petite réflexion sur la France: xénophobe ou non??

Cute a écrit:
:oops: Merci!

DDounette :arrow: Bonjour, Non ce n'était pas spécialement pour toi mais pour une majorité de personnes qui utilisent ce mot, et ce qui m'escagace, c'est qu'on l'utilise pour parler du "parquage" des immigrés mais les cités sont aussi peuplées de français à revenus moyens.

Pour ce qui est de la vie du quartier où vraiment quand j'étais petite, et je parle du quartier des Bergeries à Draveil (91), je pense qu'à l'époque, les gens qui y vivaient avaient connu l'immigration. Le fait de se sentir "déraciné" de son propre pays, l'arrivée en terre inconnue mais avec l'espoir d'une vie meilleure.

Je reviens à mes arrières grands-parents qui même si leur arrivée en France a été très difficile, ils pensaient toujours à ce qu'ils avaient laissé en Italie, une Italie qui à l'époque oscillait entre le fascisme et les "camice nere", et ils essayaient de voir le positif dans chaque petite chose car dans leur esprit l'Italie ne pouvait leur offrir mieux.

Une anecdote :

L'ancien voisin de ma maman, un marocain a 3 fils, les deux aînés de mon âge et le petit dernier qui a 17 ans. J'étais en cours avec les 2 premiers et nous passions nos WE de sorties ensemble. Sauf que l'été, ils partaient 2 mois au bled chez les grands-parents.

Quand ils rentraient, ils nous racontaient leurs vacances, la montagne, les grandes étendues (ils étaient d'un petit village au pied de l'Atlas), les chèvres avec le grand-père qui les attendaient pour faire des petits travaux dans la maison familiale, bref ... pas toujours de tout repos mais ils nous disaient souvent que eux en France avaient plus de confort, qu'au bled la vie était plus difficile, que certains de leurs cousins ne pouvaient pas aller à l'école, qu'il fallait travailler même petit...

Ces sentiments ont fait naître en eux une certaine "gratitude" envers les facilités d'accès aux études (je vis en Bretagne donc surement privilégiée par rapport à la banlieue), envers l'accès aux soins ... tout ce qui fait qu'il fait mieux vivre en France plutôt qu'au bled pour pas mal de raisons.

Ils n'ont jamais oublié d'où ils viennent, mais aujourd'hui un est Directeur Commercial dans une boîte de moteurs de bateaux sur Nantes et l'autre travaille en laboratoire indépendant de contrôle qualité.

Le petit dernier, lui ... n'a jamais voulu aller au bled après sa première expérience là-bas. Trop dur, pas d'internet, pas les copains du quartiers, pas envie de se lever tôt, encore moins d'aider la grand-mère (le grand-père est depuis décédé) ... Lui il en veut à la France d'avoir laissé à ses parents l'étiquette "d'immigrés", il dit qu'il veut "venger" ses parents, que la France a fait des différences ... etc.

Ce que je veux dire par-là, c'est que la meilleure des "vengeances" que moi j'appellerais "revanche", c'est celle de ses 2 grands frères avec qui d'ailleurs il est en conflit permanent. Les parents qui sont un peu plus âgés que la moyenne car le petit dernier est arrivé un peu tard, n'ont pas la force de lutter contre cette "rage" qu'il nourrit, pour eux les trois ont été élevés de la même façon, la seule différence est que mes deux potes mesuraient chaque été, cette "chance" d'être issus de l'immigration et d'avoir pu accéder à des droits fondamentaux qui dans leur pays d'origine sont à oublier.

Cette anecdote pour dire qu'en fait, il y-a 25/30 ans, les immigrés, qu'ils soient musulmans, catholiques ou autres avaient envie de faire partager des choses ce qui atténuait la peur de l'inconnu pour les autres. J'ai participé à des "fêtes du mouton", au repas de fin de ramadan (mes papilles s'en souviennent encore), au partage ...

Je crois que quand on sait regarder d'où l'on vient et comment cela aurait pu être si l'on n'était pas parti, on ne peut apprécier ce que l'on a .

Je n'enlève en rien les difficultés des quartiers qui sont laissés à l'abandon, à l'auto-gérance et là, il est grandement temps de faire quelque chose mais ce quelque chose se fera main dans la main, ce qui implique de regarder dans la même direction et de baisser les armes.

-Vany-

Je vois, merci pour ta réponse.
En effet peut être que ses frères avaient une motivation de se battre et de repousser des limites.

Mais pour moi le problème est que quand on est né en France et qu'on est coupé de ses racines, on ne devrait pas être considéré comme immigré de deuxième ou troisième génération mais comme français.

Ca ne veut rien dire, on va aller jusqu'où comme ça ? On arrêtera de les considérer comme immigrés de Nième génération quand ils auront suffisement réussit à se métisser au point que ça ne se verra plus sur leur visage ?

