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RA -bouger (sport)

45 ans 1114
_Aphasie_ a écrit:
En fait, ma position face au sport est assez ambigüe.

Je suis en totale rébellion contre tout discours du type "c'est pour ton bien, ça fait du  
bien à ton corps". C'est très con, je sais, mais j'ai l'esprit de contradiction chevillé au corps.

En fait, l'idée du sport en tant qu'étape obligée pour un résultat (= bénéfice pour le corps) ne m'accroche pas du tout.
Je suis en revanche fascinée par les gens qui pratiquent une activité physique uniquement par plaisir, plus précisément pour le plaisir de sentir et de travailler son corps.

J'aimerais bien arriver à ça, car je n'ai jamais connu, j'ai toujours fait du sport par obligation.

D'où ma question sur les ressentis ;)

Aphasie, concours du post le + cité en moins d'une page? :D

J'ai bien compris l'ensemble de ton message sirelle, et je le trouve vraiment intéressant.
Mais je suis moi aussi dans le cas d'Aphasie, je n'ai pas encore réussi à dépasser ce côté "obligation de faire du sport" qui du coup me fait bloquer. Je me mets une telle pression quand je commence un sport censé me "faire du bien" que rapidement ça me gonfle puissance 1000, et que j'abandonne en cours de route.
Yoga, qui gong, marche, vélo, salle, j'en ai essayé, ces dernières années.
Mais pas moyen. Au bout de 2 mois maximum j'ai envie de me jeter par la fenêtre plutôt que d'y aller.

Et d'ailleurs je te remercie pour ce post parce qu'il m'a permis, entre le post initial et la réponse d'aphasie, de mettre le doigt sur ce blocage dont je n'avais pas pris conscience.
49 ans région parisienne 5831
A un moment, j'étais moi aussi bloquée par les réflexions du style "il faut faire du sport, c'est bon pour ce que tu as"..etc... :roll: Du coup, par esprit de contradiction, je ne voulais plus en faire. A ce moment-là, ce qui m'a débloquée, c'est de faire du sport mais pas pour lui même, mais pour autre chose.

Du style, je m'occupais de personnes handicapées, c'est assez physique (il faut parfois les porter, les soulever...etc...) et ça me plaisait: pour moi, c'était du sport sans en être, c'était du sport "utile", pas du sport "pour le sport".

Autre exemple, je pouvais visiter une ville à pied, juste pour le plaisir de la visite, de la découverte. En fait, c'est comme une marche, sauf qu'on ne marche pas "pour marcher", mais pour découvrir la ville.

C'est cette façon de voir les choses qui m'a reconnectée au sport, alors que j'étais bloquée par les personnes qui me gavaient de "conseils" sportifs. Bon, la différence avec certaines, c'est que j'avais déjà pris plaisir à faire du sport "pour le sport", du coup, c'était peut-être plus simple de me reconnecter.

Autre chose, les sport d'équipe m'ont toujours beaucoup plus plu que les sports individuels: ce qui me plait dans le sport vient en grande partie de l'esprit d'équipe. Jeune, je jouais dans une équipe de hand, et le fait que ce soit une équipe qui compte sur moi, je trouve que c'était plus gratifiant qu'un sport individuel.

Malheureusement, une fois adulte, ce n'est pas facile de trouver une équipe (et surtout en hand, mais même dans les autres sports, c'est pas simple de trouver une équipe adulte féminine), du coup, je me suis rabattue sur des sports un peu plus individuels, mais j'avoue que l'équipe, ça me manque.
49 ans région parisienne 5831
et pourtant, Dieu sait si, à part pour le sport, je n'ai pas l'esprit d'équipe! J'aime la solitude (même si j'aime aussi être avec des gens... un peu et parfois), je déteste faire comme les autres, aller dans des endroits où il y a du monde, faire la fête en trop grand nombre... :lol:
45 ans 91 1474
cette année ça a été le coup dur physiquement. en arrêt depuis 1 an presque pour épuisement professionnel. sans activité sportive régulière, progressivement je me suis enfermée dans les douleurs chroniques au dos à la hanche et au genou, sous médoc, tous les jours depuis 1 an.

on m'a proposé un "stage" de ré-entrainement à l'effort pour mon dos. 4 semaines entières de sport adapté à mon souci de dos (et de genou). ce qui donne 3 à 5 h de sport par jour quand mm.
1h30 de cardio training (tapis de marche et vélo)
1h30 de musculation avec machine (presse, abdos et dorsaux)
et l'après midi 2h au choix : stretching, pilates, balnéothérapie
ou activités plus relaxantes, théoriques ou ludiques : cours sur la douleur, le dos etc, relaxation, jeu sur la WII, ergothérapie, etc..

je suis en terrain connu vu que j'ai fait du sport depuis toute petite... n’empêche qu'à mon poids actuel, c'est pas simple simple. mais ça donne envie de continuer quand je vois, comment je me sens plus forte sur mes jambes, plus tonique, j'arrive à marcher plus longtemps, à danser plus longtemps, à me tenir debout en statique plus longtemps. pas vraiment de perte de poids mais une perte de volume mais on m'avait prévenue. et ça avouons le c'est carrément anti-depresseur et anxiolitique combiné! (en mm temps je suis tellement crevée qu'on pourrait me voler ma voiture devant moi que ça ne me ferait mm pas sourciller :lol: :lol: :lol: )

les séances sont dures, j'ai eu une crise d'arthrose au début, l'effet endorphine n'arrive pas vu que je suis en endurance douce, je marche comme un cowboy avec mes courbatures mais cette satisfaction personnelle, ça n'a pas de prix. ça a coïncide avec ma reprise d'un activité personnelle, la danse traditionnelle martiniquaise. je me sens franchement mieux quand je fais de l'activité sportive régulière. parce que ça me plait, parce que c'est aussi une façon de lutter contre l'état de santé qui se dégrade parfois, parce que c'est aussi un gros pied de nez aux préjugés.

sinon par rapport à la RA.... c'est plus compliqué.
d'un coté, ça m'a forcé à avoir des prises de nourriture régulières car j'ai faim (enfin)!!! je ne saute plus les repas car pas envie, je mange des féculents plus facilement. donc je prends plus de plaisir à manger. ma relation avec la

par contre, monter sur paname en transports en commun avec mon temps de parcours qui passe du simple au double selon le jour et l'inconfort des transports en commun à l'heure de pointe (ben oui trop grande et trop grosse pour les sièges, souvent debout ou pliée en 4)..... ça me met dans des états de tension importante ce qui fait que je fais un "dérapage contrôlé" presque tous les soirs depuis 2 semaines. ça se régule avec le repas du soir. mais ce n'est pas idéal

