papille a écrit:
Quand vous dîtes que vous faîtes une RA, vous vous rééduquez à quoi au juste si vous n'avez pas une difficulté à réguler votre alimentation à la base ?
Dans ce cas vous êtes peut-être simplement mangeur régulé sensoriellement ou cognitivement, ou un peu les deux (et peu importe j'ai envie de dire).
Des tas de gens de mon entourage régulent leur alimentation en fonction de leur faim, de leur satiété, de leurs idées et des rythmes sociaux. De tout ça à la fois, à des proportions différentes selon les contextes. Ce n'est pas parce qu'ils écoutent spontanément leurs sensations qu'ils se sentent faire une RA.
Je me dis qu'une RA ça suppose qu'on apprenne à réguler son alimentation à partir de ses sensations et qu'un moyen nécessaire à cela est de renoncer à une régulation cognitive surinvestie.
Mais ça ne veut pas dire que toute personne qui mange en fonction (partiellement ou uniquement) de ses sensations réalise une rééducation alimentaire.
Tous ces éléments que tu pointes me parlent.
Dans mon idée, faire une rééducation est temporaire. Quand on est rééduqué, on arrête puisque par définition on a retrouvé un fonctionnement satisfaisant.
Pour répondre précisément à ta question, dans mon cas, il a justement fallu que je renonce à une restriction cognitive de longue date, puisqu'entre 1988 et 2008 j'ai maintenu artificiellement mon poids 8 à 10 kg en dessous de ce qu'il est si je ne m'impose pas de restriction. Au prix d'énormément de souffrance. En diabolisant et m'interdisant plein d'aliments que j'adore. En utilisant le sport et la cigarette comme objectifs minceurs. Et surtout en m'empêchant d'apprendre à accepter et à aimer mon corps tel qu'il est.
En l'espace de 4 ans, j'ai réussi cette acceptation que je n'avais pas pu faire en 40 ans, et pour moi cela est probablement le plus grand bénéfice de la démarche que j'ai entreprise. Je ne me sens pas "faire une RA", j'en ai appliqué les principes avec une certaine souplesse me semble-t-il (d'où les boissons light probablement ;) ) parce qu'en ce qui me concerne, les démarches trop "rigides" sont souvent vouées à un échec.
papille a écrit:
Je trouve sinon que "réfléchir" est indispensable pour la rééducation alimentaire (à différencier de l'alimentation tout court justement!) au sens de conscientiser des processus, sensations et comportements qui se produisaient pour moi avant comme si je n'y étais plus vraiment. Comme tout processus d'apprentissage, ça demande une énorme attention au début, puis ça s'automatise et rend disponible à autre chose notre attention. Ça se rapproche d'une régulation sensorielle spontanée et dans ce cas on peut peut-être se considérer comme régulé et plus en rééducation.
Personnellement je trouve qu'adulte, tout apprentissage sensori-moteur (mais pas que) nous fait découvrir beaucoup plus subtilement ces phases d'appropriation que l'on a passé enfant en apprenant à marcher, parler, lire, écrire sans forcément pouvoir exprimer/conscientiser ce qu'il se passait pour nous.
Si tu bois d'autres boissons caloriques, qu'est-ce qui les différencient de ta différenciation solide/liquide le reste du temps et qui est la raison pour laquelle tu choisis l'édulcorant ?
Parce que moi aussi quand j'ai faim, je préfère mille fois plus manger du solide. Par contre, justement, je vais plutôt avoir tendance à refuser un jus de fruit ou un alcool, un apéritif, précisément parce que je préfère apprécier le solide.
D'après ce que je comprends tu voulais plus parler de comment tu vis les remarques des autres qui blâment les édulcorants, c'est ça ? Bon, alors ce sujet est une bonne illustration :D
C'est précisément ce que j'ai expliqué plus haut, je me sens régulée sans y accorder trop d'attention ni importance. Je reste toutefois fragile (mais je me soigne ai-je envie d'ajouter :lol: )à ce niveau .
Après, les boissons alcoolisées pour moi sont à part, en ce sens que je ne les bois jamais pour me désaltérer mais toujours uniquement par plaisir. Je refuserai le jus de fruit mais jamais le verre de vin !
Enfin, oui ce sujet est une excellente illustration des remarques concernant le light, qui dépasse largement ce que j'aurais imaginé !!!
papille a écrit:C'est pour moi une forme de croyance hygiénique (hygiéniste?) (je veux dire relative à la santé, au bien faire par rapport à ça mais je ne sais pas si le terme est bien choisi) comme d'autres croyances alimentaires peuvent l'être qu'on véhicule à longueur de journées sans forcément avoir un vécu derrière à partager ou avoir vraiment quelque chose à dire.
Des fois, ça me semble plus un énoncé pour la personne elle-même (se convaincre, se situer, se rassurer, décharger sa peur, se cacher derrière des idées-prêtes-à-penser quand on n'a pas développé ou assumé la sienne) que quelque chose qui m'est adressé pour moi. J'en viens à me demander si ça mérite une autre réponse que de s'intéresser au comportement de l'autre plutôt qu'à répondre sur mon comportement, voire dans le dernier cas de parler pour ne rien dire, si ça mérite réponse tout court.
Au final, la seule chose qui me paraît importante ce serait de ne pas laisser circuler des idées qui me paraissent potentiellement nocives en exprimant ce qui me semble juste (sans autre ambition que l'exprimer)
(par exemple, peut-être assumerais-je mon agacement verbalement)
Je crois que j'ai assumé mon agacement en lançant le sujet.
J'en ai tellement entendu sur l'aspartam que je ne pense pas prendre ça pour moi (en tout cas, ça n'a jamais modifié l'usage que j'en fais, donc aucune modification de mon comportement).
Et oui, je crois que le discours hyper-hygiéniste ambiant (mangez/bougez, nourriture saine, naturelle) véhicule pas mal d'idées potentiellement nocives en ce qu'elle peuvent tendre à dé-réguler certains comportements alimentaires.
Désolée pour la tartine.