J'ai du mal à comprendre comment ce débat a pu se transformer en guerre de vocabulaire et juridique...si le mot "viol" porte tant à confusion, utilisez donc le terme "agression sexuelle" qui peut englober autant la pénétration que les attouchements moins "intrusifs" et même le voyeurisme. Je ne pense pas non plus qu'on puisse graduer ces agressions en fonction de leur gravité...ce sont toutes des atteintes graves à l'intégrité d'autrui qui ont des conséquences graves pour les victimes...
Lorsque j'ai été en stagiaire (en psychoéducation, pendant 6 mois) dans un centre de thérapie pour agresseurs sexuels, j'ai animé des groupes de thérapie et aussi des rencontres individuelles en collaboration avec sexologues, psychologues et criminologues spécialisé en intervention auprès des agresseurs sexuels. Une des première chose qui est abordée avec ces hommes en début d'intervention est la notion de consentement, et loin de moi l'idée de vous associer à eux, mais les réactions sont semblables. Sceptiques, scandalisés, ça varie, mais bon.
Les critères d'un consentement libre et éclairé sont assez clairs, s'il n'y a pas consentement c'est une agression sexuelles, peu importe ce que c'est.
Pour que le consentent soit valide:
- La ou le partenaire doit comprendre le geste proposé.
- Connaitre les règles de conduite généralement acceptées en société.
- Se rendre compte des conséquences des gestes et des choix possibles.
- Être assuré que la décision de la ou du partenaire sera respectée.
- Il doit y avoir accord volontaire donné par une personne qui est mentalement apte à consentir (cette condition exclut automatiquement les enfants et les handicapés mentaux).
- Un consentement n’en est pas un dans un contexte d’autorité ou encore si les personnes ont un lien de sang. (extrait du cahier des participants, groupe accueil, centre d'intervention en violence et agression sexuelles)
Voici la définition du gouvernement canadien de l'agression sexuelle (je sais que vous êtes en France, mais j'ose imaginer que vous la considèrerez valide quand même!)
Geste à caractère sexuel, avec ou sans contact physique, commis par un individu sans le consentement de la personne visée ou, dans certains cas notamment dans celui des enfants, par une manipulation affective ou par du chantage. Il s’agit d’un acte visant à assujettir une autre personne à ses propres désirs par un abus de pouvoir, par l’utilisation de la force ou de la contrainte, ou sous la menace implicite ou explicite. Une agression sexuelle porte atteinte aux droits fondamentaux, notamment l’intégrité physique et psychologique et à la sécurité de la personne.
Cette définition s’applique peu importe l’âge, le sexe, la religion et l’orientation sexuelle de la personne victime ou de l’agresseur, peu importe le type de geste à caractère sexuel et le lieu ou le milieu de vie dans lequel il a été fait, et quelle que soit la nature du lien existant entre la personne victime et l’agresseur sexuel
Sinon pour ceux qui se posent des questions sur les femmes qui agressent sexuellement... je me suis aussi beaucoup posé de questions à ce sujet et voilà ce que j'ai comme réponse (très partielle) après pas mal de lecture et de discussions avec les intervenants en matière d'agression sexuelle que j'ai côtoyé. Les agressions sexuelles par les femmes semblent souvent passer sur le dos de "la mère trop protectrice", et ce serait plutôt une ambiance incestueuse plutôt que de réelles agressions. Une mère dort toutes les nuits avec sont fils de 14 ans, elle va aussi vérifier s'il bien lavé son pénis lorsqu'il prend sa douche... une mère demande à son enfant de lui sucer un sein alors que l'âge de l'allaitement est largement dépassé...
Bref, je ne vais pas donner 56 exemples, mais je pense que ça donne une idée...
Je pense que, dans un autre ordre d'idée, il reste tout de même intéressant de voir que la majorité des hommes qui agressent sexuellement l'ont aussi été par le passé. Je pense qu'il faut arrêter de voir les agressions sexuelles comme étant quelque chose de rare, il s'agit d'un des crimes les plus répandus sur la terre! Ne soyez pas scandalisés qu'on vous dise que le fait de manipuler sa conjointe pour du sexe est une agression sexuelle, ça en est une, tout simplement. On est pas en train de dire que vous êtes des violeurs, mais plutôt de dire que personne n'est à l’abri de commettre ou subir un geste sexuel inapproprié.
Il n'y a d'ailleurs pas de portrait type de l'agresseur... ceux avec qui j'ai travaillé passaient très inaperçus dans la société. Riche, jeune, vieux, pauvre, laid, beau... et quand on leur demandait si un jour, il aurait pensé être en en thérapie pour avoir commis une agression sexuelle... aucun n'aurait pu le croire si on leur avait dit.
Loin de moi l'idée de prendre le "bord" des agresseurs, mais faut pas oublier l'humain là-dessous...parce que ça pourrait être n'importe lequel d'entre vous. (sans vouloir être alarmiste!)
On ne sait jamais quand on va déraper. C'est pourquoi je pense qu'il faut être vigilent. Et ça passe entres autres par le fait d'informer la population.
C'est un sujet si complexe, la chaine délictuelle est intéressant pour comprendre comment quelqu'un en vient à passer à l'acte, bref, j'espère ne pas avoir projeté une vision trop réductrice de la chose. En espérant avoir apporté du nouveau à la discussion!