Enfin pour qqn qui s'épanouit dans le sport, c'est inespéré.

je dois faire mon bilan de stage à la fin de la semaine, je saurais si j'ai pris du muscle, perdu du gras, toussa toussa, j'ai hate!
R
40 ans 835
J'ai aussi récemment appris que le Dalai-Lama n'était plus au tibet ^^. Foutez vous de moi lol.
R
40 ans 835
(excusez moi, je me suis trompée de post, vous l'aurez remarqué lol.... ça n'a rien à faire ici)
S
48 ans 4940
Au collège j'étais une grande sportive le cross c'était mon dada :lol:

Je n'ai jamais connu , les moqueries etc....
J'ai pris du poids bien plus tard , donc régime et sport c'était parfais pour perdre du poids . Donc j'ai commencé a détester le sport , car autant d'effort pour perdre du poids ,et au final en reprendre sa ma dégouté .

Pour moi sport = régime :evil:

Et cette année je vais a la piscine avec mon homme , tout les dimanche matin , et la au miracle j'éprouve du plaisir a nouveau pour le sport .
Pour l'instant 1x par semaine me suffit .
R
40 ans 835
Moi quand j'étais plus jeune, j'étais mince, en tout cas "normale" selon l'imc, et ça ne m'empechais pas de minorer en sport à l'école. Nulle de chez nulle. Personne ne voulait de moi dans son équipe et j'étais systématiquement applatie lors des duels genre badmington. Je m'en fous royalement et je prends toujours l'ascenseur... J'ai eu 10 de moyenne au bac en sport, et encore la prof a du être plus que gentille... heureusement ça m'aurait couté ma mention B....
42 ans très au sud 7915
Faire du sport ça a commencé à venir... le jour où l'on m'a dit que je ne pouvais pas faire certains pendant 1 temps! :lol:
4 mois sous anti coagulants et aucun sport où je risquais des chocs (et donc des hémorragies).4 mois sans chou, sans salade sans 80% des légumes en fait qui sont souvent riches en vitamine K...
j'ai fêté la fin de mon traitement avec une orgie de gratin de brocoli accompagné de salade mesclun :lol:

Et puis j'avais envie de bouger. Mais pas transpirer pour transpirer ou du sport pour le sport quoi.
Ca faisait un bout de temps que la danse me faisait envie mais j'osais pas. Puis j'ai osé à ma seconde phlébite.
A l'époque j'avais régulièrement des crampes dans les jambes, des douleurs. Depuis la danse plus rien!
Et puis la danse c'est beau! Je suis contente de ce que je fais, de pouvoir mesurer mes progrès, de retrouver les coupines de danse.
Avec la danse j'ai même découvert des trucs inédits! des sensations top quand ça y est tu réussis ce fichu pas, d'entendre les autres dire "c'est beau" quand le prof te place en "attitude" et se dire un truc de dingue: je peux faire de jolies choses avec mon corps, des personnes que je connais à peine trouvent beau un geste de mon corps! Ce truc là c'est énorme...

J'ai commencé à 1h30 d'africaine. Depuis la rentrée je suis à
1H de barre à terre lundi
1h30 de contemporaine le lundi
1h30 d'africaine le mercredi
1h de barre à terre jeudi
et si mon planning et mon budget me le permettaient c'est tous les soirs que j'irai!
Et depuis que j'ai arrêté le sport étude natation en 6ème, le sport et moi c'était plus ça du tout!

Pourquoi la danse? Parce que c'est un art et que l'art moi c'est mon truc. je voulais aller au delà des beaux arts justement. parce que ça travaille le corps sans brusquerie (ça doit tirer pas faire mal!), parce que j'aime danser avec les autres (seule c'est pas drôle).
Par contre pour moi danser c'est obligatoirement pieds nus! pas de tutu, ballerines & co, c'est inconcevable dans mon approche de la danse: je me relie à la terre et à l'espace et la chaussure est un enfermement de mon corps.

Ce que j'y gagne? du plaisir! des rires,des coupines, des muscles, de la grâce, de la souplesse, de la tonicité et de l'endurance. C'est même devenu un atout dans la vie de tous les jours et mon job d'enseignante: je prends mon espace physiquement, je me tiens droite. Et quand je me déplace ma démarche est assurée, sûre. Ma démarche et ma postures ont radicalement changée en bien!
Plus de crampes, et plus de mal au dos (à part la mauvaise semaine du mois...).
Ce soir c'est barre à terre et j'ai râlé d'avoir râté lundi, j'ai hâte d'y être et de voir si les abdos vont aussi bien passés que la semaine dernière où j'étais super fière de les avoir réussis en entier et sans serrer les dents!
S
53 ans suisse 993
Hier j'ai commencé le pilates enfin physio pilates. C'est avec une physiothérapeute le but est de faire travailler la musculature profonde, du coup je me suis intéressée un peu plus au domaine c'est fou tout ce que je ne sais pas de mon corps. L'idée est d'avoir moins souvent mal au dos même si ca adéjà franchement diminué.

Super expérience, pleine conscience de sensations corporelles, du souffle, de contraction/détente du périnée de découverte du travail des abdominaux isolés et......le tout dans la plus grande douceur moi qui croyais que le pilates c'était de la torture.

Et du coup ce matin l'étonnement de sentir comme des nouvelles parties de moi. Avoir vraiment expérimenté ce que c'est que le transverse, isoler le périnée.

Non vraiment il y a du plaisir là dedans.

Et je me réjouis de ma prochaine soirée atelier danse de 3h!!!! c'est dans 2 semaines.

J'avais oublié l'aspect copines/convivialité et...mais ce soir en croisant mes voisines qui allaient marcher dans la nuit et le froid et voulait m'embarquer oui j'ai hésité parce que c'est très sympa de partager ces moments ou on se fait du bien.
42 ans très au sud 7915
Oui il y a la convivialité du papotage dans les vestiaires, l'échange.

