Il m'est arrivé quelque chose, dans la rue, il y a deux jours, et je m'aperçois avec étonnement ne pas l'avoir raconté ici (avec étonnement parce que je pensais avoir le réflexe, mais non, pas tant apparemment)
Du coup, je vous met cela ici
[je préviens tout de même, il y a eu un climat assez violent, si vous n'avez pas envie de vous plomber avec cette histoire...]
Je rentre chez moi, à pieds. 3h du matin, parce que je fais ce que je veux et que j'aime bien la nuit. Sur le trajet, je me fais aborder à deux reprises, chaque fois par un mec dans une voiture.
La première, le mec me dit
Ttu veux que je te dépose ?". Ce à quoi je réponds
"Non.", il s'en va aussitôt. Surprise, je suis. Ca s'est fait facilement.
C'est donc sans sentiment d'insécurité que je réagis lorsque le suivant arrive.
(lui)-
"Hey, t'es charmante, on peut parler ?"
(moi) -
"Non."
Sauf que lui, clairement, est parti pour insister
-
"Non mais faut que je t'explique, je suis videur dans une boite de nuit, je te connais, et tout" [aparté : certainement pas, j'ai pas mis une seule fois les pieds dans une boite de nuit de ma vie]
Du coup, je me dis, pourquoi pas lui expliquer le problème de son approche, cela servira peut-être (rêvons) pour les suivantes
(moi) -
"Il ne faut pas faire ça. Je suis une femme seule en pleine nuit, tu ne peux pas m'aborder comme ça, c'est effrayant"
(lui) -
"non, mais c'est parce que je te connais, et tout, je t'ai déjà vue"
(moi)-
"sérieusement, c'est effrayant, fais pas ça"
(lui) -
"Attends, je m'arrête, on parle"
(moi)-
"Non."
(lui) -
"Si si, je m'arrête, on parle, je me gare, on parle"
Je répète encore et encore
"Non", jusqu'à le hurler dans la rue, mais il s'arrête quand même (sur mon chemin, de manière qu'il me soit impossible de l'éviter), et me rattrape
(lui) -
"faut que je te dise, ça m'a pas plu, ce que t'as dit là, ça se fait pas, on est jeunes, et tout, mon père est flic, ça se fait pas"
(moi) -
"sérieusement, t'es effrayant, arrête"
Il commence à m'attraper les poignets, en partie pour m'empêcher de passer, en partie pour essayer de m'empêcher de parler. Il les attrape encore et encore tant que je me dégage, on sent qu'il aimerait juste une chose, m'immobiliser bien comme il faut
(lui) -
"Non mais j'essaye de te parler là, je t'écoute mais toi tu m'écoutes pas"
(moi) -
"Non, tu m'écoutes pas, si tu m'écoutais, tu serais parti dès le moment où j'ai dit "Non" pour la première fois"
(lui) -
"Non écoute moi, je t'écoute et toi tu m'écoutes pas, écoute moi" (il le répète en boucle, toujours en essayant de m'attraper les poignets et en m'empêchant de partir)
(moi) -
"Non, tu ne m'écoutes pas, si tu m'écoutais, tu ne serais pas là"
Et là, il me fout une baffe. Pas une baffe qui fait mal, mais une baffe. Et il s'éloigne vers sa voiture.
Je me mets en colère, me précipite brusquement vers lui (enfin, j'avance d'un mètre dans sa direction, quoi)
-
"Tu te permets de faire ça ? Et tu te penses quelqu'un de respectueux ?"
Il revient vers moi, m'attrape à nouveau les poignets
-
"toi, tu pourras plus jamais entrer en boite, je te reconnaitrais, tu pourras plus jamais entrer dans le bar, je vais te reconnaître"
Le tout sans me laisser placer que rien à foutre, concrètement, puisque je n'ai aucune idée de la boite et du bar dont il parle. (ceci dit, je m'en suis rendu compte après, il est probablement juste en train d'essayer de récupérer l'ascendant sur moi, de m'effrayer)
[au cas où, s'il y a une meuf qui me ressemble qui va effectivement dans cette boite, pardon à elle]
Je pars en lâchant encore un
"Tu es flippant"
Il me suit en voiture, et me lance des
"T'es une salope, je te dis, ce soir, tu vas te faire baiser"
Ce à quoi je réponds
"Tu es vulgaire et tu es flippant"
Il répète encore plusieurs fois que je suis une salope et que je vais me faire baiser, et je lui réponds toujours qu'il est vulgaire et flippant.
A un moment donné, il approche encore sa voiture pour me parler (ou m'insulter, enfin probablement les deux). Je m'arrête deux secondes et je lui dis
-
"t'as vu ce que tu dis ? Je suis une femme seule, dans les rues, en pleine nuit, et tu viens me dire que je suis une salope et que je vais me faire baiser. T'es flippant. C'est du harcèlement."
(lui) -
"Non mais je m'excuse, je voulais pas, allez, on parle ?"
(moi) -
"Non."
Et il part en lançant un ultime
"Moi j'dis, t'es une salope"
Bon, l'histoire a une fin, je suis allée raconter ça sur les réseaux féministes sur lesquels je suis, j'ai eu un super soutien, j'ai été encouragée à aller porter plainte si je m'en sentais l'énergie
(pouvoir porter plainte pour cela ne m'était absolument pas passé par la tête. C'est dire la violence que j'ai intégré comme normal de subir dans la rue). Je l'ai finalement fait, ça s'est très bien passé. Ce ne sera sans doute pas utile, n'ayant pas eu le réflexe de relever sa plaque de voiture, mais je percevais vraiment la violence chez cet homme. Du coup, s'il récidive...enfin bref.
Bon, ça a été l'occasion d'apprendre qu'il y avait un autre homme qui gifle des femmes, exactement dans le même coin, qui répond à peu près aux mêmes caractéristiques physiques (du type, crâne rasé), mais un autre, plus grand de taille que le mien.
C'est l'ambiance, dans les rues.