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La pompe à chocolat

38 ans 3196
sandydidou a écrit:

le fonctionnement psy me semble identique dans bien des comportements impulsifs ou addictifs, ce n'est que l'objet de l'addiction qui change.


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D'ailleurs le principe est intéressant pour  
la clope aussi je trouve.
56 ans Région nîmoise 1567
_Aphasie_ a écrit:
sandydidou a écrit:

le fonctionnement psy me semble identique dans bien des comportements impulsifs ou addictifs, ce n'est que l'objet de l'addiction qui change.


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D'ailleurs le principe est intéressant pour la clope aussi je trouve.


Absolument, je pensais aussi au tabagisme ! J'ai l'impression que beaucoup de pulsions alimentaires peuvent être comparées au fait d'allumer une clope. Et que quand t'es pris(e) dans l'engrenage, tu finis par te dire "oui, je mange/fume parce que c'est machinal". Alors que parfois il suffit comme dit mamykro -pas sûre comment ça s'écrit- de ne pas agir mais de s'observer ressentir, du style "pourquoi je vais l'allumer celle-là, quel plaisir vais-je en retirer ?" (itou pour le choc')
38 ans 3196
Ouaip, mais ça demande du courage de se regarder en face !

Je dis ça parce que je viens de m'enfiler une boîte entière de Fingers, et que bon, encore une fois j'ai fait l'autruche :fouet:
45 ans 1114
Oui je pense que le principe peut s'appliquer à toutes les "addcictions" ou impulsions, compulsions, pulsions, blabla.

Quand j'étais plus jeune, y'a genre 10 ans, j'avais l'habitude faire souvent l'apéro. Mais quand je dis l'apéro, c'est l'apéro, quoi...
J'en avais parlé à mon psy en lui disant que j'étais sûre d'être alcoolique.
Il m'avait demandé ce que je buvais et à quelle fréquence, puis m'avait dit "tout va bien, il n'y a rien de grave".
Alors que objectivement, c'était beaucoup...
J'ai compris qu'il voulait simplement dédramatiser le truc et éviter que je me colle moi-même cette étiquette d'alcoolique sur le dos. Pour pas que je m'enferme dans cette définition qui m'aurait finalement poussée à devenir vraiment alcoolo.
Du coup j'ai pris du recul par rapport à ma consommation: j'avais le "droit" de boire autant, c'était mon psy qui le disait.
Ca m'a ôté la culpabilité qui faisait que quand je buvais pas mal, ben je buvais encore plus en me disant "t'façon chuis alcoolo".
Et tout en restant fêtarde ;) , ma consommation a diminué d'elle-même. Je n'étais plus "obligée" de boire.

Je trouve que ça se rapproche du coup de la pompe.
Puisqu'on y a DROIT, on y est plus OBLIGE.
49 ans Paris 9874
Pat1993 a écrit:
respirer quand on en ressent une envie, ça m'étonnerait que le résultat fonctionne


C'est vraiment ce que tu en as retenu? :shock:

Pour ma part, j'ai été très intéressée par la responsabilisation que cela suppose. C'est de l'anti-Cohen: j'entendais un jour Cohen dire (en gros): on sait bien que les régimes ne fonctionnent pas ou pas vraiment, mais que voulez-vous les bonnes femmes continuent à en demander et il "faut bien" répondre à cette demande. On part avec ce genre de charlatan du principe que toute demande est légitime et on ne t'oblige jamais à remettre en cause ta démarche, ce qui pour moi est de l'infantilisation. Ne la blessons pas la régimeuse, elle ne serait pas capable de comprendre.

Le problème de l'impulsion (disons envers le chocolat pour simplifier, mais je suis plutôt fromage aussi), c'est qu'on ne prend pas du chocolat... c'est le chocolat qui nous prend. On n'a pas le sentiment de décider, et encore moins de pouvoir choisir ("c'est comme une drogue"). On est passif devant et comme contrôlé par le chocolat. La "solution" de base, celle que tout le monde a essayée, c'est le report de l'impulsivité sur une norme extérieure. Et ça s'appelle un régime. Je délègue ma volonté et ma prise de décision à un ensemble de règles et recettes mises au point par une autorité extérieure (le médecin, WW, le charlatan dukonien, etc.) car je vois bien que seule je ne prends que des mauvaises décisions. C'est une profonde infantilisation de la volonté, une confirmation des complexes déjà bien ancrés (je ne vaux rien, je ne sais pas faire, je suis nulle, je suis grosse, je suis moche, j'ai pas d'volonté). Le régime c'est la tentative (illusoire) de ne plus avoir à décider. Alors qu'on a toujours à décider, et de tout.

La pompe à chocolat-morphine, c'est vraiment le contraire: je reprends le pouvoir, je peux décider, je dois décider, il faut trouver le bon moment pour envoyer le jus, analyser la situation, viser juste. Et devinez quoi! c'est là qu'on est le plus économe... N'est-ce pas merveilleux la responsabilisation? Comme les sous des autres qu'on dépense sans compter, alors qu'on fait si gaffe avec ceux qu'on a durement gagnés.

Et puis ça reprend la thématique de la dédiabolisation des aliments caloriques en y ajoutant qch: non seulement ça n'est pas mal d'en manger (car ça ne fait pas grossir en soi), mais c'est comme un médicament, tu y as droit, ça fonctionne, ça réconforte, ça n'est pas mal que ça joue ce rôle, réconforte-toi, tu y as DROIT (tu ne dirais pas au malade qui souffre ou à la femme qui accouche que c'est un couard ou une lâche, n'est-ce pas?). Seulement, et c'est l'unique (mais sine qua non) condition, fais-le de manière consciente, ultra-consciente, dans l'attention et la concentration. Et là... tu réconfortes davantage avec moins. N'est-ce pas fabuleux? Comment diminuer ses quantités de chocolat en 24h? en le mangeant plus lentement et de façon consciente. On m'aurait menti? ce n'étaient pas les aliments caloriques qui étaient condamnables mais les conditions (d'étouffement émotionnel et des sensations) dans lesquelles je les mangeais? C'est aussi simple que ça? oui. Peut-être pas pour tout le monde, mais pour une bonne partie des gens qui mangent sans faim, qui grossissent sans comprendre pourquoi, et qui ne savent pas comment reprendre leur rapport à leur corps et à leurs émotions en mains. Je suis seul maître à bord (même si c'est un vieux rafiot plein de vergetures)... c'est pas rien de redécouvrir ça, non?

Et puis j'aime bien les gens qui retournent les images usuelles contre elles-mêmes: vous croyez que le chocolat est une drogue sur laquelle vous n'avez pas de prise? Ok, disons que c'est une drogue, une dure, la morphine, et poussons l'image jusqu'au bout pour voir ce que ça peut donner. ;)
49 ans Paris 9874
_Aphasie_ a écrit:
J'ai cru comprendre que c'était proposé aux hyperphagiques ou aux personnes ayant une tendance hyperphagique. Mais ça paraît très dur à gérer ! Perso je craque sur du fromage et des biscuits en ce moment, et je sens bien revenir mes bonnes vieilles habitudes hyperphagiques : "ça part en couille, ok, n'y pensons pas pour ne pas trop culpabiliser..."
Du coup, c'est typiquement à ce moment là que tu ne peux pas, psychologiquement parlant, prendre conscience de tes sensations alimentaires, puisque justement tu t'emploies à les nier.


Oui, mais tu es assez consciente pour savoir ce qui se passe (puisque tu sais qu'à ce moment-là tu t'emploies à nier qch): que se passe-t-il si tu regardes en face, mais calmement, ce que tu es en train de faire? Suis-je en train d'étouffer qch? quoi? qu'est-ce que je ressens (tu "ressens" au moins l'impossibilité de ressentir)? etc.
49 ans Paris 9874
mamykro a écrit:
Ici, il s'git de faire exactement la même chose, mais le chocolat remplace le produit anesthésiant: on attend un peu et on observe nos sensations revenir. Ce n'est pas agréable, certes, mais vu qu'on sait qu'on peut manger quand on veut et arrêter ces sensations, ça aide à tenir, juste le temps d'observer ces sensations. Il ne s'agit pas des sensations alimentaires, mais de toutes les émotions que tu veux faire disaparaitre en mangeant.


Tutafé! ça me fait penser aux IRM: je pense que bien plus de patients auraient des crises de claustrophobie si on ne te filait pas la petite sonnerie. Peu de gens doivent appuyer dans les faits, mais on baliserait quasi tous (et on ferait rater l'exam) si elle n'était pas là.
49 ans Paris 9874
_Aphasie_ a écrit:
_Aphasie_ a écrit:


c'est pourquoi la fontaine à chocolat demande à ce que la personne regarde son mal-être en face, mais franchement c'est pas tous les jours facile.



Ha ha ! la pompe à chocolat bien sûr... Voilà un lapsus bien révélateur de mes fantasmes alimentaires :oops: :lol:


Il est presque 13h, j'ai faim, et mon cerveau est envahi par une image d'Anita Ekberg se baignant dans une fontaine de Trevi déversant du chocolat fondu... la faim est propice aux fantasmes en effet! :lol:
49 ans Paris 9874
Lisabeth a écrit:
Alors moi j'ai une question... bêtement pratique, mais bon. j'en suis au début de ma RA, et le principe c'est plutôt "mangez ce que vous voulez, quand vous avez faim, jusqu'à satiété" j'ai bon?

alors la pompe à chocolat, c'est quand on ne maîtrise plus et qu'on ne peut pas attendre d'avoir faim?
comment on régule ça en fait? quelqu'un a essayé? On prend u n minuscule bout, puis on attend? Puis de nouveau un bout? Un carré? Deux carré? ce qu'on veut tant que ça marche?


Je comprends les choses comme Aphasie dans la réponse qu'elle t'a faite. Si tu as faim, la faim est ton seul critère pour manger ou non, et ce jusqu'au rassasiement. En revanche, si c'est une envie de manger sans faim et/ou un "inconfort émotionnel", tu te demandes s'il faut actionner la pompe à chocolat.
49 ans Paris 9874
sandydidou a écrit:
pendant des années j'ai pris un verre (ou plusieurs) comme d'autres le(s) fameux chocolat(s) de Zermatti ; le fonctionnement psy me semble identique dans bien des comportements impulsifs ou addictifs, ce n'est que l'objet de l'addiction qui change.


J'avoue que ça m'intrigue. Tu veux dire que tu prenais un verre, tu attendais d'en voir l'effet, tu te demandais si tu avais besoin d'un second, etc?
49 ans Paris 9874
Zolaa a écrit:
J'en avais parlé à mon psy en lui disant que j'étais sûre d'être alcoolique.
Il m'avait demandé ce que je buvais et à quelle fréquence, puis m'avait dit "tout va bien, il n'y a rien de grave".
Alors que objectivement, c'était beaucoup...
J'ai compris qu'il voulait simplement dédramatiser le truc et éviter que je me colle moi-même cette étiquette d'alcoolique sur le dos. Pour pas que je m'enferme dans cette définition qui m'aurait finalement poussée à devenir vraiment alcoolo.


Un EXCELLENT médecin!! =D>

Et j'arrête avec mes réponses en rafale, sorry! :oops:
45 ans 1114
Vi j'adorais ce mec...

En fait pour rejoindre ce que tu disais plus haut Poupoule, ça m'a appris à me responsabiliser.
Et pas que dans ce domaine, d'ailleurs...
Et quand on se sent responsable, je trouve que ça change tout. On se sent plus fort.
Pas tout le temps, y'a des coups de mou et tout, mais dans l'ensemble la vision des épeuves à traverser change.
45 ans 1114
Juste: quand je dis responsable, je veux pas dire coupable, hein...
Je veux dire que j'ai le pouvoir décisionnel. Je ne suis pas un simple organe consultatif. C'est moi l'éxécutif, quoi.
49 ans région parisienne 5831
Je crois, moi aussi, que le point essentiel c'est de se dire qu'on a complétement le droit de manger ce foutu carré de chocolat. Si on se met un challenge, en se disant "allez, ce soir, je ne mange pas sans faim", alors la compulsion nous rattrape. Mais si on se dit juste: "bon, j'attends un peu, je le mangerai ce carré de chocolat, mais avant, voyons comment et combien ça me fait mal d'attendre"... alors bizarrement, on aura peut-être pas besoin d'en manger!

Moi, comme je le disais plus haut, ce qui me permet d'y arriver, c'est d'abord de savoir que je peux en manger quand je veux, et ensuite, c'est aussi d'avoir fait exactement la même expérience avec la péri. Pourtant, je déteste avoir mal et je sais que les douleurs de l'accouchement font mal puisque j'ai attendu à chaque fois d'avoir fait au moins la moitié du travail avant de demander la péri.

Mais une fois la péri posée, avec mon petit bitoniot dans la main, je peux appuyer quand je veux dessus, ben je me sens presque comme une scientifique faisant une expérience: "tiens, je ne vais pas appuyer tout de suite, ah oui, ça fait mal, hein, bon, jusqu'à quand je peux tenir avant d'appuyer? Vous notez, docteur frankenstein?" :lol:

Du coup, j'ai fait exactement la même chose pour la "pompe à chocolat". Je crois qu'on a toutes une expérience similaire à la pompe à chocolat, et s'en souvenir aide bien, je pense.
S
53 ans suisse 993
POur rajouter mon grain de sel....cet exercice des 3 mn fait partie d'un ensemble de techniques-pratiques, la pleine conscience.
POur ceux que cela intéresse il y a de très bons bouquins par ex christophe André "méditer jour après jour".
C'est loin d'être facile, c'est même tout un apprentissage. POur ma part linecoaching ne m'a pas permi de changer radicalement à ce niveau. C'est bien beau de le lire, de le comprendre, d'être d'accord. Ensuite il faut le faire.

J'ai commencé un cours MBSR (mindfullness based stress reduction). ce sont des séances ou l'on apprend toutes ces techniques (la respiration 3mn, l'inventaire corporel, 15mn assis, la marche méditative etc). Et surtout ou l'on s'engage à pratiquer pratiquer et pratiquer et pratiquer.

Je ne sais pas ce qu'il en ressortira.

C'est en tous cas dans ces directions que vont nos docs Apf et Z. MBCT= minduflness based cognitive therapy.

POur d'autres références (je suis dingue de ces techniques) MP;)
B I U