J'oubliais de dire ce que tu sembles découvrir avec le physio pilates Sirelle, la découverte des muscles et sensations. Trochanter, ischions, sacrum sont des mots qui sont entrés dans mon vocabulaire depuis la barre à terre!
Il y a un énorme travail de postures, de coordination, de souplesse. Mais tout se joue dans des détails, des directions de mouvement.Le prof explique exactement d'où part le mouvement, où il va, par où il passe et ce que le corps doit faire. Un truc pas évident par exemple est assise jambes tendues devant, dos bien droit, il faut lever la jambe. Si tu le fais au feeling tu vas basculer ton dos vers l'arrière, creuser, lever la fesse et forcer pour monter. Ben c'est exactement l'inverse qu'il faut faire! Il faut monter le dos vers le haut, appuyer la fesse de la jambe qui monte et la monter en faisant partir ton petit doigt de pied en prem's
Et là pour le coup je retrouve complètement l'esprit de la RA et de "la clé du corps", j'en prends conscience un peu plus à chaque cours!

Ceci dit ce qui facilite aussi la danse c'est que à ma grande surprise j'ai des aptitudes. Mais bon ça je ne l'ai découvert qu'en me lançant! je me savais souple mais j'ignorais que c'était à ce point. Il me manque surtout à me faire confiance et faire confiance à mon corps pour me lancer dans certains pas/sauts, mais là aussi je progresse vite!
37 ans 1547
Je trouve ce sujet très intéressant, j'ai souvent eu envie d'échanger et d'écrire là-dessus, mais c'est dur de parler de quelque chose en cours des fois. Je vais quand même en profiter pour essayer !

C'est vrai que les bienfaits de l'activité physique sont pluriels comme le cite sirelle. Mais pour la RA ça peut aussi apporter de façon plus spécifique que d'être bien dans son corps et dans sa tête ou d'avoir des intérêts préventifs voire curatifs en terme de santé. Ça ne les exclue pas, mais je vais essayer de me limiter à ce qui me paraît lié à ma rééducation du comportement alimentaire.

Pour moi la RA c'est un travail d'attention et de respect des sensations alimentaires. Ça implique plein d'autres choses, mais spécifiquement, c'est ça.

Être en mouvement, c'est pas en soi un moyen de faire une RA, mais chez moi, le travail d'attention et de respect de mes sensations, là où je l'ai vraiment découvert et développé, ça a d'abord été dans le mouvement.

C'est réciproque : le sport peut aider la RA comme la RA peut aider à transformer le rapport au corps et au mouvement.
Le point commun c'est le fait d'être au contact de ses sensations, de son corps et d'y trouver du plaisir.
Le risque commun c'est de tomber dans le contrôle violent plutôt que de s'appuyer sur le contrôle souple et vivant (qui permet autre chose de bénéfique).

Je vais essayer de résumer ce qui m'est venu par rapport au sujet. En quoi le sport a pu m'aider dans la RA ?

-L'effet de "dynamique" autour du soin porté à soi, du plaisir et de la bienveillance

Ressentir du plaisir dans son corps dans le mouvement ça donne à vivre son corps autrement.
Au début, j'étais coupée de mon corps, et quand j'ai découvert qu'il pouvait être bon pour moi, ça n'a fait que m'encourager à être aussi bienveillante pour lui.
Le mouvement a la particularité de faire vivre son corps dans sa globalité, et je pense que ça m'a beaucoup aidé à réduire ce fossé entre « moi » et « mon corps », à me l'approprier, à ne plus le percevoir comme extérieur (et mauvais) mais à le sentir de l'intérieur et dans des sensations plaisantes.
Du coup, ça m'a aussi donné de l'élan pour d'autres choses bonnes pour moi, notamment consulter une nutritionniste pour m'engager dans une RA que j'envisageais depuis très longtemps sans franchir le pas. Ce n'est pas la seule chose qui m'y a poussé, mais ça a commencé par là. C'est donc un énorme apport :-)))

- Des enjeux différents de l'alimentation:
Ça a été moins difficile pour moi de trouver assez de sérénité et de disponibilité pour être attentive à mon corps dans le mouvement que lorsqu'il s'agit de le faire quand je mangeais. J'imagine que les émotions et idées pénibles qui avaient totalement envahi ma façon de m'alimenter rendent cette sérénité plus difficile à atteindre, je continue d'avoir peur de moi.
Donc peut-être que parfois, développer son attention et son respect des sensations est plus accessible par autre chose que directement par l'alimentation.
Pour moi, ça a été le cas. J'avais un rapport désastreux à mon image et à mes sensations, ça n'a donc rien eu d'évident, mais ça a été possible avant que ça ne le devienne avec la nourriture.


- L'effet "rebond": de l'attention au mouvement à l'attention à l'aliment

Le plus drôle c'est que je ne me suis pas rendue compte tout de suite que tout ce que j'essayais laborieusement de faire (être attentive, respecter mes sensations) en mangeant (et je n'y arrivais pas) pour la RA, j'apprenais à le faire ailleurs, en particulier dans l'eau. Et là, j'y arrivais de mieux en mieux. Quand j'ai réalisé cela, j'ai d'abord cru que j'échouais puis j'ai espéré que cela finirait par "rebondir" sur ma façon de manger et m'aiderait dans la RA (j'en avais parlé sur le forum). Je ressens ce bénéfice actuellement, mais ça a pris beaucoup de temps et ça en prendra encore beaucoup j'imagine.

- L'effet "réalité": accepter ses limites, lâcher prise, ne plus contrôler, faire avec celle que je suis au moment donné
Alors ça, c'est pas tout simple. Je confonds sûrement plusieurs choses mais c'est comme ça que ça me vient.
Une "idée forte" de la RA: c'est pas la tête qui décide, c'est le corps.
J'ai retrouvé ça dans le rapport au sport, et encore une fois, ça a déblayé le terrain.
En réinvestissant la marche, en voulant nager, j'ai été confrontée à des choses évidentes mais très difficiles à accepter quand même: l'idée ne prime pas sur le corps, je peux vouloir de toute ma tête randonner en montagne ou nager le crawl, car j'en rêve... une fois en situation: j'étais incapable d'avancer en crawl et de monter une côte de tant de dénivelé.

