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Le sexisme ordinaire

34 ans 2571
En même temps, malgré les exemples qu'elle donne, il est vrai que la plupart des grands auteurs sont des hommes dans les siècles passés. Ca tient évidemment au contexte socio-culturel,  
et ça tend à s'estomper, d'ailleurs les plus "grandes" auteures citées sont récentes. J'ai rien contre Duras ou Colette mais Esla Triolet ne remplace pas Hugo ou Flaubert à mon sens.
Je veux dire : je trouve ça idiot de vouloir lire autant de femmes que d'hommes du 18ème siècle par exemple, car il est évident que l'époque a produit beaucoup plus de grands écrivains hommes, comme elle a produit plus de scientifiques hommes malgré Emilie du Châtelet. L'éducation des femmes, leur condition, ne leur permettait pas d'être aussi nombreuses à écrire des chefs-d'oeuvres.

Je trouve ça pas très naturel de ne lire que les femmes pour "compenser". Ni très productif. On aura beau relire Germaine de Staël, même si son écriture est de qualité, eh bien pour moi ce n'est pas immérité qu'on étudie plutôt Rabelais à sa place.
Le féminisme pour moi ne consiste pas à rechercher les femmes qui tiennent la route dans les siècles passés et à les porter aux nues en dédaignant les hommes, mais plutôt à traiter avec un intérêt objectif une oeuvre, sans tenir comtpe du sexe de son auteur. Et aussi à encourager la production actuelle par les deux genres pour une littérature égalitairement produite.

Ensuite, je trouve un peu de mauvaise foi de critiquer le fait qu'on n'étudie pas Annie Ernaux : ce n'est pas parce que c'est une femme, mais simplement parce que c'est hyper récent et pas encore entré dans les programmes. Cette année j'étudie en 1ère Jean Rouaud, et j'ai pas l'impression qu'ils connaissaient, pareil quand Modiano a eu son Nobel, aucun élève ne l'avait étudié avant.
On commence à peine à intégrer un auteur comme Jean-Luc Lagarce, mort il y a plus de 30 ans, parce qu'il s'est trouvé pour la première fois au concours de l'agrégation il y a 2 ans.

De plus, les auteures femmes sont je trouve relativement étudiées, il suffit de regarder les programmes et les manuels, notamment Fred Vargas, Yasmina Reza, Marguerite Duras (omniprésente dans les manuels), Sarah Kane, Louise Labé, Mme de La Fayette (jamais étudiée en bac L ??), Mme de Sévigné (en 4ème), Mme du Chatelet justement ainsi que Olympe de Gouge, Mme de Staël et Simone de Beauvoir (toutes les 4 dans le manuel Magnard), Christa Wolf, Marie de France, Colette...

A ce moment-là on peut aussi raler sur le peu d'auteurs noirs...
84 ans Bretagne 724
Salammbo a écrit:

Je trouve ça pas très naturel de ne lire que les femmes pour "compenser". Ni très productif. On aura beau relire Germaine de Staël, même si son écriture est de qualité, eh bien pour moi ce n'est pas immérité qu'on étudie plutôt Rabelais à sa place.
Le féminisme pour moi ne consiste pas à rechercher les femmes qui tiennent la route dans les siècles passés et à les porter aux nues en dédaignant les hommes, mais plutôt à traiter avec un intérêt objectif une oeuvre, sans tenir comtpe du sexe de son auteur. Et aussi à encourager la production actuelle par les deux genres pour une littérature égalitairement produite.
[...]
De plus, les auteures femmes sont je trouve relativement étudiées, il suffit de regarder les programmes et les manuels, notamment Fred Vargas, Yasmina Reza, Marguerite Duras (omniprésente dans les manuels), Sarah Kane, Louise Labé, Mme de La Fayette (jamais étudiée en bac L ??), Mme de Sévigné (en 4ème), Mme du Chatelet justement ainsi que Olympe de Gouge, Mme de Staël et Simone de Beauvoir (toutes les 4 dans le manuel Magnard), Christa Wolf, Marie de France, Colette...

A ce moment-là on peut aussi raler sur le peu d'auteurs noirs...

Et bien, oui, on peut effectivement râler sur le peu d'auteur-e-s noir-e-s... Surtout autour du sujet de la colonisation.
Et perso, ma scolarité ? Pas une seule femme auteure étudiée. Pas une seule. Par contre, étudier plusieurs bouquins d'un même auteur homme (au hasard, Zola, Voltaire), oui.
Du coup, "traiter avec un intérêt objectif une oeuvre, sans tenir comtpe du sexe de son auteur", je ne vois pas vraiment à quel moment l'occasion nous en a été donnée.
34 ans 2571
Pour les mêmes raisons, on a Senghor et Césaire et ensuite ça va un peu mieux, Kateb Yacine etc. Mais en langue française, ils sont moins nombreux que les écrivains de métropole, ce qui a des causes évidentes.
Mais il y en a au programme, notamment en 6ème, donc tout le monde les étudie.

