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Avez-vous pensé à la chirurgie pour vous ? Comment ?

37 ans 1547
Bonjour,

Je suis dans une période où je remets en route des questionnements autour du recours à la chirurgie bariatrique pour moi. Je suis passée par différentes étapes où, au départ,  
c'était quelque chose qui me faisait violence et peur, à la hauteur de l'effet spectaculaire et enviable que ça semblait avoir, et avec une forme d'impératif à y penser à cause de mon poids et des discours ambiants. Si je devais résumer ce que je ressentais quand j'y pensais pour moi, car j'y pensais pour moi, ce serait: "non !". Cela était et reste ambivalent pour moi. Je me suis renseignée plus ou moins selon les moments, j'ai consulté différents professionnels à ce sujet, sans jamais le faire en vue de me lancer mais plutôt dans l'idée de "au cas où", dans l'idée d'un éventuel "pour si après je le fais", ou juste dans l'envie d'informations. D'une façon générale, ça a surtout été pour moi une démarche envisageable en dernier recours, en souhaitant de tout mon coeur ne pas en arriver là.

J'ai l'impression aujourd'hui que ce sera quelque chose qui viendra probablement ponctuer ma vie à un moment donné vu mon poids et son maintien/augmentation ces dix dernières années. Je doute de la possibilité de pouvoir vivre toute ma vie sans en arriver à une chirurgie de l'obésité. J'imagine cela comme "plus tard", mais je ne sais pas du tout si ce plus tard c'est dans un an ou dans une ou plusieurs décennies, si ma santé va révéler des co-morbidités actuelles que j'ignore ou des co-morbidités qui se développeront plus tard, si ma façon d'y penser aura changé ou non, etc. Aujourd'hui je n'y suis pas prête, à aucun niveau à part mon IMC qui m'ouvrirait certainement les portes facilement. Mais je deviens prête à y penser autrement. C'est vraiment nouveau cette façon que j'ai de commencer à me dire que je suis peut être en train de préparer cette démarche en prenant soin de moi aujourd'hui plutôt qu'à prendre soin de moi aujourd'hui afin d'essayer d'éviter cette démarche. Je ne sais pas si ma nuance est parlante, mais pour moi c'est notable. Ça me fait ressentir des choses différentes qui s'entremêlent et qui ne sont pas évidentes à traduire.

Alors voilà, j'avais envie d'échanger sur cela, pas sur l'opération dans notre réalité mais sur l'opération "dans notre tête", si c'est une chose pour laquelle vous vous êtes sentie concerné et comment. Vous êtes vous posé cette question de recourir à la chirurgie pour vous même ? Qu'en pensez vous et avez vous toujours pensé la même chose ? Si ça a changé, qu'est-ce qui a nourri ce changement ?

Merci pour ceux qui prendront le temps de partager de leur vécu par rapport à cela.
37 ans 4879
OUi j'y ai pensé...voir toutes ces rondes autour de moi qui déclarent "revivre", "se trouver enfin belle" etc... et puis voir les résultats spectaculaires... ça fait forcément rêver quand on a passé la moitié de sa vie au régime et l'autre moitié obèse, essoufflée, qu'on a souffert du regard des autres etc ^^...
Donc oui, j'y ai pensé mais ce n'est pas envisageable pour moi pour le moment, d'une parce que je ne peux pas et de deux parce que je ne le souhaite pas. Je n'ai pas un IMC assez élevé pour y prétendre (autour de 37/38) & je ne contrôle pas toujours mes apports alimentaires (compulsions) donc déjà rien que pour ça...
Et puis je ne le veux pas parce que ça serait un renoncement pour moi comme je l'avais expliqué sur un autre topic. J'ai besoin de me sentir en harmonie avec mon corps même si j'ai passé des années à lui faire la guerre et qu'il me le fait payer actuellement, je ne désespère pas d'arriver un jour à une forme de paix... par la réflexion, l'analyse, la tolérance, la non culpabilisation, la rééducation alimentaire etc... Pour moi la mutilation de la chirurgie c'est accepter que jamais je ne pourrai faire la paix avec mon corps... c'est la solution finale mais aussi la plus violente... je ne me sens pas prête à ça pour l'instant, j'aimerai tout mettre en oeuvre pour faire les choses en douceur plutôt que dans la douleur. Je ne dis pas que j'y arriverai mais je compte bien tout essayer avant de céder.