J'ai du choisir entre arrêter de bouger pour éviter cette douloureuse expérience mais me priver des bonnes choses souhaitées et aimées (me dire que c'est pas pour moi, refuser de trouver un compromis, vivant ça comme trop dévalorisant) ou apprendre à tolérer tout ce que ça génère: colère, angoisse, tristesse... et puis, découvrir l'apaisement de faire avec moi.
(Parler de « choix » n'est pas tout à fait juste, mais je veux dire que je n'ai pas toujours été capable de faire face à ce que ça me faisait de voir que je n'y arrivais pas comme je voulais. D'ailleurs, on peut arrêter d'essayer ou au contraire se forcer à bouger pour à tout prix y arriver, coûte que coûte. Pour moi ça se rejoint et c'est un peu le même refus, et la même violence.)

Dans le mouvement, c'est comme si le corps reprenait les rennes, c'est lui qui dicte le rythme, l'intensité. Ça ne veut pas dire lâcher l'envie d'une rando en montagne, ça veut dire tolérer l'éventualité que ça ne soit jamais possible et prendre le temps dont j'aurais besoin pour en être capable si je peux l'être un jour.

Tiens, ça me rappelle l'envie de maigrir.... ;)

Donc ça m'a fait sacrément travailler sur mon rapport à mon idéal, à mes exigences, à la différence entre ce que je voulais être et ce que j'étais et comment je vivais cette différence. Et j'ai l'impression que je m'appuie sur cela dans la RA, parce que j'ai découvert une certaine tolérance à ce qui avant était insupportable et trop douloureux.

Dans la RA, je trouve difficile de prendre le temps de faire ce chemin car le plaisir ressenti est différent. Je comprends qu'on puisse laisser tomber après plusieurs mois.
C'est dur une RA, alors même si on sait que c'est pour un mieux après, on a parfois besoin de quelque chose qui fait du bien pendant. Or, moi, la RA, au début, ça a été PIRE qu'avant car retour en force des TCAs laborieusement contenus (mais entretenus) jusqu'alors par la restriction.

Bouger non plus, ça n'est pas que du plaisir non plus puisque ça renvoie à tout ça. Mais c'est aussi une occasion d'évoluer là-dessus qui sert les mêmes visées que la RA. Ce que j'ai trouvé différent avec le sport, c'est l'impression que là, le plaisir sensoriel, « physique », dans le mouvement soutient énormément ce travail et ces changements.
J'ai mis plus de temps à aimer manger qu'à aimer bouger. Je trouve que la nourriture est source de plaisir sensoriel aussi évidemment, et très important, mais à mon "goût" plus limité et bref, moins global et surtout moins "porteur" vers d'autres choses que le plaisir corporel global que je ressens dans le mouvement. Ce ne sont pas les mêmes plaisirs.
J'ai eu le sentiment que d'avoir réinvesti mon corps dans le sport ça m'a aidé à passer le cap des premiers temps rudes de la RA et de continuer à mon rythme. Parce que ça pouvait mal se passer dans la RA, par rapport à mon corps je vivais des choses agréables ailleurs qui m'ont amené à vivre d'autres expériences (ça crée une dynamique). Alors qu'avant, il n'y avait que la nourriture et la douleur.

- effets collatéraux: le sport m'aide à me dégager de mon désir de maigrir (c'est le monde à l'envers quand j'y pense !)
L'intérêt majeur pour la RA c'est qu'en rendant moins vif ce désir, ça "préserve" ma RA d'un détournement en régime "l'air de rien" et ça me laisse le temps de me concentrer davantage sur mon comportement alimentaire sans être trop en conflit avec l'effet de mon alimentation sur mon poids et mon image.

Je ressens moins le désir de maigrir (c'est aussi plus facile d'en questionner les enjeux):
* Car j'éprouve que je n'ai pas besoin d'être moins lourde pour être mieux dans ma vie, dans mon corps, pour faire ce que j'aime (on peut le penser sans en faire l'expérience)
* Car ça m'aide à accepter mes limites comme je le disais plus haut, ça m'aide aussi à faire avec mon image et mon apparence (le désir de maigrir était aussi lié à l'image)
Jusque là dès que j'étais à l'extérieur, c'est comme si je pensais à mon corps toujours sur le versant de l'apparence. D'ailleurs, c'est bien pour ça que je n'allais pas dans les piscines. Parce que ce qui venait en premier, c'était pas la piscine = corps dans l'eau, corps en mouvement mais la piscine = maillot ! Mettre en mouvement mon corps devant d'autres gens a fait flambé mes vécus par rapport au regard des autres, en particulier à la piscine. Je n'ose même pas vous raconter tout ce qui m'est passé par la tête. Et puis, petit à petit, ça se pose, ça n'a pas disparu, mais ça a beaucoup changé et soutenu d'autres changements en dehors des moments où je suis à la piscine.
* Car ça vient contenir les élans d'angoisse que j'ai concernant ma santé. C'est bien d'une émotion dont je parle et pas d'une réalité. Etre obèse ne me fait pas être malade, faire du sport ne m'immunise pas contre la maladie. Mais faire du sport rassure l'angoisse que j'ai à l'idée des conséquences de mon obésité sur ma santé (aujourd'hui et plus tard). Ca me donne la "sérénité" suffisante pour que je me laisse le temps de m'accepter telle que je suis et de voir si je serais capable, le jour où mon poids sera stable, de vivre bien telle que je suis, au poids où je serai. Peut-être qu'un jour, ma santé me paraîtra moins inquiétante, que ça ne menacera pas la RA par un désir de maigrir, ou peut-être que simplement je supporterai mieux mes peurs. En attendant ce moment là, le sport m'aide à contenir mes inquiétudes et me donne un sentiment de maîtrise que j'aurais autrement cherché dans mon alimentation.
Je ne pourrais pas dire pour autant que c'est pour ça que je marche et que je vais à la piscine mais je peux dire qu'après-coup, ça a aussi cet intérêt de "préserver" la RA. (mais c'est aussi parce que je ne vois pas comment je pourrais respecter les principes de la RA en le faisant pour maigrir.)


- effet "révélateur" de la relation à mes sensations (plaisir, douleur)

Avec la RA, le plaisir est un pivot important: c'est un peu la récompense d'être attentif et respectueux de ses sensations. Prendre soin de moi, par rapport à la nourriture, c'est quelque part préserver mon plaisir, ne pas le saturer, ne pas aller jusqu'au remplissage douloureux, ne pas m'en priver non plus, ne pas le gâcher par la culpabilité, etc. Et je ne savais pas faire. Pourquoi, je ne sais pas, mais j'ai un drôle de rapport au plaisir, ce n'est pas anodin et j'ai retrouvé aussi cette sorte d'évitement du "plaisir juste" (pas au sens diététique mais au sens ajusté à mon corps) dans le rapport au plaisir corporel avec le sport. J'ai senti la peur que j'avais de mon plaisir, la culpabilité aussi que ça venait créer, la difficulté que j'avais à le contenir aussi, et la façon dont ça venait me déstabiliser.

