44 ans
Dans un arbre à Tecolotlan
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Et bien ça n'arrive pas souvent, mais je ne suis pas trop d'accord avec LaPo. Je me permets de donner un avis sur la question parce que je peux témoigner de violences conjugales dans ma propre famille, dues à ma grand-mère (dans ma famille, la violence est surtout féminine).
Souffrant de troubles psy liés à la guerre, elle a eu toute sa vie des gestes violents et des propos destructeurs à l'égard de sa propre mère, son mari et sa fille. Elle leur a fait vivre un enfer et mon grand-père ne s'y est jamais opposé. Il a laissé faire, il a laissé sa belle-mère âgée s'en prendre plein la poire (elle vivait chez eux), il a subi les insultes, la dévalorisation constante, les objets lancés à la figure et les coups de chaussures, en rendant de temps en temps la pareille, même si la plupart du temps il partait se réfugier à la cave pour bricoler. Il a laissé sa fille grandir toute seule dans cette atmosphère sans amour, violente et toxique et a trouvé un certain réconfort dans la boisson. Le déclic, il ne l’a jamais eu. Ses dernières années de vie ont été un cauchemar car il s’est paralysé suite à un AVC et il est devenu entièrement dépendant de ma grand-mère. Je ne rentrerai pas dans les détails, mais il a fallu faire entrer mon grand-père à l’hôpital dans ses dernières semaines d’agonie pour être sûr que ma grand-mère lui foute enfin la paix, alors que lui-même désirait mourir dans son lit. Quand il est mort, ma mère a eu des propos durs à son égard qu’elle n’a jamais exprimés de son vivant. Elle lui reproche de n'avoir pas su les protéger, elle et sa propre grand-mère, et d’avoir fui toute sa vie la situation. Elle le considère comme un lâche. Je crois même qu’elle en veut encore plus à son père qu’à sa mère.
J’ai eu la chance d'avoir des rapports différents avec mes grands-parents et de pouvoir les considérer avec un regard plus distancié, donc même si je comprends le ressenti de ma mère, je ne me permettrai pas d'avoir un jugement de valeur aussi terrible sur mon grand-père, mais il est clair que sa passivité a été en partie responsable de cette situation de merde. Il avait les moyens physiques d'agir, mais il n’a rien fait. La question de la santé mentale de ma grand-mère est restée taboue, s’aggravant au fil des ans. Il ne s'est sans doute jamais considéré comme une victime, ni lui ni les autres membres de la famille, il a préféré la fuite en avant, ne pas voir le fond du problème et se sauver de la maison toutes les fois où c’était possible. Jusqu’à ce qu’il soit cloué dans son fauteuil roulant. Je ne pense pas qu’il espérait que ça aille mieux un jour, je crois qu'il était profondément fataliste et n’envisageait pas que les choses puissent être différentes. Peut-être aussi, comme l’ a dit Cocagne, qu’il ne voulait pas voir à quel point il s’était planté. Il a souffert et a clairement eu une vie malheureuse, mais ça n'enlève pas sa responsabilité.
Je ne parle pas de faute, ni de coupable, je parle de responsabilité. Quant à moi, je ne me sens pas au-dessus des autres, je pense que je peux aussi me retrouver dans ce genre de situation horrible. J’ai souvent pu constater qu’il y a des mécanismes inconscients qui nous emprisonnent parfois et nous poussent à réaliser des choses contraires à notre intérêt, à s’engager dans des voies sans issue ou à s’enliser dans des situations foireuses dès le départ. Rien à voir avec un conjoint toxique, mais je me suis déjà mise dans des situations de souffrance où a priori je pouvais faire la démarche d’en sortir mais je continuais de subir. Quand on m’a parlé (ma psy en l’occurrence) de mon libre arbitre, de ma liberté de choisir, j’ai enfin pris conscience que j’avais des bras et des mains pour agir et que je pouvais sortir de ma paralysie. Car pour moi, quelqu’un de responsable, c’est quelqu’un qui peut agir, et le priver de cette responsabilité c’est l’enfermer dans une impuissance fataliste.
Je comprends néanmoins que ce discours peut être compris de travers et mal reçu, faisant plus de mal que de bien, d’où le fait que je ne participe jamais à ce genre de topic.
Souffrant de troubles psy liés à la guerre, elle a eu toute sa vie des gestes violents et des propos destructeurs à l'égard de sa propre mère, son mari et sa fille. Elle leur a fait vivre un enfer et mon grand-père ne s'y est jamais opposé. Il a laissé faire, il a laissé sa belle-mère âgée s'en prendre plein la poire (elle vivait chez eux), il a subi les insultes, la dévalorisation constante, les objets lancés à la figure et les coups de chaussures, en rendant de temps en temps la pareille, même si la plupart du temps il partait se réfugier à la cave pour bricoler. Il a laissé sa fille grandir toute seule dans cette atmosphère sans amour, violente et toxique et a trouvé un certain réconfort dans la boisson. Le déclic, il ne l’a jamais eu. Ses dernières années de vie ont été un cauchemar car il s’est paralysé suite à un AVC et il est devenu entièrement dépendant de ma grand-mère. Je ne rentrerai pas dans les détails, mais il a fallu faire entrer mon grand-père à l’hôpital dans ses dernières semaines d’agonie pour être sûr que ma grand-mère lui foute enfin la paix, alors que lui-même désirait mourir dans son lit. Quand il est mort, ma mère a eu des propos durs à son égard qu’elle n’a jamais exprimés de son vivant. Elle lui reproche de n'avoir pas su les protéger, elle et sa propre grand-mère, et d’avoir fui toute sa vie la situation. Elle le considère comme un lâche. Je crois même qu’elle en veut encore plus à son père qu’à sa mère.
J’ai eu la chance d'avoir des rapports différents avec mes grands-parents et de pouvoir les considérer avec un regard plus distancié, donc même si je comprends le ressenti de ma mère, je ne me permettrai pas d'avoir un jugement de valeur aussi terrible sur mon grand-père, mais il est clair que sa passivité a été en partie responsable de cette situation de merde. Il avait les moyens physiques d'agir, mais il n’a rien fait. La question de la santé mentale de ma grand-mère est restée taboue, s’aggravant au fil des ans. Il ne s'est sans doute jamais considéré comme une victime, ni lui ni les autres membres de la famille, il a préféré la fuite en avant, ne pas voir le fond du problème et se sauver de la maison toutes les fois où c’était possible. Jusqu’à ce qu’il soit cloué dans son fauteuil roulant. Je ne pense pas qu’il espérait que ça aille mieux un jour, je crois qu'il était profondément fataliste et n’envisageait pas que les choses puissent être différentes. Peut-être aussi, comme l’ a dit Cocagne, qu’il ne voulait pas voir à quel point il s’était planté. Il a souffert et a clairement eu une vie malheureuse, mais ça n'enlève pas sa responsabilité.
Je ne parle pas de faute, ni de coupable, je parle de responsabilité. Quant à moi, je ne me sens pas au-dessus des autres, je pense que je peux aussi me retrouver dans ce genre de situation horrible. J’ai souvent pu constater qu’il y a des mécanismes inconscients qui nous emprisonnent parfois et nous poussent à réaliser des choses contraires à notre intérêt, à s’engager dans des voies sans issue ou à s’enliser dans des situations foireuses dès le départ. