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La pompe à chocolat

49 ans région parisienne 5831
mamykro a écrit:
Ici, il s'git de faire exactement la même chose, mais le chocolat remplace le produit anesthésiant: on attend un peu et on observe nos sensations revenir.  
Ce n'est pas agréable, certes, mais vu qu'on sait qu'on peut manger quand on veut et arrêter ces sensations, ça aide à tenir, juste le temps d'observer ces sensations. Il ne s'agit pas des sensations alimentaires, mais de toutes les émotions que tu veux faire disaparaitre en mangeant.


poupoule a écrit:
Tutafé! ça me fait penser aux IRM: je pense que bien plus de patients auraient des crises de claustrophobie si on ne te filait pas la petite sonnerie. Peu de gens doivent appuyer dans les faits, mais on baliserait quasi tous (et on ferait rater l'exam) si elle n'était pas là.


Moi, ça me fait penser à Matrix: si Morphéus avait dit à Neo: "bouffe cette pilule rouge", Neo aurait sûrement refusé. Mais le malin Morpheus lui a donné le choix entre la pilule bleue et la rouge, du coup, Neo prend la pilule rouge... parce qu'il a le choix! :mrgreen: :lol:
56 ans Région nîmoise 1567
poupoule a écrit:
sandydidou a écrit:
pendant des années j'ai pris un verre (ou plusieurs) comme d'autres le(s) fameux chocolat(s) de Zermatti ; le fonctionnement psy me semble identique dans bien des comportements impulsifs ou addictifs, ce n'est que l'objet de l'addiction qui change.


J'avoue que ça m'intrigue. Tu veux dire que tu prenais un verre, tu attendais d'en voir l'effet, tu te demandais si tu avais besoin d'un second, etc?


Non, je voulais juste dire que je réagissais face aux émotions en prenant de l'alcool, immédiatement, de façon impulsive (un coup dur, une angoisse, de l'ennui = il me FAUT un verre, vite vite).
49 ans Paris 9874
sandydidou a écrit:
poupoule a écrit:
sandydidou a écrit:
pendant des années j'ai pris un verre (ou plusieurs) comme d'autres le(s) fameux chocolat(s) de Zermatti ; le fonctionnement psy me semble identique dans bien des comportements impulsifs ou addictifs, ce n'est que l'objet de l'addiction qui change.


J'avoue que ça m'intrigue. Tu veux dire que tu prenais un verre, tu attendais d'en voir l'effet, tu te demandais si tu avais besoin d'un second, etc?


Non, je voulais juste dire que je réagissais face aux émotions en prenant de l'alcool, immédiatement, de façon impulsive (un coup dur, une angoisse, de l'ennui = il me FAUT un verre, vite vite).


ah ok, merci!
38 ans 3196
poupoule a écrit:
Pat1993 a écrit:
respirer quand on en ressent une envie, ça m'étonnerait que le résultat fonctionne


C'est vraiment ce que tu en as retenu? :shock:

Pour ma part, j'ai été très intéressée par la responsabilisation que cela suppose. C'est de l'anti-Cohen: j'entendais un jour Cohen dire (en gros): on sait bien que les régimes ne fonctionnent pas ou pas vraiment, mais que voulez-vous les bonnes femmes continuent à en demander et il "faut bien" répondre à cette demande. On part avec ce genre de charlatan du principe que toute demande est légitime et on ne t'oblige jamais à remettre en cause ta démarche, ce qui pour moi est de l'infantilisation. Ne la blessons pas la régimeuse, elle ne serait pas capable de comprendre.

Le problème de l'impulsion (disons envers le chocolat pour simplifier, mais je suis plutôt fromage aussi), c'est qu'on ne prend pas du chocolat... c'est le chocolat qui nous prend. On n'a pas le sentiment de décider, et encore moins de pouvoir choisir ("c'est comme une drogue"). On est passif devant et comme contrôlé par le chocolat. La "solution" de base, celle que tout le monde a essayée, c'est le report de l'impulsivité sur une norme extérieure. Et ça s'appelle un régime. Je délègue ma volonté et ma prise de décision à un ensemble de règles et recettes mises au point par une autorité extérieure (le médecin, WW, le charlatan dukonien, etc.) car je vois bien que seule je ne prends que des mauvaises décisions. C'est une profonde infantilisation de la volonté, une confirmation des complexes déjà bien ancrés (je ne vaux rien, je ne sais pas faire, je suis nulle, je suis grosse, je suis moche, j'ai pas d'volonté). Le régime c'est la tentative (illusoire) de ne plus avoir à décider. Alors qu'on a toujours à décider, et de tout.

La pompe à chocolat-morphine, c'est vraiment le contraire: je reprends le pouvoir, je peux décider, je dois décider, il faut trouver le bon moment pour envoyer le jus, analyser la situation, viser juste. Et devinez quoi! c'est là qu'on est le plus économe... N'est-ce pas merveilleux la responsabilisation? Comme les sous des autres qu'on dépense sans compter, alors qu'on fait si gaffe avec ceux qu'on a durement gagnés.

Et puis ça reprend la thématique de la dédiabolisation des aliments caloriques en y ajoutant qch: non seulement ça n'est pas mal d'en manger (car ça ne fait pas grossir en soi), mais c'est comme un médicament, tu y as droit, ça fonctionne, ça réconforte, ça n'est pas mal que ça joue ce rôle, réconforte-toi, tu y as DROIT (tu ne dirais pas au malade qui souffre ou à la femme qui accouche que c'est un couard ou une lâche, n'est-ce pas?). Seulement, et c'est l'unique (mais sine qua non) condition, fais-le de manière consciente, ultra-consciente, dans l'attention et la concentration. Et là... tu réconfortes davantage avec moins. N'est-ce pas fabuleux? Comment diminuer ses quantités de chocolat en 24h? en le mangeant plus lentement et de façon consciente. On m'aurait menti? ce n'étaient pas les aliments caloriques qui étaient condamnables mais les conditions (d'étouffement émotionnel et des sensations) dans lesquelles je les mangeais? C'est aussi simple que ça? oui. Peut-être pas pour tout le monde, mais pour une bonne partie des gens qui mangent sans faim, qui grossissent sans comprendre pourquoi, et qui ne savent pas comment reprendre leur rapport à leur corps et à leurs émotions en mains. Je suis seul maître à bord (même si c'est un vieux rafiot plein de vergetures)... c'est pas rien de redécouvrir ça, non?

Et puis j'aime bien les gens qui retournent les images usuelles contre elles-mêmes: vous croyez que le chocolat est une drogue sur laquelle vous n'avez pas de prise? Ok, disons que c'est une drogue, une dure, la morphine, et poussons l'image jusqu'au bout pour voir ce que ça peut donner. ;)


Tu n'imagines pas à quel point je plussoie à cette réponse ! Merci poupoule, c'est un des textes les plus intelligents que j'ai lu sur le rapport à la nourriture.

Bravo =D> et merci :kiss:
49 ans Paris 9874
Merci Aphasie :)
B I U