Tous les commentaires reçus suite à mon témoignage m’ont apporté un tel soutien et une telle force que j’ai trouvé le courage d’écrire la suite apparemment si attendue (sourire). Merci
à vous tous de tout cœur.
Je suis donc sortie de l’hôpital le samedi 27 juin 2009, souffrant encore d’une phlébite à l’épaule et d’un ulcère nécessitant tous deux un long traitement. J’avais aussi un drain dans une poche qui finissait « d’aspirer » le reste d’une collection et une sonde de pezzer dans l’estomac conservée au cas où l’alimentation me poserait des problèmes et qu’il faudrait envisager de brancher à nouveau des poches d’alimentation.
Constatant mon état de grande faiblesse, je ne regagnais pas, dans un premier temps, mon domicile mais emménageais provisoirement chez mes parents pour qu’ils puissent me soulager des tâches courantes que je ne pouvais pas encore effectuer : ménage, cuisine, bain et habillage des enfants par exemple.
Parlons un peu de mes enfants. Vous pouvez vous en douter, ils étaient ravis de retrouver leur maman. Ma fille de 3 ans et demi ne me quittait plus d’une semelle, toujours assise tout contre moi ou dans un rayon d’un mètre environ. Elle est encore très tactile à son âge et il fallait bien rattraper tous ces câlins que je n’avais pas pu lui faire car il était formellement interdit de me toucher à l’hôpital du fait de mon isolement. Quant à mon fils de 6 ans, moins démonstratif, il vérifiait tout de même toutes les 5 minutes où je me trouvais dans la maison et décidait de dormir avec maman puisque, ça tombait bien, il n’y avait pas de place chez mamie (mon œil).
Je demandais aux maîtresses, qui sont des collègues, si mes enfants n’avaient pas été trop affectés par mon hospitalisation. Elles m’ont rassurée en me disant qu’effectivement, bien que mon fils fasse le récit détaillé et quotidien de mes péripéties, ils avaient fini l’année scolaire sans dommages psychologiques et avec d’excellents résultats (parole de maman très fière).
Ma santé n’a pas été bonne pendant le mois de juillet. Rien de bien catastrophique mais tout effort m’était pénible, la marche m’essoufflait rapidement. Souvent j’avais des malaises qui me rendaient livide et m’obligeaient à rester au lit pour récupérer. Il faut le reconnaître, j’étais un zombie.
Chaque jour, un infirmier ou une infirmière venait me faire des injections pour la phlébite ou changer des pansements. J’ai fait en un mois deux autres abcès sur la laparotomie. J’avais beau être prévenue, j’étais toujours traumatisée par les écoulements intarissables et les plaies cavitaires qu’ils laissaient ensuite. J’avais aussi des analyses pour adapter au mieux le médicament pour la phlébite.
J’étais obsédée par l’idée que la fièvre pouvait revenir et prenait régulièrement la température dans les premières semaines suivant ma sortie, pensant encore qu’un malheur pouvait encore arriver. Pourtant, j’avais revu mon chirurgien le premier juillet et repassé un scanner qui s’était avéré positif. On ne se défait pas de la spirale du malheur comme ça…On m’enleva aussi ce jour-là le drain et sa poche. Tant mieux car l’odeur qu’ils dégageaient me soulevait le cœur. Par contre, hors de question d’ôter la pezzer pour le moment.
Je me rendais également dans un autre hôpital chargé du suivi des by-passés début juillet. Je rencontrais la diet qui établit un bilan alimentaire. Elle évaluait environ 450 calories quotidiennes, il fallait songer à enrichir un peu mon alimentation.
L’alimentation n’a pas été évidente au début. Pour commencer, j’ai une intolérance totale au sucre ou à tout ce qui a une saveur sucrée. J’ai l’impression de manger du sucre pur ce qui m’écœure au plus haut point. J’ai donc banni les yaourts sucrés, les compotes même sans sucre ajouté, les jus de fruits, les fruits mûrs, le chocolat, les sucreries les gâteaux, les édulcorants etc, etc… Rien à faire, pour l’instant ça ne passe pas.
C’est pareil pour tout ce qui est gras. J’ai eu un jour le malheur de manger un cm de pizza et me suis retrouvée au lit avec des sueurs froides. J’évite par conséquent les matières grasses et le pain ne me plait plus du tout. Vive les petits pains grillés suédois.