Encore une fois, c'était sûrement plus accessible pour moi de prendre les choses par cette zone là d'observation et d'expérimentation que directement avec la nourriture (où j'avais déjà repéré globalement certaines choses).

En fait je crois que je me rends compte que mon plaisir me plonge "de fait" dans la dépendance et que c'est ça qui me fait peur.
Parce que si j'ai besoin de quelque chose (l'eau, nager, marcher, manger, du chocolat, ou tout autre chose objet lieu personne activité) pour ressentir du plaisir, ça veut dire que je ne suis pas autosuffisante, que je dépend d'autre chose que de moi, et ça me rend très fragile. On voit d'un mauvais oeil la notion de dépendance (très associée à l'idée de perte de contrôle, justement...), j'ai l'impression qu'au contraire c'est très important car c'est là que s'y loge le plaisir et la capacité à recevoir, donner, etc. mais ça me semble aussi terrifiant.

Bref, je m'égare, pardon si je suis la seule à qui ça parle, j'essaie de rendre partageable des choses tellement pas pensées au départ que c'est dur de dire si c'est pensable par d'autres, et encore moins pertinent ou utile à d'autres.

- apprendre à être très attentif à chaque sensation et à respecter le plaisir
c'est très lié, mais pas tout à fait pareil.

1/ Pour l'attention et la découverte des sensations:

Au début je ne nageais que la brasse. J'ai réappris à la nager et je me suis donc largement moins épuisée, en nageant mieux j'ai découvert des sensations nouvelles beaucoup plus soutenues et variées, et en me fatigant moins, j'ai donc pu de plus en plus nager. C'est une nage exigeante mais avec une sensation de glisse merveilleuse et des contrastes sensoriels que j'aime beaucoup du fait de son type de respiration. On sort la tête de l'eau devant soi, et non sur le côté comme en crawl où la tête ne doit sortir qu'à moitié de l'eau pour respirer. Du coup, on sent vraiment, en brasse, l'air qui contraste et le tout début de l'eau qui commence à s'écouler du cuir chevelu (j'adore cette sensation, qui ressemble au tout début d'une douche car l'eau tombe au dessus de la tête et commence à s'écouler dans les cheveux). Et juste après, paf, nous revoilà la tête sous l'eau. Et ce contraste ne cesse de se répéter, j'adore ça, et quand il s'arrête, on se retrouve sous l'eau avec cette très douce sensation d'enveloppement global et de portage, puis c'est une sensation de résistance qui vient car mes jambes en initiant le ciseau créent une surface de freinage qui ralenti, ça sollicite mon tonus, mes muscles, et là, je souffle en faisant un mouvement accéléré avec vigueur, j'adore cette sensation tonique, une respiration bien coordonnée vient la rendre plus soutenue encore et laisse ensuite place à la propulsion, je m'allonge dans l'eau, mon tonus se relâche et je me laisse porter par une enivrante sensation de glisse que je prends le temps de savourer et je redécouvre ensuite la sensation aérienne dont je parlais. (Il y aurait encore mille sensations à décrire comme cela, et je n'ai même pas parlé du mouvement des bras, de l'allongement du corps... c'est juste incroyable la richesse et la variété de ce qu'on peut ressentir dans ce qui peut pourtant apparaître comme répétitivement ennuyeux!)

Mais avec ou sans technique, on peut ressentir du plaisir, c'est juste pas le même.Apprendre à nager, c'est comme si un nouveau monde de sensations s'ouvrait à moi même si ça n'a pas été du jour au lendemain. On ne peut pas apprendre à nager sans être attentif à ses sensations. On ne peut pas juste imiter quelqu'un ou se contenter de bouger pour bouger, ou alors, pas bien longtemps. (C'est probablement ce qui fait qu'on ne tient pas certaines activités, même si ça fait du bien, parce que ça suffit pas, il faut que ça accroche autre chose. C'est cet effet de « cerise sur le gâteau finalement plus importante que le gâteau » que j'ai le sentiment d'avoir découvert.)

Je ne sais pas jusqu'à quel point cela est vrai pour d'autres disciplines, mais en natation, cette exigence d'attention est très présente. C'est la raison pour laquelle quand on veut apprendre une nage, on doit travailler chaque mouvement isolément, précisément pour pouvoir être attentif à chaque sensation et ensuite, intégrer chacun de ses ressentis et apprentissages à la nage complète, progressivement.
Je parle bien de l'apprentissage (la RA en est un pour moi), parce qu'après, une fois que c'est intégré, ça change je pense, on n'a probablement plus besoin de se demander ce dont on a envie pour manger ou comment on sent nos jambes ou nos bras pour avancer. Mais avant, ça demande un tant soit peu qu'on y prête attention.

Pour vous donner un exemple d'exercice d'attention à ses sensations (ici sensation d'appui, c'est à dire la surface du corps qui exerce un appui sur l'eau qui a un effet propulsif, ce qui est l'un des fondements du mouvement de nage car c'est du soin porté à cet appui que dépend le fait d'avancer):
la brasse, c'est des tas de surfaces d'appui (et d'autres de résistance), parmi elles: les mains. Alors, pour sentir comment les mains font appui sur l'eau, on peut faire 6 longueurs successives les poings fermés, puis la même chose en sortant juste le pouce, puis pareil en sortant juste le pouce et l'index, puis pareil en sortant juste le pouce, l'index et le majeur, et cela jusqu'à déployer la main entière et à sentir la totalité de sa surface d'appui. Si on prend le temps de faire toutes ces longueurs avec attention, on perçoit vraiment la différence c'est impressionnant. Ca permet d'apprendre à positionner ses mains et ses doigts pour favoriser l'appui sur l'eau et donc l'efficacité de la nage.
Bref, la sensation d'appui est une promesse de propulsion et si on aime la sensation de glisse, une promesse de plaisir. Seulement, trop de glisse casse le rythme, déstructure la posture, la nage, et paf, voilà que ça gâche le plaisir. Il faut expérimenter encore et encore pour percevoir les toutes petites choses qui viennent influer sur nos sensations et notre corps quand on est en mouvement dans l'eau. Là on découvre les sensations de résistance et les zones de notre corps qui deviennent des surfaces de "freinage". C'est impressionnant pour moi de découvrir tout ça. Pourtant, avant ça et depuis toujours, être dans l'eau était un vrai bonheur. Mais depuis que je découvre mon corps dans l'eau, ça a pris corps d'une façon beaucoup plus vivante et intéressante.