Etudier plusieurs oeuvres de Voltaire me paraît prioritaire à lire Olympe de Gouge, clairement. Parce que pour avoir lu les deux, bah c'est plus riche chez Voltaire. Pas parce que c'est un homme, parce qu'il écrit des choses véritablement brillantes. Cette année en 2nde, j'étudie son essai "Femmes, soyez soumises à vos maris", au titre bien évidemment ironique, dans lequel il défend l'égalité hommes-femmes. Je trouve que son talent sert mieux la cause que de faire étudier Olympe de Gouge, qui n'illustre pas très bien, à mon sens, que les femmes écrivent aussi bien que les hommes...
C'est différent pour Simone de Beauvoir, que je trouve vraiment brillante et que je n'hésite pas à faire découvrir. Pas parce que c'est une femme, parce qu'elle est douée.

Pour moi, c'est ça, traiter avec un intérêt objectif une oeuvre sans tenir compte du sexe de son auteur, et c'est la responsabilité du prof. Pas de balayer d'un revers de main Zola, son importance historique, son traitement intéressant des femmes aussi d'ailleurs (un des premiers à dénoncer l'impunité du viol), pour y mettre une femme juste pour "tenir le quota" - quota artificiel vue l'époque.

Honnêtement, je m'étonne du peu de personnes de ce forum qui otn étudié "La princesse de Clèves", parce que pour un classique, c'est un classique... Même Sarko le citait comme paroxysme du classique rebattu. Pourtant on peut pas dire qu'il avait une culture très pointue.

Les élèves connaissent aussi très bien Amélie Nothomb en général, qu'on étudie souvent au collège. C'est une auteure qu'ils lisent avec plaisir très souvent. Bref les élèves que je vois tous les jours ont une image de l'écrivain qui n'est pas exclusivement masculine, surtout de l'écrivain contemporain.

Les clichés que je vois vraiment, c'est l'idée que les poètes sont tous homosexuels : la preuve, ils parlent de sentiments. Ce qui me désole.
34 ans 2571
Autre remarque : j'ai horreur de donner l'impression aux élèves que les écrivains femmes n'écrivent qu'au sujet de la condition des femmes. Et les noirs à propos de la colonisation. Ou que les hommes se fichent de la question féminine.
Je trouve qu'en voulant aider, on renforce les clichés parfois. Quand j'étudie un auteur noir/femme/homo/n'importe, je ne mets pas l'accent sur ça, on s'en fiche.

Honnêtement, les programmes permettent d'étudier des femmes. Au professeur de rester objectif dans ses choix et d'être au clair sur les raisons qui les motivent.

Mais un prof qui étudierait 50% de femmes sur le 16ème siècle, je le trouverais pas objectif. Parce que ça correspond pas à leur importance effective dans la littérature de l'époque. Il faut pas non plus faire d'anachronisme.
33 ans 172
Salammbo a écrit:
Autre remarque : j'ai horreur de donner l'impression aux élèves que les écrivains femmes n'écrivent qu'au sujet de la condition des femmes. Et les noirs à propos de la colonisation. Ou que les hommes se fichent de la question féminine.
Je trouve qu'en voulant aider, on renforce les clichés parfois. Quand j'étudie un auteur noir/femme/homo/n'importe, je ne mets pas l'accent sur ça, on s'en fiche.

Honnêtement, les programmes permettent d'étudier des femmes. Au professeur de rester objectif dans ses choix et d'être au clair sur les raisons qui les motivent.

Mais un prof qui étudierait 50% de femmes sur le 16ème siècle, je le trouverais pas objectif. Parce que ça correspond pas à leur importance effective dans la littérature de l'époque. Il faut pas non plus faire d'anachronisme.


Tu trouves personnellement que les programme permettent d'étudier des femmes, mais quand on dit qu'en 13 ans de programme de bac L, on ne retrouve aucune femme contre 32 hommes, il n'y a pas grand chose à redire...
34 ans 2571
Ok pour le programme de Terminale L.

Les autres classes ne comptent pas ?
49 ans région parisienne 5831
Perso, j'ai fait S, puis prépa et je ne me souviens d'aucune auteure: j'ai étudié Rabelais, Flaubert (Salammbô justement ;) :lol: ), Molière, Malraux, Socrate, Butor, Balzac, Voltaire, Bosco, Proust...

J'avoue que quand je vois qu'Henri Bosco figure dans la liste (bon, chacun sa sensibilité, clairement, mais perso, c'est un de mes pires souvenirs de lecture, et pourtant, je lisais énormément), alors que bien des femmes contemporaines sont quand même nettement plus douées (à mon sens). Mais bon, ce n'est qu'un exemple, et je le regarde avec le prisme de ma détestation de "l'enfant et la rivière"... mais j'ai peur qu'on retrouve très souvent ce même schéma.