Heureusement, la viande, le poisson, les légumes, les crudités passent bien en quantité raisonnable. Le reste aussi. Je ne mixe pas. Il m’arrive encore d’être très mal après le repas, tout le long de la digestion. Cependant, je commence à mieux estimer les quantités et le type d’aliments qui me conviennent. Les douleurs dues à l’ulcère sont encore présentes et ne facilitent pas toujours les choses.
En résumé, je mange plutôt équilibré et essaye de rendre mes assiettes (à dessert) attrayantes et alléchantes. Je recherche des recettes qui me font envie. Je n’arrive pas à faire plusieurs petits repas dans la journée donc je me contente des 3 voire 4 repas habituels. Mon entourage s’étonne que j’arrive à manger. Les by passés devraient se contenter d’une cuillère à café de purée lol.
Le bilan alimentaire prévu demain à l’hôpital sera sans aucun doute plus favorable.
Je peux évoquer la question du poids. Début février 2009, je pesais 135 kilos pour 1m75. Un des professeurs spécialiste de l’obésité m’avait demandé de perdre au minimum 5 kilos avant l’intervention. Le jour de mon entrée à l’hôpital, le 7 avril, j’affichais 119 kilos à la balance car j’avais entrepris une RA qui se déroulait plutôt bien. A ma sortie, je pesais 101 kilos. Aujourd’hui, le 20 août, 91 kilos. Les comptes sont vite faits, on en est à moins 44. La transparence ne me gêne pas.
Vous me direz que je dois être contente. Sans vouloir jouer l’hypocrite, je me fiche du nombre qui s’affiche sur ma balance. Ma santé me préoccupe davantage. Je ne suis pas encore au top de ma forme.
Je suis restée chez mes parents jusqu’à mi juillet environ. Pour faciliter le retour chez moi, j’ai fait appel à une dame qui fait le ménage deux fois par semaine. Le fait de devoir se débrouiller toute seule le restant du temps m’a fait reprendre des forces. Je cuisine pour mes enfants et moi, je m’en occupe et me promène avec eux. Je maintiens l’appartement propre. J’arrive de nouveau à conduire.
Mes enfants sont en vacances depuis le 28 juillet avec leur papa et reviennent le 21 août. Bien qu’ils me manquent, ça me permet de récupérer rapidement.
Dans l’idéal, je devrais retourner à l’école avant la rentrée des maîtres. Etant directrice, il est grand temps que je reprenne mes dossiers en souffrance…
J’avoue que je redoute cette rentrée. J’ai peur de souffrir avec mes cicatrices, d’avoir du mal à porter, me baisser avec mes élèves de 2/3 ans. Le 13 août, j’ai enfin obtenu qu’on m’enlève la pezzer logée dans mon estomac mais le trou n’est pas encore cicatrisé. Serai-je physiquement prête ?
De toute façon, je n’ai pas le choix, si je ne reprends pas à la rentrée, je passerai à demi-traitement ce qui est impossible pour une maman séparée de deux enfants.
Je me remonte le moral en me disant que je retrouverai avec plaisir mes élèves et mes collègues, que je renouerai avec ma vie sociale et professionnelle. Et puis, il y a les jours de décharge des directeurs durant lesquels je resterai dans mon bureau ce qui est moins contraignant physiquement.
Pour finir, je reviendrai sur des questions importantes.
Si c’était à refaire, sachant tout ce qui s’est passé, est-ce que je me ferais quand même opérer d’un by-pass ?
La réponse est non. Bien qu’aujourd’hui je me sente mieux, que je trouve le by-pass moins pénible qu’un régime, jamais ô grand jamais, je n’accepterais de revivre ces trois mois d’hospitalisation. Comme le dit mon psychiatre spécialiste des troubles du comportement alimentaire, j’ai payé très cher mon by-pass voire trop cher à mon goût.
Je suis hantée par l’idée que j’ai failli ne pas m’en sortir, que la mort était proche. On prend des risques très importants avec ce type d’intervention et il ne faut surtout pas l’oublier.
Oui, tout est bien qui finit bien, mais je ne suis pas à l’abri d’autres complications.
Si c’était à refaire, je creuserais encore plus la piste de la RA et m’approprierais davantage les méthodes et principes du GROS.
A l’heure actuelle, je devrais être contente des « résultats » mais non. Je suis une personne traumatisée moralement et physiquement. N’oubliez pas qu’en dessous de la petite robe de la tenue du jour de mon blog, il y a un corps ravagé, barré de nombreux trous et cicatrices.
Je ne peux pas revenir en arrière alors je fais de mon mieux pour transformer la spirale du malheur en spirale du bonheur…
J’espère que mon expérience sera utile et me tiens à votre disposition pour échanger. A très bientôt !