_Aphasie_ a écrit:Un peu comme toi Bouchecousue, j'ai été assez perturbée de me retrouver dans ce portrait. Je n'avais jamais songé à une telle hypothèse, même après trois ans de suivi avec un psychothérapeute et un psychiatre.
Lis les pages suivantes, qui font un portrait plus précis du "ni-ni", et dis nous ce que tu en penses !
Alors... je suis venue, j'ai lu, j'ai (pas encore) vaincu.
Le bouquin est vraiment passionnant même si, du point de vue concret, on sent qu'il y a été écrit il y a une vingtaine d'années parce que, si on devine clairement en germe les principes de la RA et que les solutions proposées n'ont rien de celles d'un Dukan, l'idée du régime n'a pas encore été abandonnée par Apfeldorfer et c'est quand même, ultimement et à l'issue de la thérapie, ce qu'il semble proposer.
Malgré tout, j'ai trouvé la lecture excellente et je démarre clairement là une nouvelle page de ma thérapie perso et de ma compréhension de mes troubles alimentaires.
Parce que, clairement, j'étais dans une impasse dont cette idée de "vide intérieur" m'aide à sortir.
- J'avais totalement réformé mon alimentation quotidienne, étais sortie de la restriction cognitive, mangeais de tout, cuisinais...
- J'avais quasi totalement arrêté les crises sous le coup d'émotions fortes (ce que j'appelle la "nourriture réconfort" avalée en urgence et sans plaisir).
- Pour autant, je continuais à criser, mais de manière plus "paisible" et sans émotion associée autre qu'un... vide, justement. Pas une émotion véritablement négative, pas un ennui, mais un vide. Un vide qui m'angoisse, je le réalise maintenant.
Je ne me suis pas finalement reconnue dans le "ni-ni" (même si j'ai quand même l'impression de m'être construite en opposition dans bien des domaines). Et la position hyperempathique me semble être quelque chose qui - dans son expression "totale" en tout cas - se rapporte davantage à celle que j'étais enfant ou préado que par la suite.
Pour autant, je pense que cette peur de "n'être personne" m'a construite, d'une certaine manière.
D'ailleurs, c'est quelque chose que je retrouve à l'heure actuelle dans d'autres domaines que la bouffe, par exemple celui des études. Depuis mon bac, je ne suis pas foutue de suivre un cursus (quel qu'il soit), je procrastine à mort, j'angoisse.
Je pense que - en plus d'autres facteurs - c'est dû à ma peur d'être "écrasée" par le savoir, en fait. Comme si... comment expliquer ? ... comme si, par exemple, en lisant diverses théories sur un sujet, j'avais peur d'être d'accord avec toutes à la fois, de ne pas savoir ce que j'en pense. L'idée de ne pas avoir d'avis personnel, d'avis tranché sur un sujet, m'angoisse en fait à mort. Je ne sais pas si je suis claire :?
De même, comme ma mère a toujours exigé de moi que je sois une bonne élève (ce que j'ai cessé d'être vers 16 ans, en même temps que beaucoup d'autres trucs que mes parents attendaient que je sois) j'ai l'impression que j'ai peur d'accéder à nouveau à cet "état", comme si le fait qu'il émane de son désir à elle avant tout m'annihilait.
Bref, j'ai l'impression d'être embarquée dans un genre de quête identitaire. Enfant, j'étais hyperempathique. Ensuite, je me suis construit une identité bien à moi, mais qui semble toujours avoir besoin d'être confirmée en me comparant aux autres.
Que ce soit au travers de leurs opinions (Machin pense ça, moi je pense différemment ; ce film a cette thèse de fond, je ne suis pas d'accord) ou au travers d'un ressenti individuel de nature émotionnelle. J'ai remarqué, par exemple, que je me passionne d'emblée pour une série ou un jeu vidéo avec des personnages "forts", qui sont comme de vraies personnes, avec leurs qualités, leurs défauts, leur complexité : bref, des personnages avec lesquels je peux entrer "en empathie".
Ce qui me permet à la fois de combler un besoin empathique et de m'en préserver : c'est facile de quitter un jeu ou d'arrêter de regarder un épisode, c'est plus difficile de "zapper" quelqu'un dans la vie sociale quand je me sens bouffée et écrasée par sa présence.
Je me suis reconnue également dans l'hyperexcitabilité nécessaire aux hyperempathiques : j'ai besoin de changer d'activité toutes les 10mn, de passer d'un forum à un autre, d'un bouquin à un jeu, d'une discussion à un film... Ca me gonfle (parce que, évidemment, je ne profite pas pleinement d'un film que je regarde par tranches de 10mn :roll: ), mais je n'arrive pas à faire autrement.
Comme si, effectivement, comme le suggère Apfeldorfer, j'avais toujours besoin d'être "excitée" pour me ressentir moi-même.
Breeeeeeeeeef... Encore une fois, je ne sais pas si je suis claire :lol: ... mais ce qui est sûr, c'est que ce livre a déclenché en moi beaucoup de réflexions.
_Aphasie_ a écrit:en fait [mode "my life" on], j'ai été assez destabilisée, au début de ma psychothérapie, par la "neutralité" de la thérapeute. J'étais incapable de deviner ce qu'elle pensait, elle ne livrait rien d'elle. Du coup j'étais clairement mal à l'aise face à elle. C'est très étrange de n'avoir aucune prise sur quelqu'un.
Elle m'a expliqué, plusieurs fois, que ce rendez-vous était un espace pour moi, qu'elle était là pour m'écouter, quoi qu'il arrive, mais que tout venait venir de moi, que je n'avais pas à chercher une réaction, une approbation ou un désaccord de sa part. Elle m'aidait à réfléchir, sans jamais me donner de conseils.
J'ai mis du temps à le comprendre, puis peu à peu, le malaise a disparu, j'ai pu vraiment m'interroger sur moi même. Au final je trouve qu'elle a eu la bonne attitude, car elle m'a fait "sortir" en quelque sorte de cette position hyperempathique. En effet, Apfeldorfer explique bien que l'on n'est pas forcément hyperempathique toute sa vie. Il propose d'ailleurs de créer un espace d'écoute pour l'individu, pour débrouiller cette position hyperempathique.
[mode "my life" off]
Ben ta life est ma life, parce que j'ai vécu exactement la même chose avec ma psy il y a quelques années ;)