Si on imagine passer du temps à être attentif comme ça à chaque petite partie de son corps dans un mouvement, on se rend compte qu'il y a une foule d'expériences à découvrir. Personnellement, je trouve ça vraiment passionnant. Je le partage, mais je ne cherche pas à convaincre de l'intérêt de tout ça (ça a aussi ses limites), juste à dire comment je le vis et comment je retrouve plein de liens dans ce que j'essaie de percevoir en mangeant (la texture, l'odeur, la température, le goût, l'effet visuel, l'effet sonore, l'effet dans mon corps quand j'avale, etc.)
Ça y est, j'ai trouvé ce que je voulais dire (ENFIN). En fait, en natation, si on veut apprendre et améliorer sa nage, c'est comme s'il fallait nager en pleine conscience, et il y a mille exercices d'isolation sensorielle qui permettent ça (en natation, ils appellent ça "éducatifs" c'est à dire: des exercices visant à travailler un à un chaque mouvement comme l'exercice pour l'appui des mains). Les gens qui nagent sans attention seraient comme des personnes qui mangeraient sans prendre le temps de déguster, ça n'a rien de bien grave et au final, ça ne change rien au résultat (le bassin est traversé/le corps est nourri), c'est possible de ne fonctionner que comme ça. Simplement, cette expérience aurait pu avoir un tout autre relief.
La précision de cet apprentissage ensuite dépend de chacun bien sûr. On est très nombreux à aimer nager et être dans l'eau sans maîtriser la technique, moi la première. Par contre, ce que j'ai découvert à mon grand étonnement, c'est que contrairement à ce que je pensais la maîtrise (ici technique) ne gâche pas le plaisir, c'est l'inverse: plus je progresse, plus mes sensations sont soutenues et variées car je ressens plus subtilement ce qui avant était juste un effort global et assez chaotique. Ca, ca a été une sacrée claque à mes idées reçues, j'avais très peur de perdre en plaisir en m'investissant dans l'apprentissage dont je percevais seulement la dimension de contrôle, de performance au sens de contrainte. C'est un peu comme le reproche qu'on pourrait faire à la RA en disant: "attention à pas non plus tomber dans l'excès d'analyse et décorticage de votre alimentation et de vos sensations tout le temps", alors que la RA est rigoureuse au début pour justement pouvoir se dégager de ça après.

2/ pour le respect des sensations

Comme dans l'alimentation, une fois qu'on a senti les choses assez souvent pour que ça s'affine, on découvre la "satiété" du mouvement, on découvre aussi la « saturation » c'est à dire : pourquoi faire du sport si on n'en a pas envie ? (pourquoi manger si on n'a pas faim ?).

J'arrive maintenant à sentir quand c'est bon de nager ; j'ai appris à sentir quand ça ne l'était plus. Quand ça fait trop longtemps, je n'arrive plus à être attentive et ma nage se dégrade automatiquement. Là, le plaisir disparaît, la fatigue prend le dessus, c'est difficile, voire désagréable, j'ai l'impression de ne plus arriver à avancer, ce n'est plus aussi intéressant, etc. Avant (pendant une brève période), ce qui m'arrêtait c'était quelque chose d'extérieur à moi (un nombre de longueurs, l'heure de la fermeture, etc) .
J'ai senti où mon plaisir apparaissait, et où et quand il disparaissait, et je continue de découvrir de petits signes précurseurs.

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J'ai parlé de l'apprentissage car c'est ce qui me semble le plus proche du contrôle dans le mouvement, le plus empreint de contrainte.
Je pourrais aussi vous parler de tout ce que je ressens dans l'eau quand je ne nage pas et n'essaie pas d'apprendre. J'adore également barboter librement et m'amuser dans l'eau. Je peux y passer beaucoup de temps avant (les matins piscines sont un régal: réveiller son corps dans l'eau est d'une grande douceur) et après avoir nagé. Et là aussi, je suis très étonnée de ce que je découvre. Depuis que je retourne à la piscine, j'ai découvert plein de façons de se mouvoir dans l'eau différentes, que j'ai trouvé en m'amusant. J'ai l'air ridicule et tout mais je m'en fiche, je me suis surprise plusieurs fois à rire seule en plein bassin tellement c'était chouette. Je découvre des sensations plutôt peu présentes dans les nages existantes qui sont très plaisantes (comme les sensations de rotation globale). Je ne parle même pas des autres sensations: visuelles, auditives, tactiles dans l'eau. Et du rapport aux gens ! J'ai essayé de me concentrer sur le mouvement mais l'eau est un terrain d'expérience sensorielle et social fascinant. A la fois très épuré et très riche.
Et tout ça, sans avoir besoin de penser en quoi bouger tel muscle serait bon pour mon taux de je ne sais quoi dans le sang.

Je me rends compte que j'ai finalement investi des activités très simples et ajustables (marcher, barboter-nager) que j'ai la plupart du temps pratiqué seule et à mon rythme. Ça m'a aussi aidé à être attentive à ce que j'en vivais. Ça, et le fait que ce soit des activités accessibles (en terme de coût mais aussi qu'on peut pratiquer n'importe quand et presque n'importe où en général), parce que comme une RA, ça prend beaucoup de temps et de répétition pour que la relation au mouvement se transforme.


Et enfin, qu'est-ce qu'il en est du contrôle ?
J'en parle beaucoup, je trouve que c'est probablement la question la plus importante qui se pose avec la RA, et qu'on retrouve aussi dans toute sa splendeur dans le sport.
Seulement c'est souvent que d'une façon qu'on pense au contrôle.
Au début j'étais bien dedans. Je marchais pour me muscler, j'espérais maigrir. Je le faisais de façon très adaptée à mes capacités,certes, dès qu'une douleur s'annonçait j'arrêtais et plus le plaisir est apparu plus je me suis laissée guidée. Mais il y a 15 mois, j'étais vraiment dans une façon d'envisager le sport comme on m'avait appris à le voir: un truc pour le poids, la santé. Alors qu'enfant j'adorais ça... plus j'ai grandi et grossi, plus ça a changé. Le bon côté, c'est que même ça, ça peut aussi évoluer à nouveau.