Maintenant je ne dis pas que je n'y aurais jamais recours... les choses peuvent évoluer positivement maius aussi négativement... d'autant que je n'ai encore jamais eu d'enfant. Si je me rtrouve à la sortie de ma grossesse à 140 kg (contre 110 actuellement) sans doute que je reconsidèrerai la question...). D'autant qu'un enfant peut aussi pousser à ça je pense, l'angoisse de ne pas pouvoir vivre pleinement les moments avec lui, partager ses activités, ou même veiller sereinement sur lui à cause du poids (le gamin qui s'achappe et traverse la rue et qu'on ne peut pas rattraper)... J'ai une amie d'ici qui l'a fait pour ces raisons, après sa grossesse... Je pense que ça pourrait beaucoup peser dans la balance pour ma part (sans mauvais jeu de mot).
Donc je ne me ferme pas la porte... mais dans l'immédiat non. ;)
S
101 ans 4480
Coucou :)
Alors,sincèrement, j'y pense souvent... Mais ça me fait tellement peur que je veux tout faire pour y échapper.

Actuellement, je me reprends en main (je n'en parlerai pas ici, même si ça se rapproche de la RA) et je perds du poids.
Je fais du sport, bref je me réapproprie mon corps et ma santé.
Chaque kilo perdu est bénéfique.

Actuellement mon IMC est extrèmement élevé mais a déjà bien diminué.
On verra dans les mois qui arrivent.
37 ans 1547
Je me retrouve beaucoup dans ce que vous dîtes, par rapport à ce que je ressentais nettement avant et ce qui devient un tout petit peu moins une évidence maintenant: l'opération comme quelque chose à éviter à tout prix / quelque chose qui fait peur / l'opération comme une atteinte à l'intégrité corporelle sous couvert de soin, comme une mutilation, une autre violence / quelque chose qui serait comme inconciliable avec l'acceptation sereine.

C'est notamment ça qui m'intéresse de déplier. Maintenant je commence à me demander pourquoi cela me fait une telle violence ? pourquoi ça suscite chez moi toutes ces représentations ?
Pourquoi je commence à me dégager un peu de cela et à entrevoir autre chose alors que c'est précisément maintenant que je me sens le mieux dans mon corps par rapport à tout ce que j'ai connu avant ?
Je me demande si je lutte contre quelque chose ? sans forcément vouloir dire que je devrais/qu'il faudrait accéder à ce type de démarche, juste que m'en sentir aussi opposée n'est pas anodin.

En fait je ressentais un peu cela aussi à l'égard de mon propre corps (beaucoup de rejet et de peur) et je ressens un peu le même processus à l'oeuvre une fois que ça a commencé à se désamorcer: une forme de tristesse en parallèle d'un sentiment d'ouverture.

Sunset, tu saurais dire ce qui te fait peur ?
93 ans 9582
ce qui vous fait peur, ce sont les risques (non négligeables, faut pas se mentir) ou le principe même de "tronquer" son corps ? Ou encore le fait de ne plus pouvoir manger autant (c'est un peu le but en même temps mais de là à bien le vivre, je pense que ce n'est pas évident) ?

je trouve ce sujet super intéressant. Ca change de ce qu'on peut lire parfois (genre j'espère arriver au 36/38) ailleurs...
31 ans 307
Alors pour ma part, étant depuis l'enfance obèse, ça a toujours été niet pour moi quand j'entendais des personnes témoigner de leur vie après. C'est à dire que j'y pensais deux secondes du genre "tiens, je suis en obésité mordbide, ça a l'air de fonctionner... Mais non non si je veux maigrir j'essaierai par un autre moyen". Ca me faisait vraiment peur et d'une manière général, j'ai peur de tout ce qui est définitif (par exemple, le tatouage, j'y pense mais c'est pour toujours alors je me tâte.) Il y a aussi le côté "non naturel", le fait d'entrer dans mon corps pour y modifier quelque chose, c'est bizarre de dire ça, mais en soi je trouvais ça vraiment limite. J'ai du mal à expliquer. Et puis enfin, les privations que ça pouvait engendrer, ne plus pouvoir faire de bons gueuletons etc. Bref ça a très longtemps été hors de questions, d'autant plus que je savais qu'en suivant un régime j'arrivais à perdre sauf que... Je reprenais le double. Et c'est après un énième régime vain que j'y ai doucement pensé, sans me dire directement "je vais le faire !" mais je me suis renseignée. Et puis au final je me suis dit que je n'arrivais plus à être heureuse dans ce corps, pas de liberté de mouvements, etc etc.

Tout ce qui est esthétique et acceptation de soi, je n'y pense pas vraiment. Je me suis habituée à mon image, je ne me trouve pas repoussante mais je me sens juste mal parce mon excès de poids porte atteinte à ma liberté de mouvements, de façon tout à fait objective : oui il y a des choses que je ne peux pas faire; et dans ma tête : je m'empêche de faire certaines choses parce qu'elles virent vite au désagréable (marcher longtemps par exemple).

