ne voulais plus aller en cours et j'ai réalisé avec encore plus de force qu'il n'y avait rien, personne. Je fuyais ma mère le plus possible et au plus je le faisais, au plus elle me harcelait pour savoir pourquoi, me disant qu'elle était là pour moi. Je faisais des crises d'angoisses. Avec le recul, je me rends compte qu'elle faisait de son mieux mais sur le moment, j'étouffais. A la même période, j'ai commencé à regarder des mangas animés et a faire fonctionner mon imagination. Alors dans ma tête, je créais mes propres personnages, des filles belles et pleines de confiance, ce que je ne serais jamais. Et elles bouffaient la mienne,de confiance en moi, a petit feu. Je me réfugiais dans mon monde au moindre problème, je passais ma vie à manger, je séchais les cours.
Mais un jour, j'ai eu un déclic. Ces personnages dans ma tête ils n'avaient pas de chaleur, ils n'existaient pas et j'étais incroyablement seule. Juste après, j'ai fait une tentative de suicide. Ma mère était folle de panique et me demandait à tout bout de champ si j'étais dingue, m'empêchait de m'approcher des couteaux ou objets pointus et, évidemment, de sortir. Ce qui m'a relevé, c'était un garçon, auquel je parlais sur le net, il vivait à Toulouse. Au bout d'un an de discussion, il m'a annoncé qu'il allait passer me voir. Et, c'était à prévoir, j'ai paniqué. Je ne pouvais pas lui montrer à quoi je ressemblais. Une fille avec qui je correspondait parlait de régime et, dans ma tête, ça a fait tilt. C'était le début des problèmes.
Je ne m'étais jamais pesée avant, à part aux visites médicales. C'est pour dire si le problème était abstrait. Avec le recul, je me dis que je ne pesais pas tant que ça. Et j'ai tout de même entamé un régime. Je n'ai eu aucune difficulté à m'y tenir, étant donné que je venais de me faire opérer de la cheville et que j'étais destinée à ne plus bouger pendant deux mois. Le temps que je sorte de convalescence, j'avais développé un dégoût pour la nourriture. J'ai vu le garçon que je voulais voir, il ne s'est rien passé de particulier mais c'était trop tard, l'objectif était fermement ancré dans ma tête. "Perde encore, un peu plus, devenir plus belle, libre". Un jour, par hasard, j'ai fini par craquer après un an. C'était sur des pâtes,je m'en souviens parfaitement. J'ai un peu paniqué et puis, l'idée m'est venue "Et si je me faisais vomir? Grosse comme je suis, de toute façon ". Puis, voyant mon ventre s’aplatir de plus en plus, je l'ai refait. Une fois, deux, fois,...Puis j'ai commencé à faire plus et plus de sport, je luttais contre mon corps, je le savais et ça me donnait la force de continuer. Si j'arrêtais, il allait me rattraper.
Un nouveau problème s'est ajouté à l'équation. Je me suis pesée, pour la deuxième fois et j'ai commencé à me fixer des objectifs. Je me suis rendue folle en constatant qu'en buvant en litre d'eau, je prenais un kilos. Ça a été l'enfer et pourtant, j'avais peur de grossir en lâchant prise alors j'ai continué.
Aujourd'hui,j'ai un copain. Je pense qu'il m'aime pour ce que je suis et pourtant, parfois, je songe à le quitter. Parce que je me dis qu'aujourd'hui, je fais une taille 38 mais qu'un jour, je reprendrai peut-être et qu'il m'abandonnera sûrement. Parce que j'évite de dormir chez lui et les repas de famille comme la peste. Aujourd'hui, je fais des études, ou du moins j'essaie, j'en sors pas. J'ai repris deux kilos, ma mère me prend pour une folle,elle fait l'inventaire de tout ce que j'ai mangé ces dernières heures. Je suis fatiguée, brisée, j'en ai marre, j'en vois pas la fin.
Merci d'avoir lu tout ça. Je sais que c'était long, que c'est pas très important, mais j'avais besoin de le laisser sortir.