Je reviens donc de quatre jours en France. J'ai atterri jeudi et entre le moment où je suis arrivée et celui où je me suis couchée, on m'a appelée "la grosse" et une fois, "Moby Dick".
Toutes ces remarques venaient de la même personne, l'ami de mon amie qui se mariait. Au premier "la grosse", j'étais tellement estomaquée que je n'ai pas réagi. Ça doit faire 12 ans que ça ne m'était pas arrivée. Pour "Moby Dick", je faisais semblant de dormir (pendant l'enterrement de vie de jeune fille trash, pour celles qui ont suivi l'autre post), donc je n'ai pas relevé.
Ça m'a absolument, complètement et totalement bouleversée. En partie à cause du mec, mais j'ai relativisé parce que c'est un teubé qui fait des blagues sur la mort de sa mère et sur la shoah alors qu'il est juif, une sorte de provocateur dont on a pas besoin de faire psycho pour voir le désespoir profond. En partie parce que mon amie, notre amie commune, n'a rien dit. C'est son ami, j'étais au milieu de plein de gens que je ne connaissais pas, à mon sens c'était vraiment à mon amie de dire un truc. La situation était très intimidante pour quelqu'un dans ma position, sans même parler du fait que je n'avais pas dormi depuis plus de 24 heures et que mes nausées étaient particulièrement sauvages ce soir-là). Je n'en ai pas encore reparlé à mon amie (elle se mariait le surlendemain et était déjà assez stressée...) mais je lui en reparlerai prochainement.
Samedi, au moment des photos, le même mec m'a dit un truc, je ne sais même plus quoi, en m'appelant "la grosse". Je suis heureuse qu'il l'ait fait parce que j'ai réagi. Toute la haine, toute la violence, tout le silence de la gamine que j'étais au lycée, pendant trois ans où j'ai été le souffre-douleur de plusieurs mecs de ma classe sans jamais, jamais réagir a éclaté. Je l'ai regardé droit dans les yeux, et j'ai craché "je T'INTERDIS de m'appeler comme ça, (prénom du mec), je T'INTERDIS de m'appeler comme ça".
Mon image de fille douce et gentille - ce que j'ai tendance à croire que je suis, surtout aux yeux de ce mec - a éclaté en même temps. Il m'a demandé si j'avais été blessée, j'ai répondu du bout des lèvres sans même le regarder, en me replaçant pour les photos, mais j'ai été plus courtoise les trois fois qu'il est venu s'excuser dans l'heure qui a suivi.
Après l'enterrement de vie de jeune fille, j'ai écrit à M. Doo pour lui raconter l'événement au complet. Il m'a écrit un mail bouleversé pour me dire qu'il voudrait venir me chercher (:lol:) pour me soustraire à la cruauté et à la bêtise de ces gens. Il a écrit à mon amie pour lui dire ce qu'il pensait de ses amis et de la manière dont elle me protégeait d'eux - sans, heureusement, envoyer le mail. Quand il a su le dernier épisode (ma réaction, donc), il a éclaté d'un rire joyeux.
S'il avait été là pendant ces quelques jours, je ne sais pas ce qu'il aurait fait. Ce n'est pas un sanguin, c'est au contraire un vrai doux, gentil et calme, réservé, presque effacé. Mais il n'a jamais assisté à ce type de scène de méchanceté pure et appliqué à moi, pendant ma grossesse, je n'ose même pas penser à ce qu'aurait été sa réaction.