Tout ça pour dire que, pesonne ne m'a suggéré de me faire opéré jamais. Au début des démarches je n'en n'ai pas beaucoup parlé, sans le cacher non plus, simplement j'ai vu ça comme quelque chose de médical.Pour MA santé, pour MON bien-être, seulement pour MOI. Mon but n'est pas de défiler en bikini sur la plage, je veux juste me sentir bien, ne plus me prendre la tête avec mon poids, me débarasser de mes grosses valises encombrantes (oui c'est comme ça que j'appelle mon surplus de poids ;) )
S
53 ans suisse 993
J'y pense aussi. Je lis je me renseigne. Je vois ca loin de moi quand même comme une solution pour dans des années sit ca empire, si jai du diabète etc....

POur le moment chaque jour je vais bien. Je me bouge de meiux en mieux j'ai gagné en souplesse en énergie. Je me plais autant que possible dans les contours de mon corps tel qu'il est.

La perspective d'une chirurgie m'ennuie dans le sens ou j'ai déjà eu pas mal d'interventions dans ma vie et que je ne souhaite pas en rajouter. Mais si ca devait être le seul moyen, dans une situation ou ca irait plus mal d'aller mieux alors oui.

L'apnée du sommeil m'a fichu un grand coup au moral. La fait d'être appareillée ce n'est pas glamour du tout. Mais un an apèrs je dors tellement mieux et j'ai retrouvé tellement la pèche. Pour le pneumologue seule une perte de poids conséquente me permettrait de me passer de la cpap. Je rentre dans les critères d'accès (imc 35) mais pas de remboursements. En suisse il faut imc 40 et des commorbidités pour être remboursés.

Je vis ma vie au mieux entre les principes RA, le sport, je lis sur le sujet je me renseigne. Et si jamais si la vie.....alors j'entamerai les démarches de dépose du dossier consultations etc...

En tout cas il est très clair que tout ce que je fais en aval de travail sur les sensations alimentaires, de méditation, de gestion des émotions etc........c'est un impératif.

Je suis stable depuis des années je ne grossis plus. J'ai perdu des centimètres en quelques mois avec le sport. Donc pour l'instant les opérations sont une perspective d'avenir, une possibilité lointaine.

Merci en tous cas papille pour les ressources audio-vidéo que tu as postées qui vont dans ce sens.
93 ans 9582
c'est intéressant ton cheminement, Papille…

Sirelle c'est curieux d'avoir un seul d'accès et un seuil de remboursement… je pense qu'en France c'est du tout ou rien ? 'fin je sais pas, je suppose à la lecture du forum.
S
53 ans suisse 993
Oui de ce que j'en apprend c'est compliqué en suisse et en plus il y a des différences entre cantons. Il y a dans un autre canton une structure dont la directrice s'est formée au gros avec vraiment une direction "RA" en terme de préparation aux opérations, avant pendant après aussi. Parce que opération+ suivis facon régimes amènent à des reprises de poids apparemment quand on sort du mode "régime" post op.

POur accéder à cette structure il faut un dossier béton et ensuite tu es en liste d'attente pour un premier rendez vous 12 mois plus tard!!!!!!!!!!!!!

Et puis en france si suite aux opé tu as besoin de chirurgie reconstructive c'est très souvent remboursé. En suisse c'est très rarement remboursé. Bien sur tu peux avoir accès aux opérations mais tu payes de ta poche........

D'un autre côté ce système permet peut être une plus grande réflexion avant décision?
J'ai l'exemple d'une connaissance qui a eu accès très facilement en hopital (haute savoie) à une opération de sleeve. Vite opéré, vite sorti, vite perdu . Et qui n'a rien changé de son comportement, de sa nourriture émotionnelle. Une sleeve n'empèche pas de biberonner des milks shakes toute la journée dans le cas présent sans faim. Et de reprendre le poids perdu.