Quelque chose qui m'a interpellé, ça a été ma réaction à la redécouverte de la piscine. Je me suis empêchée d'y aller pendant très longtemps car ça me semblait impossible avec la façon dont je percevais mon corps. C'était un manque important pour moi qui adorait vraiment l'eau.
Alors quand j'ai réussi à y aller, j'ai vécu quelque chose de très fort. Une sorte de libération qui tendait à la frénésie. Je suis devenue compulsive les premiers temps. Je ne pouvais plus m'arrêter d'y aller. J'ai vraiment retrouvé l'effet des régimes sur l'alimentation: quand la privation lâche, la frénésie revient de plus belle. Comme je me suis laissée très libre, ça s'est régulé. Je me suis dit: laisse toi y aller autant tant que tu en as besoin, ça se calmera en temps voulu ne t'inquiète pas. Et ça s'est calmé, régulé et ça s'est transformé. C'est devenu une passion et j'y vis vraiment de jolies choses, et pas que dans mon corps.

Ma façon d'investir le mouvement aujourd'hui est encore empreinte de contrôle, de contrainte, mais de façon très différente d'avant. Comme je vous disais, j'ai eu envie d'apprendre à nager. Dans tout apprentissage, il y a une notion de contrainte, de maîtrise, de contrôle. Bon, je dois dire que je ne fais pas la chasse au contrôle dans ma vie, je vise pas l'absence de contrôle et le lâcher prise absolu, j'espère plutôt aller vers la souplesse, et accepter d'avoir besoin de contrôler partiellement et d'aimer ce sentiment en fait partie. C'est différent de me servir du contrôle pour découvrir de nouvelles sensations plaisantes que pour m'en priver...
Je trouverai passionnant qu'on discute de la RA et du contrôle. Le sport finalement c'est juste un terrain où on peut vivre, observer et changer plein de façons d'être dans le contrôle et la négligence de nos sensations. C'est aussi une occasion (parmi d'autres) de faire bien des expériences de retrouvailles avec soi, d'acceptation, d'attention, de plaisir. Il y a mille façons de manger, il y en a autant de se mouvoir.

Je me demande comment d'autres ressentent cela. Pour moi, la RA est aussi un apprentissage, et c'est aussi empreint de contrôle: on fait des exercices, on les répète, même si l'exercice ce n'est pas de noter nos sensations mais seulement d'attendre la faim, de déguster et d'arrêter à satiété. Après l'apprentissage vient l'intégration et ça devient naturel. Et un jour (je l'espère), tout ça s'assouplit et devient relativement intuitif.

En gros, s'il existait une rééducation du comportement kinesthésique, je suis en plein dedans. C'est houleux comme une RA, mais qu'est-ce que ça fait du bien d'être dans son corps et de ressentir du plaisir au mouvement.
(Cela dit, tout ça c'est chouette, mais j'ai encore bien du chemin à faire.)
Quand je pense que pour certains cela est spontané et pas envahi de choses douloureuses, je les envie un peu.

En tout cas, je suis convaincue qu'on puisse faire du sport sans chercher les bienfaits pour la santé ou pour l'apparence physique. Mais même si c'est ce qu'on cherche au départ, je me rends maintenant compte que ça peut énormément évoluer.

Mes motivations ont beaucoup changé depuis que j'ai recommencé à être en mouvement.
Première période : gagner en autonomie (pouvoir marcher et rester un peu debout), pour ma santé et pour perdre du poids
2ème : dynamique de recherche de plaisirs et de sensations (envie de faire de nouvelles expériences, de nouvelles activités)
3ème : recherche du plaisir et des sensations + apprentissage
Entre la 2ème et la 3ème, y'a eu comme une révolution souterraine. Honnêtement, je ne crois pas que ça aurait duré dans le temps si j'en étais restée à ne chercher que le plaisir. J'ai l'impression qu'il faut que ça s'inscrive dans quelque chose de stimulant aussi mentalement et/ou affectivement (partage avec des gens, ou dans une dimension sociale plus large) pour que ça prenne « corps » et que ça s'inscrive dans le temps.

J'en reviens à la RA. Ma nutritionniste m'avait indiqué qu'il serait important que je fasse un travail par rapport à mon corps, que je ne pourrais pas en faire l'économie. Elle avait en tête des modalités précises car c'est un de ses outils (je crois, une activité où il s'agit justement d'être attentif à ses sensations dans le mouvement), mais je n'étais pas prête à ce moment à m'y engager (j'étais déjà engagée dans un travail psychocorporel) et depuis, j'ai arrêté cette approche psychocorporelle car j'ai le sentiment de pouvoir faire ce travail là autrement (avec le "sport" et en thérapie). Je continue aussi avec la nutritionniste pour la RA.
Je ne sais pas si tous les nutritionnistes du GROS ont cette façon de travailler ni si la mienne ne m'a dit ça que parce qu'elle a vu que la façon dont je vivais mon corps serait un obstacle à la RA. Mais dans sa façon de travailler, un cheminement psy et un travail corporel étaient nécessaires.

Voilà un message presque aussi long qu'une RA ;)
C'est très long, j'ai enlevé des choses, essayé de structurer, j'ai hésité à le partager.
Je me suis demandée si ce que je racontais avait sa place ici et comme ça.
Mais finalement, ça, ce n'est pas qu'à moi de le dire. ;)
45 ans 91 1474
j'ai tout lu (c'est long il faudra que je relise, car j'ai sans doute zappé pleins de chose
mais je trouve ta démarche extrêmement intéressante.
ça m'a fait pas mal réfléchir. autant pour l'alimentation j'ai réussi à prendre du recul et à être moins dans le controle. autant dans la pratique sportive, je suis dans l'hyper controle. objectif, augmentation de la durée de l'effort, augmentation du nombre de kilos poussés.... quelque soit le prix, les douleurs ressenties, l'inconfort ... et quand j'arrive pas à atteindre l'objectif du jour, je suis super déçue.
c'est comme dans un régime en fait. mais c'est la seule méthode que je connaisse.