Quelle différence entre ce jeune homme et un français de souche qui ne peut pas mesurer lui non plus la chance qu'il a, vu qu'il n'a pas lui non plus connu comment ça aurait pu être ailleurs ?

Peut-être qu'en effet il ressent une différence, qu'il la trouve injuste, qu'elle est bien réelle et qu'elle ne devrait pas exister.

Pour moi c'est un peu comme l'inégalité hommes/femmes.
Quand tu es une femme, bien souvent il faut montrer que t'en veux, que t'es motivé, que t'es compétente, disponible, ... toujours plus que certains hommes parce que les gens ont des a priori donc tu dois les convaincre qu'ils se trompent. Alors oui tu peux t'en sortir et avoir un bon job mais tu vas en baver et ta progression sera plus lente que certains hommes auquels on ouvre grand les portes. Tu auras peut-être même le plaisir de rester ventousée comme un gecko sur le plafond de verre ...

Il est là le problème, c'est que ce que le rejet que ces personnes ressentent existe peut-être bel et bien.

:lol: "c'est que ce que le" = "C'est que le"

merci pour ton intervention DDounette, j'allais répondre plus ou moins la même chose...ton exemple avec la condition des femmes est très pertinent, vraiment...petite anecdote, ma grande sœur habite un bâtiment haussmannien à paris, elle gagne bien sa vie, normal quand on a un bac+9 sauf que quand elle rentre dans son bâtiment, on lui demande si elle est la femme de ménage, quand elle ballade son gamin au parc, quand elle va dans une réunion avec des élus, ils lui parle comme si elle était limité et on fait des blagues pas drôle sur les filles maghrébine...si les deux frères dont tu parles, vany56, ils doivent galérer bien plus que les autres...ça fait 100 ans qu'on est dans ce pays et jusqu’à aujourd'hui on est toujours considérés comme des citoyens de seconde zone...et quand je vais au bled, c'est comme en France mais avec plus d'arabes, c'est pas le tier-monde non plus.

miss-nouna a écrit:

Attention, je n'ai parlé que de mes deux potes qui sont originaires d'un tout petit bled au pieds des montagnes de l'Atlas ... je n'ai pas parlé du tiers-monde!

La seule chose que je voulais dire c'est que les conditions de vie n'étaient pas les mêmes. Leurs cousins du même âge, ils gardaient les chèvres, ils n'allaient pas à l'école car l'école ça rapportait pas de sous!
Leur avenir aurait été différent si leurs parents n'avaient pas pris le bateau pour venir s'installer ici!

Ok c'est pas le tiers-monde, mais il existe de gros disfonctionnements qui font que des gens quittent leur pays pour l'Italie, la France, l'Espagne ou l'Angleterre.

J'étais sous-officier de Marine-Marchande de 2001 à 2004 et nous passions très régulièrement des clandestins qui se cachaient sous les camions, à bord, on leur redonnait un peu de chaleur humaine, de quoi manger, de quoi se laver et de quoi dormir au chaud ... leurs histoires (pour ceux qui parlaient un peu anglais ou français) nous ont souvent émues aux larmes, ils fuyaient la misère, la guerre ou la des conditions de vie terribles en croyant trouver l'Eldorado en Europe mais certains étaient réalistes et savaient que tout ne serait pas facile, voire très difficile mais ils disaient qu'il valait mieux en baver plutôt que de retourner là-bas.

Un jour nous avons passé 2 tunisiens, on a parlé presque toute la nuit, ils parlaient français et essayaient depuis 3 mois de rejoindre un cousin qui bossait à Londres. Sauf qu'ils n'arrivaient pas à franchir les douanes anglaises et dormaient dans les falaises de Dieppe avec beaucoup d'autres immigrés dans des camps de fortune. Ces deux-là m'avait dit :"On aurait du rester chez nous!"

Tu dis que mes deux potes doivent bien galérer? Non, vraiment ils vont bien, un des deux qui est resté dans notre ville, je le vois souvent, il bosse, est marié, est un papa comblé, sort, vis ... il n'a pas cette rage contre la France qu'il ne comprend pas car il a bossé comme tout élève, a fait ses stages en même temps que les miens, a trouvé un bon boulot et il mène son petit bonhomme de chemin entre deux cultures.
Il a toujours prétendu être français d'origine marocaine et non le contraire. Peut-être cela a t-il joué en sa faveur.

Je crois qu'avant d'être reconnu par ses pairs de telle ou telle manière, il faut se reconnaître soi-même. Tu ne peux pas demander aux uns de te considérer alors que toi tu ne te considères pas!