Sur le fond, tu as raison, Salammbo, un prof de français doit avant tout choisir de bons écrivains, qui ont compté dans la littérature, et il est vrai qu'il y a sans doute moins de femmes que d'hommes, pour des raisons évidentes sociologiquement parlant. Mais de là à ce qu'il y ait presque aucune femme... je pense qu'il y a une marge pour choisir quelques bonnes auteures. ;)
49 ans région parisienne 5831
Tiens, je ne me souviens même pas d'avoir étudié George Sand...
48 ans 1896
Je ne me rappelle pas non plus avoir étudié d'oeuvre intégrale écrite par une femme. Les seuls souvenirs précis que j'ai, c'est le poème de Louise Labé "Je vis, je meurs" et un texte de Christine de Pizan. Il doit y avoir par-ci par-là un autre texte court, mais pas plus. On nous conseillait aussi des lectures en plus de celles étudiées en classe, il devait bien y avoir du Georges Sand ou autre là-dedans. Mais il n'empêche, la place des femmes était réduite.

Du coup, l'idée de ne lire pendant un certain temps que des oeuvres de femmes ne me paraît pas absurde.
M
93 ans 1565
Je me rappelle avoir eu des textes de Colette au collège mais sans les étudier en profondeur. Au lycée,je n'ai étudié que des hommes (dont Ethiopiques de Senghor en terminale que j'ai beaucoup aimé).
Peut-être que les auteures ont commencé à faire leur apparition dans les programmes qu'assez récemment?
Lire que des auteures pour compenser me parait assez contraint en fait. Perso,je lis un bouquin parce que j'ai envie de le lire,je ne me préoccupe pas du sexe de son auteur.
Il se trouve juste que mes auteurs favoris sont des femmes :lol:
40 ans Niort 1336
MaudK a écrit:
Lire que des auteures pour compenser me parait assez contraint en fait. Perso,je lis un bouquin parce que j'ai envie de le lire,je ne me préoccupe pas du sexe de son auteur.
Il se trouve juste que mes auteurs favoris sont des femmes :lol:


Idem... Sauf que mes auteurs favoris sont variés (rip terry prachett :cry: ) mais je regarde ma bibliothèque, et autant de femmes que d'hommes. Faut dire que dans le milieu du polar, la révolution a été faite il y a des années, à ce niveau !
34 ans Paris 3680
J'ai fait L et je me souviens avoir essentiellement lu des livres d'auteurs hommes.

Les seules femmes qui me viennent en tête là c'est Nathalie Sarraute et Simone de Beauvoir (pour le lycée) il y en a peut-être eu d'autres mais je ne me rappelle plus bien. Mais sur la période du lycée des hommes on en a eu à la pelle : Rabelais, Molière, Voltaire, Flaubert, Marivaux, Musset, Rousseau, Perrault, Shakespeare, Lampedusa, Diderot...

Pour ma bibliothèque perso : des hommes et des femmes. En heroic fantasy et en polar il y a quand même des femmes et dans les romans historiques que j'ai lus et que j'ai chez moi je crois que j'ai principalement des auteurs femmes. Après j'aime plein de styles et d'auteurs donc c'est varié (snif LaPo, Terry Pratchett RIP oui :( )
38 ans Orgrimmar 6511
J'ai fait S, et pas souvenir d'une seule auteure étudiée...
Camus, Vian, Voltaire, Chateaubriand, Rabelais, Zola, Hugo, Anouilh, j'en ai des souvenirs assez nets, mais aucune femme ne me revient... D'ailleurs, je suis assez inculte sur la question, de toutes celles que vous avez cité (que je connais de nom évidemment) je n'ai du lire que Amélie Nothomb et La Comtesse de Ségur^^ Et pourtant, je lis pas mal, moi aussi.

Du coup, je me dis qu'il va falloir que je me trouve ça.

Tiens, sinon en cherchant des bouquins pour mon bébé, j'ai découvert les éditions "talents hauts"
http://www.talentshauts.fr/?p=catalogue8-1.
J'attends de voir, je ne veux pas non plus que tous les héros soient des héroïnes et que tous les ptits mecs soient plus cons et peureux que les ptites nénettes. J'aimerais bien du vrai "anti-sexisme". Quand j'ai les sous j'achète, je vous dirai ce que j'en pense!
84 ans Bretagne 724
Salammbo a écrit:
Ok pour le programme de Terminale L.

Les autres classes ne comptent pas ?

J'étais en ES, et pas une seule auteure étudiée non plus.

Bon, après, je n'ai pas fait le choix de Diglee, perso. Mais je le comprends. Peut-être qu'un jour, pendant une periode de ma vie, je choisirais de m'orienter vers des auteures femmes sciemment, pour forcer un peu le barrage qui fait que les hommes nous parviennent bien plus facilement que les hommes.
84 ans Bretagne 724
que les femmes *

Bien sûr, que les femmes. Mon royaume pour une fonction edit, please.
B I U