Enfin au moins là on
peut être sur que la "majorité silencieuse" a définitivement déserté le sujet ! :lol:
Bah ça, avant même mon précédent post, c'était foutu : rien qu'à voir les réponses qui ont déjà été données, le débat est mort-né (avec une délicieuse virulence qui m'a donné un odieux et délicieux frisson, un sentiment de soulagement).
J'ai pas été super-honnête sur ce coup, puisque si y'avait eu des réponses enthousiastes sur le bonhomme et sa prose, j'aurai fini (mais plus tard) par sortir toute la caisse à outil, de la pelleteuse au scalpel, en passant par la batte à clous, pour charcuter le modèle de reproduction sexiste des rapports homme/femme que présente, alimente, naturalise, idéalise, et propose de reconduire en pratique notre cher docteur Gray (ça le fait bouffer aussi, faut dire, lui et les néo-conservateurs, surtout que Bobonne sera une bonne maitresse de maison, polie et propre sur elle).
Dans l'idée au départ c'était qu'Eveange nous a présenté un fake (malgré tout relativement proche) des manuels d'économie domestique d'il y a 40 ans. Moi ce qui m'a gêné, c'est qu'on ai besoin de remonter 40 ans en arrière pour dénoncer le formatage sexiste des rapports de genre, alors qu'en réalité, ça existe encore aujourd'hui, là, sous notre nez, dans les librairies, à la télé, la radio, au boulot, dans la rue, chez soi, partout...
Et ce qui m'enerves encore plus, c'est que par les temps réactionnaires qui courrent, on laisse passer ce torchon comme une lettre à la poste : Desproges aujourd'hui aurait été accusé de racisme, par contre les Mein Kampf qui sentent bon l'eau de rose, ça se vend dans les librairies de gare, dans les plaquettes publicitaires, dans les rayons vêtement-enfant des petites boutiques et des supermarchés. Rose pour les filles, bleu pour les garçon, pourquoi à votre avis? Ca commence dès le berceau, avec la couleur de la layette qu'ont choisi tante Aglaé et son mari Gaston sur le catalogue de la Blanche-Doute.
Même le nom de ce forum "Le Cercle des Amazones et des Zommes" me met un malaise, on dirait un titre naturaliste d'entomologie "Observons l'Homme, compagnon de la femme, tel qu'il fonctionne... Observons également la femme, compagne de l'homme, telle qu'elle fonctionne"... heureusement le contenu dépasse (très souvent) les clichés, et me laisse à penser qu'il porte un rire qui ne s'y laisse (pas tout à fait) prendre...
... mais quand même...
Ce bouquin, je l'ai lu (et je me suis fait violence pour le faire), et je comprend pourquoi tant de gens s'y reconnaissent : ça parle de leur quotidien, de mille et une petites choses, ça met le doigt sur un siècle de glissement qu'ont patiemment, péniblement, poussé et secoué, mille luttes féministes, et ça nous dit "mais c'est là qu'est la fissure, c'est là qu'il faut restaurer les choses à leur place, réparer, conjuguer les talents du rose et du bleu".
J'aurai peut-être dû lancer le sujet sur la question "Femme ou homme, le naît-on ou le devient-on?", plus ouverte, déjà plus respirante. Encore que. J'aurais tendance à penser que tout est culture, rien n'est nature, que le débat sur l'inné et l'acquis est un grand foutage de gueule.
Mais je serais un grand (ou petit, au choix :P ) connard si je pensais que les gens que ça rassure de lire ce genre de daubes étaient des croutons à soupe. Or j'ai ma fierté à être un connard plutot moyen. C'est à dire que je préfère les oignons aux pommes : pelez une pomme, y'a de la chair puis des noyaux ; pelez un oignon, y'a rien que des peaux sous des peaux sous des peaux...
En bref, ça veut dire que le sexisme intégré et accepté par les femmes, c'est une manière de se protéger (une couche de peau qui en cache protège une seconde, et pas une "nature féminine retrouvée") : concrètement par exemple, je pense au post de Liebling sur les femmes battues. Où, si une femme battue ne dénonce pas "son amour" plein d'écchymoses, c'est simplement parce que si elle le fait, elle se retrouve à la rue. Bon gré, mal gré, une protection "satisfaisante" gagne à devenir normale, même si elle est "un tant soit peu limite oui", mais on peut regarder ça avec une tendresse amusée (c'est de l'ironie là, mais de l'ironie sur du réel).
Voilà en quoi je trouve que ce genre de littérature sexiste est à la fois rassurant pour beaucoup de gens, et en même temps très dangereux. Voilà en quoi je trouve que le fonctionnement "moral" d'une société génère ses propres contradictions, ses propres violences de border-line, qui finalement, sont si cohérentes (mais clandestines) avec la morale (mal) établie.
Bref, ça me gênait vraiment qu'on prenne un (simili-)truc vieux de 40 ans pour se dire que "dans le fond aujourd'hui on n'est pas si mal loti", alors que merde, on offre toujours des camions de pin-pon à nos bambins, et des poupées barbantes à nos bambines. Ce qui est hyper-grave en terme de responsabilités (je le pense vraiment).
Euh, promis la prochaine fois j'essaie de pas troller les sujets que j'ouvre (déjà que j'ai du mal avec ceux que j'ouvre pas...) :?