Je pense qu'il y a dans ce débat une vision de l'école faussée (du moins, je l'espère). Dans une classe, déjà, tous les enfants ne font pas la même chose. Même si les objectifs sont les mêmes pour tous (sauf cas particuliers). Et je n'ose imaginer un instit qui ferait "cour" sur les patates et tomates en ce1. Ca reste une vision déformée que les parents ont de l'école "old school" : le maître, devant le tableau noir, les gamins assis derrière leurs pupitres, au tableau un dessin de tomate : "ceci est une toooomate, répétez après-moi : toooomate". :lol: Je me marre rien que de l'écrire.
Une vision plus réaliste du truc, serait, par exemple, en maternelle de lire
la soupe au caillou, puis de proposer aux gamins de faire une soupe en classe, donc on amène des légumes, on les nomme, on les compare, on les touche, on les goûte, on découvre aussi les ustensiles de cuisine et on manipule, et on fait une bonne soupe en classe et ouaaaah, tous les gamins qui à la cantine disent "les légumes c'est pas bon" se régalent avec "leur" soupe. Je crois que personne n'est pénalisé la dedans, même les gosses qui font et mangent des soupes régulièrement avec leurs parents, car je pourrais citer au moins 5 compétences travaillées en plus de "connaître les légumes" (qui n'est d'ailleurs pas une compétence mais bref).
Idem en ce1. Apprendre les légumes : un peu HS. MAIS s'il y a un gros vide dans la classe à ce niveau, il y a plusieurs portes d'entrée possible : la croissance des végétaux, le cycle de la vie sont au programme donc hop, hop, on fait un potager dans l'école avec la classe. Et on observe comment poussent nos patates et nos tomates. Tous les gamins sauront à la fin à quoi ressemblent patates et tomates, pourtant, ce n'est pas la compétence travaillée. Et ceux qui le savent déjà y trouvent leur compte. Dans une classe où UN gamin ne sait pas ce qu'est une tomate, j'imagine bien l'enseignant bloquer un créneau de 45 minutes pour l'apprendre au 26 autres élèves aussi ;) Soyons réalistes.
Lénore parlait plus haut de sens critique, et du coup ça m'a donné une idée. Par exemple, en abordant la nutrition par la lecture des étiquettes alimentaires, il y a possibilité de comparer avec la publicité ("des noisettes et du lait" -> "ah bon, mais dans les ingrédients, il y a 45% d'huile végétale, c'est quoi ??"), c'est l'occasion de faire des liens avec les modes de vie du passé (programme de ce1) en sortant des menus-types de gens de la région il y a 80 ans etc. etc.
Je sais bien qu'il y a des profs qui font des cours chiants : "ouvrez votre livre p. 25 : que voyez-vous ?" -> "une tomate", ou des trucs chouettes sans savoir l'expliquer aux parents, d'ailleurs. Mais l'argument des enfants qui "s'ennuient" parce qu'ils "savent déjà" c'est ignorer le travail mené en classe.
Quand au débat éducation/instruction, je pense que l'école a forcément un rôle éducatif, même si ça n'est pas, à mon sens, sa fonction première (qui revient aux parents). Je ne vois pas comment des adultes qui encadrent des enfants 24h/semaine minimum pourraient se dédouaner de leur rôle éducatif. Maintenant, en terme de nutrition, je pense que l'école, comme dans beaucoup d'autres domaines, doit apporter des informations factuelles, une certaine ouverture, du sens critique, une manière de réfléchir etc. Les valeurs (bien/mal) sont réservées au cadre familial.