En ce qui me concerne, l'adolescence n'a pas été une partie de plaisir, d'ailleurs, probablement à cause de certains évènements je n'en suis pas sortie, je n'arrive pas à grandir. Bon c'est vrai je n'ai que 19 ans et on ne va pas parler du syndrome Peter Pan mais j'ai l'impression de ne pas avoir évolué. Je ne m'assume pas plus qu'avant, je suis toujours aussi sensible aux remarques des autres voire plus.
Personnellement, il a suffi qu'une année me "brise" pour que je devienne la paranoïaque que je suis devenue. J'étais en 4ème (2nde en France), je venais stupidement de changer d'école (parce qu'à priori en Belgique entre la 3ème et la 2nde il n'y a pas de changement d'école), j'étais venue dans l'école où mes deux meilleures amies étaient. Mon école précédente n'était certes pas toujours un lieu de rêve et mes amies me manquaient mais au moins, je n'y avais pas eu de réels problèmes et j'avais une bande de copines.
En arrivant dans l'école de mes meilleures amies, premières impressions plutôt bonnes, j'apprends à connaître des filles, plutôt bien "considérées", donc populaires si on veut, notamment grâce à mes meilleures amies qui bien qu'étant rondes, n'ont jamais eu de problèmes à s'intégrer. Mais l'histoire s'est dégradée au fil de l'année et sans que je m'en rende compte, plusieurs personnes ont commencé à se foutre de ma gueule et de me donner un super surnom que je ne citerai pas. Les critiques ne visaient pas mes rondeurs, de fait, j'étais peut-être en sur-poids mais très léger alors, et comme je suis grande, ça ne se voyait pas beaucoup et je ne semblais pas faire mon poids. Je ne suis pas très jolie, contrairement à beaucoup de rondes que je croise dans la rue, ou dont je vois les photos sur ce forum, je n'ai pas un joli visage, c'était pire encore à l'époque, quand je vois mes photos, je me trouve bouffie, il faut que je trouve un certain angle de vue pour que ça ressemble à quelque chose. Sans compter que j'avais des problèmes d'acné. De plus, j'étais plus grande que la plupart des garçons, très grande en fait. Et ça m'a toujours gêné énormément. Je ne passais pas inaperçue. J'aurais voulu que ça soit le cas en fait, j'aurais voulu être banale et qu'on me fiche la paix. Mais les critiques, les moqueries et le surnom, venait aussi en partie du fait que mes cheveux sont très épais, volumineux, bouclés, et ce n'était pas souvent des boucles bien définies, c'était plus souvent une espèce de touffe très moche.
On m'insultait, on riait dans mon dos, le pire étant que j'étais entourée d'hypocrites et que je le savais très bien, c'était plus facile quand je ne me rendais compte de rien. Les gens ont commencé à s'écarter de moi, bien sûr mes meilleures amies me sont restées fidèles, et elles me défendaient du mieux qu'elles le pouvaient, mais quand presque toute l'école est contre vous... Bref, deux filles ont commencé à s'en prendre à moi directement, on ne m'appelait plus par mon prénom, juste mon surnom. Combien de fois ai-je baissé les yeux, fait semblant de ne rien entendre ? Combien de fois me suis-je tue alors que j'aurais voulu crier à la fin du monde, la fin de mon monde ? Certaines filles à qui je n'avais jamais rien fait ont été jusqu'à dire dans mon dos qu'elles avaient envie de me "casser la gueule". Et là, j'ai vraiment paniqué. A un cours de sport d'ailleurs, les deux filles qui semblaient vraiment vouloir me faire du mal plus que les autres, ont commencé à me crier dessus et l'une m'accusait d'avoir frappé l'autre, alors que je ne l'avais pas touché d'un poil, cette dernière étant soi-disant atteinte d'une maladie très grave. Bref, après toutes ces insultes humiliantes criées durant tout le cours que nous avions, devant tout le monde, à bout de nerfs, j'ai explosé. Souvent c'est ce qui m'arrive, je me referme sur moi pendant longtemps, j'encaisse les coups et je finis par gueuler. Bref, devant tout le monde, pleurant je gueulais sur ces filles, je demandais ce qu'elles me reprochaient, pourquoi elles s'en prenaient à moi depuis tant de temps, qu'est ce que j'avais fait de mal ? Le soir en rentrant, j'ai tout déballé à ma mère et elle a envoyé un courrier à la directrice de l'école, qui quelques jours plus tard nous convoqua toutes trois dans son bureau. J'avais tellement espéré que ce ne serait pas le cas. Moi toute seule, contre ces deux langues de vipère. Comme je m'y attendais, elles m'ont faite passer pour une folle devant la directrice qui s'est laissée persuadée que j'étais juste paranoïaque. Elles ont ajouté que j'étais juste malheureuse parce que personne ne m'aimait dans cette école et que donc je m'inventais des délires, alors qu'elles ne faisaient rien de mal. Mais non ce n'était pas le cas, mes amies lucides et d'autres copines ont reconnu clairement qu'elles s'acharnaient sur moi sans cesse. Bref, la directrice les a crues et j'étais tellement "démolie", bouleversée, que je me suis laissée faire et que je n'ai pas riposté. Je n'en pouvais plus, je ne voulais pas me battre. Je voulais juste que ça s'arrête. J'ai du patienter l'année d'après pour changer à nouveau d'école. Mais le mal était fait et j'avais perdu toute trace de confiance en moi, et je me suis laissée aller, et je m'empiffrais, et ma mère me disait de faire attention, et mon père soulignait que j'étais ronde, et les gens dans ma nouvelle école devaient aussi certainement se moquer de moi. Mais que voulez-vous ? Je ne prenais pas soin de moi, je ne tentais pas de me mettre en valeur, j'avais juste l'air de n'importe quoi, de rien du tout. Et quand j'essayais, j'avais l'impression que ça ne servait à rien. Dès lors, partout où j'ai été, je me suis sentie très seule. Sauf quand je n'étais pas à l'école. J'avais encore mes vraies amies que je voyais de temps en temps, ma soeur, internet, le shopping et la bouffe.
Aujourd'hui, je suis sortie de l'enseignement secondaire depuis bientôt deux ans et je n'arrive pas à travailler dans les études que je fais, je n'arrive pas à m'y mettre, à me motiver et à m'en sortir. Sans doute vous direz-vous que les blessures que j'ai eues ont été moins profondes que celles des témoignages précédents, et je meurs de honte pour toutes ces personnes qui vous ont fait du mal. Je ne comprends pas cette volonté d'être méchant gratuitement. Je ne vois pas autre chose que de la méchanceté dans ces actes, enfoncer les autres pour s'élever soi-même, monter dans les paliers de la popularité et de l'école. Et tout ça pourquoi ? En finalité, cette prétendue popularité ne leur aura servi à rien pour la suite, juste à casser certaines personnes qui ne leur avaient rien fait. Ça doit être distrayant.