Donc je vais relire ton post.
;-)
37 ans 1547
Merci d'avoir pris le temps de me lire (une fois c'est déjà beaucoup ! ^^)

Ce que tu dis me fait penser à mon rapport ambivalent au plaisir (difficulté à le respecter, tendance à aller trop loin, à le gâcher, jusqu'à la douleur, plutôt que de m'en satisfaire et d'en prendre soin) et à la difficulté de tolérer les limites de mes capacités physiques (essoufflement, fatigue, douleurs, etc).

Je crois aussi que j'étais en colère, d'être allée si loin dans la prise de poids et dans les limites de mobilité que ça m'imposait. D'avoir des douleurs me faisait vivre mon corps comme quelque chose d'extérieur et de mauvais contre moi. C'est parfois comme se venger de s'en demander trop dans le sport sous des allures de bienveillance (c'est un peu trop valorisé à mon goût, le fait de "bouger". tout le monde semble d'accord pour dire qu'on fait ça pour notre bien... et négliger qu'on peut aussi trouver le moyen de faire ça pour d'autres raisons moins sympas).

Cette histoire de déception m'a rappelé plein de sentiments différents.
Être en mouvement c'est normal, le corps est fait pour cela, sinon nous n'aurions aucune articulation. (La théorie-minute-du-jour bonjour ^^) Ce n'est pas héroïque. Et pourtant c'est comme si parce que c'est dur, ça venait nous valoriser (un relan de culture judéochrétienne?), avoir un effet de revanche sur les préjugés des autres ou les nôtres. C'est tout de même curieux. Du coup, quand on est dans cette idée de faire dépendre sa valeur, son image, d'une chose spécifiques (telle performance ou rien que le fait de "bouger"; tel poids; telle situation sociale), on se coltine aussi les aller-retours entre idéal et déception. On se sent plus fort, plus "valable", mais c'est éminemment fragile, parce que ça reste toujours relatif à autre chose que soi, à une image plus qu'à soi.
Et puis il y a des moments de vie où on a plus besoin qu'à d'autres de restaurer une "image" de soi avant de pouvoir être juste soi.
Enfin je crois que je mélange plein de trucs là. :?

C'est la seule méthode que tu connaisses... d'accord, mais une méthode pour quoi, au juste ?
Si j'ai bien compris, au début, c'était pour réduire tes douleurs ?
Aujourd'hui, tu saurais dire ce que tu recherches, si ça a changé ou si se sont ajoutées d'autres motivations ?

Comme tu dis, ça a des allures de régime, et je crois que ce qu'on ressent quand on est dans ce type de spirale de contrôle, c'est comme pendant les régimes: une phase d'excitation, de jubilation, et de sentiment de puissance très dur à réfréner.

Par rapport à ton précédent message, est-ce que de faire du sport te permets comme de "déculpabiliser" (ne plus sauter de repas, manger des féculents) ton alimentation ? Car c'est une impression que j'ai eu furtivement, mais je ne sais pas si c'est ce dont tu parles.

Est-ce que ça fait longtemps que tu fais du sport ainsi ? Car peut-être que ça va aussi se moduler avec le temps, si cela est récent (le stage dont tu parlais notamment), car au fil de ce qu'on ressent nos besoins changent aussi.

(ps: est-ce que tu es accompagnée dans les objectifs que tu te donnes ?)
45 ans 91 1474
en fait j'ai fait pendant longtemps du sport en compétition, donc objectif performance. et de ce temps là, il y avait une ambivalence entre la fierté que je ressentais à réussir à faire du sport et l'image que ça donnait de moi, le fantasme et une réalité de terrain, les difficultés à bien réaliser les mouvements, la médiocrité dont je crois être affublée.

mm si j'ai arrêté la compét, maintenant, quand je fais du sport, c'est pour faire le plus possible, le mieux possible, etc. en te lisant je me rends compte que j'utilise aussi le sport en porte étendard "oui je suis grosse mais j'y arrive, je ne suis pas avachie dans mon canapé en mangeant des chips". je me sens plus valable en faisant ça... mais comme tu dis ça marche tant qu'on peut faire du sport.

Je suis rentré dans un cycle de douleurs chroniques qui font que je fais moins de sport et moins régulièrement. et y'a pas eu un jour où je n'ai pas culpabilisé de ne pas aller bouger... pas un jour. je me rends compte à quel point c'est lourd à porter.

Pour gérer les douleurs chroniques notamment au dos, j'ai été accompagnée pendant 1 mois par une équipe de kinés et médecins pour une reprise sportive. Donc le but, c'est d’être en meilleure santé. J'y suis allée à fond. hyper motivée, toujours à 100%. ça m'a joué des tours, car au bout d'un moment, mon corps a dit stop, mes muscles ne tenaient plus l'effort. Donc l'objectif performance était toujours là alors qu'officiellement c'est pour ma santé que j'étais là.
Quand on a fait le bilan, j'étais à la fois contente (car plus mobile, plus forte, plus tonique, gain de muscle, plus endurante, etc) et à la fois déçue (quasi pas de perte de poids, gain de muscle moins élevé que ce que j'attendais). ça m'a montré l'ambivalence entre mon discours officiel (aller mieux) et mes attentes profondes (perte de poids...).

Maintenant je suis seule à devoir gérer la pratique sportive et ...c'est carrément pas du tout la même donne. c'est le combat pour faire mes activités. je parlemente des heures avec moi même pour sortir faire une petite marche, un tour sur le vélo d'appart, ma gym d'entretien ou aller à la salle de sport.

par rapport à l'alimentation, ça n'a rien changé. je me sentais pas plus autorisée de manger plus calorique pendant le stage, ça s'est fait tout seul car j'avais faim plus souvent. Maintenant que je "sporte" moins, l'appétit est moindre... Le sport me régule car je mange mieux (en qualité), plus régulièrement et je fais moins de crises (quand rien d'autre rentre en jeu) car ça me détend.

c'est pour tout ça que ton article m'a interpellé. car étant obnubilé par la performance, il ne me vient pas à l'idée d'être attentive aux sensations corporelles, vu que dans le dépassement de soi, les sensations corporelles c'est la douleur, et on essaie à tout prix de se couper de ces sensations pour pouvoir finir le boulot. prendre du recul, être à l'écoute... c'est presque parler chinois pour moi.

Mais je ressens ce besoin d’apaiser mon rapport au sport. car je sens que je suis arrivée dans une impasse. je le fais en "mode contrainte" mm si officiellement c'est pour ma santé. et inconsciemment je ne suis pas dupe... ce qui fait que ça coince.
Donc merci pour ton intervention.
B I U