Mon immigration à moi aussi ne date pas d'hier et pourtant, il y-a peu de temps chez Carrouf, j'ai fait des courses avec pas mal de mozzarella de bufflonne, de parmesan, de pâtes, de boîtes de tomates pelées et de Lambrusco. Je paye en chèque et au vu de mon second nom de famille, la caissière me dit "Mon nom de famille", ah oui, vous êtes italienne? Je réponds, non je suis française. Et rétorque: "Ah bon car avec votre nom et les courses que vous avez faites, j'aurais dit italienne, en plus vous avez le look!" :shock:

J'ai pas cherché à comprendre, j'ai pris mes sacs et depuis je l'évite comme la peste à la caisse. Je continue ma vie, point barre... je n'ai pas cherché à péter le scandale au nom du racisme ou que sais-je...

Tout le monde en prend plein son grade, les gros, les maigres, les moches, les beaux, les juifs, les noirs, les macaronis, les portos...

Mon mari les 6 premiers mois où il a bossé en France comme maçon et qu'il ne parlait quasi rien de français, il a balayé les chantiers, nettoyé les outils, passé les nerfs du chef ... qui l'appelait "Barzotti"! Et pourtant il était maçon N3 mais bon, il a fait sa vie et puis il n'a jamais répondu, ils se sont lassés et il a quitté cette boîte de bons bretons bien chauvins au bout de 2 ans! Je parle de cela en 2006.
Comme il est napolitain, la bonne blague était de faire mine de compter les outils au cas où il en aurait piqué, vu que "tous les napolitains sont des voleurs"

Je suis désolée pour ta soeur, les cons français existent au même titre que tous les autres cons mais comme il est souvent écrit plus haut, "tous les arabes ne sont pas des voleurs" ... ben "tous les français ne sont pas cons".

-Vany-

Tout à fait d'accord avec toi Vany. Mon mari est une "2e génération" algérienne. Il a l'habitude de dire que l'intégration c'est d'abord à soi de la faire et qu'il ne faut pas attendre les autres, parce qu'on risque d'attendre longtemps.

Donc quand il a des attaques, il répond, la plupart du temps avec humour mais sans en faire un fromage ou hurler au racisme. Et puis il continue sa vie et c'est tout. Il est bien conscient qu'aux yeux de certains français de souche il n'est pas vraiment français. De même qu'en Algérie il n'est pas vraiment algérien. Mais il dit que s'il s'arrêtait à ça, il n'en finirait pas. Alors il vit, il fait ce qu'il aime et s'il y a des cons, il fait avec ! :lol: Jamais je ne l'ai entendu revendiquer une "vengeance" ou accuser "la société" ou l'école ou autre de l'avoir brimé. Par contre je l'entends souvent râler sur les plus jeunes et leur tendance à se victimiser.

Et puisqu'on parle Bretagne, nous allons depuis plus de 10 ans dans notre maison du Kreizh Breizh, région bretonnante et chauvine. quand nous y sommes, il représente à lui tout seul la population d'origine immigrée et ça se passe super bien, parce qu'il se contente d'être ce qu'il est, qu'il se montre ouvert et amical. Il a fait décourir le couscous à des voisins âgés qui n'en avaient jamais mangé de leur vie. Et en faisant le parallèle avec le Kig ha farz en plus ! :lol:

Je crois qu'il y a aussi nombre de problèmes créés de toutes pièces. Je ne dis pas que tout est facile, mais ça a toujours été comme ça. Alors soit on chouine, soit on avance en se foutant de ce que les autres disent.

La crise économique et sociale ayant vocation à s'aggraver dans un contexte de montée en violence de la société pour différentes raisons d'ailleurs.

Tirer sur les étrangers-immigrés-français pas de souche ou catalogués comme tels permet au cirque politico-médiatique de détourner l'attention des français et de ne pas s'intéresser aux vrais coupables de leur appauvrissement programmé.

Puis parler de valeurs et de blabla, c'est tellement facile et rentable pour un politicien.

Ceci étant, les "étrangers" qui foutent le bordel nourrissent le racisme et entretiennent un cercle vicieux.

Ouhla je l'avais oublié ce sujet!!


SableMouvant75 a écrit:

les étrangers qui foutent le bordel sont une minorité, et je rajoute à ce que tu as écrit que les politiciens "font la promo" de cette minorité pour tout justifier. Abd El Malik l'avait dit une fois sur le plateau de "On n'est pas couché"

L'autre jour, je suis dans le bus.
Il a du mal à démarrer car soit les gens ne veulent pas avancer vers le fond, soit des gens veulent monter au dernier moment.
Puis au moment où il démarre, une dame d'origine africaine ne monte pas mais pose juste une question au machiniste à propos de son itinéraire.
A ce moment là, un homme à côté de moi dit:"Elle sait pas lire celle là. Bah oui les bus ça existe pas chez elle".

Chacun interprète ces propos comme il veut mais à vrai dire, ça m'a choqué sur le coup.
Heureusement que tout le monde n'est pas comme ça.