L'opération je la vois comme une aide à un moment donné pour permettre au corps de retrouver des dimensions qui rendent la vie plus facile surtout en terme de santé/mobilité etc. mais une fois cette aide prodiguée c'est une longue vie qu'il faut vivre avec tout ce qui va se passer, le veillissement, les soucis de deuils, les émottions qui ne manqueront pas, une vie ou il faudra se nourrir avec plaisir et garder les effets positifs de l'opération.
53 ans Dans le Sud 484
Non je n'y ai jamais pensé car je ne fais pas partie de ce faible taux qui a une maladie grave qui nécessite une opération. Je suis grosse car je bouffe...j'ai des pulsions que je ne peux controler et l'opération n'y changerait rien...c'est un probleme psy que je dois regler....apres le reste suivra. Et pourtant je fais de l'apnée du sommeil, j'ai des soucis de foie, j'ai eu des pb de dos et d'articulations etc etc....mais tant que ma tete souffrira....
S
101 ans 4480
a-nonyme a écrit:
ce qui vous fait peur, ce sont les risques (non négligeables, faut pas se mentir) ou le principe même de "tronquer" son corps ? Ou encore le fait de ne plus pouvoir manger autant (c'est un peu le but en même temps mais de là à bien le vivre, je pense que ce n'est pas évident) ?

je trouve ce sujet super intéressant. Ca change de ce qu'on peut lire parfois (genre j'espère arriver au 36/38) ailleurs...


Je suis infirmière donc clairement, les risques me font peur... Je suis trop bien informée de ce côté là.
J'ai aussi du mal avec l'aspect "Mutilation", ça me pose question. Donc je fais le max pour ne pas en arriver là.

Et clairement, le fait d'avoir une barrière physique qui m'empeche de manger.
En soit, je ne mange pas tant que ça. Mais j'ai des années de TCA derrière moi. Depuis peu, je mange enfin normalement, avec plaisir. JE redécouvre le bonheur de bien manger, équilibré mais avec du gout et des saveurs.
Et être malade si je mange trop, ne pas pouvoir manger tel ou tel aliment ou autre me frustrerait et j'ai peur de ne pas pouvoir gérer ça moralement.

VOilà, un peu en vrac tout ce qui me passe par la tête.
K
46 ans 728
Je n'ai jamais songé à me faire opérer.

Une telle opération me fait peur. L'opération en elle-même me fait peur, les suites également.

Je suis obèse depuis longtemps mais je ne rentrais pas dans les critères : IMC trop peu élevé, TCA.

Aujourd'hui, niveau IMC, je suis à la limite mais des antécédents familiaux et un risque plus important que la moyenne d'avoir une certaine maladie font que je ne peux pas être opérée.

Quand je vois le nombre de personnes qui se font opérer, j'ai un peu peur de rester la seule grosse sur terre : je ne peux pas être opérée, je suis contre les régimes (merci pour les TCA récoltés grâce aux régimes précédents), et la RA ne me fait pas maigrir (mais je me sens bien mieux niveau TCA depuis que j'ai commencé).
37 ans 4879
Klarisa a écrit:
Quand je vois le nombre de personnes qui se font opérer, j'ai un peu peur de rester la seule grosse sur terre : je ne peux pas être opérée, je suis contre les régimes (merci pour les TCA récoltés grâce aux régimes précédents), et la RA ne me fait pas maigrir (mais je me sens bien mieux niveau TCA depuis que j'ai commencé).


PTDRRR je me fais régulièrement EXACTEMENT la même réflexion...
Bon après ce qui est rare est cher et recherché, les filles obèses deviendront peut être le canon de beauté de demain? XD Non je rigole mais c'est vrai que de voir à peu près TOUTES les grosses que j'ai dans mon entourage se faire opérer me fait carrément cogiter parfois...
37 ans 1547
Merci beaucoup pour vos réponses car les lire m'évoquent plein de choses, d'autant que c'est souvent proche de ce que j'ai pu ressentir/de ce que je ressens.

Je me disais que cette barrière physique était déjà là, que l'effet morbide de ne pas l'écouter également, mais disons que les effets sont clairement majorés. C'est comme si déjà, mes barrières physiques "satiété" puis "effet de trop plein" puis "prise de poids inconfortable" n'avaient pas suffit.

Je ressens aussi une drôle de proximité entre l'idée de se faire opérer parce qu'on est dans le trop (trop manger, être trop lourd, etc) ou dans le pas assez (pas assez mobile; pas assez libre de ci ou ça; pas assez beau; pas assez bien dans sa vie).

Je ne suis que très peu exposée à des parcours chirurgicaux (les quelques rares sont ceux de VLR quand je les lis, donc c'est pas énorme). Je n'ai pas l'impression que c'est un miracle, au contraire, je suis plus impressionnée par le parcours médical à suivre et les risques/contraintes que ça peut engager.
Vous connaissez tant de proches obèses (et donc une partie opérés) ou c'est que vous allez sur des réseaux où vous voyez beaucoup de témoignages en ce sens ?

Je me dis qu'il y a vraiment une question d’accommodation aux limites que donne une obésité sévère. Par exemple je me dis parfois que la plupart des gens ne supporteraient pas de vivre dans ma peau s'ils passaient de la leur à la mienne. Mais moi qui ne connaît qu'elle, qui connaît l'obésité sévère depuis longtemps, qui ait connu des périodes où j'étais très mal dans ce corps alors qu'aujourd'hui je suis plutôt bien et dans l'ensemble je me suis énormément accommodée des effets de mon obésité - et heureusement.
C'est aussi là qu'on touche à mon goût aux représentations d'être en bonne ou mauvaise santé, de l'obésité comme maladie ou comme terrain potentiellement plus favorable à de graves comorbidités, etc.

Sur l'effet "mini quantité" "manger ultra lentement" et "impératif d'une attention extrêmement près aux sensations" pour avoir un confort alimentaire, je pense que ça me fait peur car la fonction du besoin de manger beaucoup ou vite ou sans faire attention doit être importante chez moi. C'est quand même pas anodin de finir par voir ça comme une liberté alors que son usage a pu s'avérer si contraignant (être obligé de manger beaucoup, vite, et pour ce, sans attention, pour être apaisé par exemple).

Pour moi l'atteinte au corps est quelque chose de très fort et la peur des conséquences. Ça me parle d'autant plus fort que j'ai longtemps ressenti mes propres comportements comme une façon de me faire du mal et d'en payer ensuite le prix, et je pense que les risques opératoires et post op doivent me faire écho avec des peurs anciennes de représailles (on en avait parlé à travers un mémoire je crois ici).

J'ai l'impression que j'ai longtemps perçu le recours à l'opération comme une énième injonction à maigrir. C'est peut-être pour ça que maintenant que je me sens plus tranquille avec mon corps (que j'ai éprouvé en moi-même et "obtenu" pour moi-même que j'avais le droit d'être bien et de vivre de bonnes choses en étant très grosse) et en désir d'être moins lourde et moins volumineuse, je me sens moins attaquée par la chirurgie comme violence contre soi. Comme s'il y avait un processus en miroir entre l'apaisement et la sécurité d'un sentiment identitaire et la façon d'appréhender ce qui pourrait représenter une menace à une partie de l'identité.
Je ne sais pas si c'est très clair mais je vous assure qu'un fil ténu de sens m'apparaît dans cette idée :D
115 ans 2413
Ma souscription à cette discussion va être un peu différente parce que situation différente, mais quelque part répond aussi bien à la question.
J'ai 45 ans. Mon poids n'ayant toujours fait que croître de manière quasi exponentielle, je suis arrivée en obésité morbide vers 20 ou 25 ans je crois. J'ai donc passé une partie de mon enfance, toute mon adolescence et «adulescence» puis suis rentrée dans la vie d'adulte obèse (un des 5 mots que je déteste sans doute le plus).

Et à cette époque donc, après des régimes, des médoc et tentatives avec d'autres méthodes plus ou moins discutables, et bien j'en étais arrivée à rêver, à espérer que quelqu'un mette au point une méthode, une intervention chirurgicale ou un médicament qui nous permettrait (je pensais «nous» parce que j'avais aussi des proches mal dans leur peau à cause de ça et suis pas égoïste) de nous soulager de ce poids, au propre comme au figuré.
Donc oui, j'y ai pensé à la chirurgie... avant qu'elle n'existe, ne se démocratise.

Nous sommes 20 ans plus tard et je n'ai plus maintenant le «statut» d'obésité morbide. Je suis moi aussi dans une configuration, un mode de vie qui pour l'instant me convient et qui est « inclassable ». Inclassable comme moi en fait.
Certains savent ici que j'ai même déjà fait de la chirurgie réparatrice.

Mais surtout je pense pouvoir dire que jamais-plus-jamais je ne veux revivre ces années là.
Années de souffrance physique à sentir que mon corps ne pouvait pas aller aussi loin que mon cerveau le souhaitait. Souffrance morale face aux regards, au soucis vestimentaires, aux questionnements permanents (taille des fauteuils, discrimination à l'embauche, petit copain...)

Mon «rêve» de l'époque a pris vie, décliné en plusieurs réalités. Je sais que hélas on ne peut pas tout contrôler par la force, le mental, la motivation, la volonté les risques et contraintes alors je ne claque absolument pas la porte à ces chirurgies.

Et je connais aussi pas mal de gens opérés (bypass, sleeve, anneau), tout simplement parce que soit j'ai vu les avant-après, soit ils m'ont interrogé durant le processus car ils savaient que j'ai fait la chir réparatrice et que ce peut être potentiellement une autre étape de leur parcours.
B I U


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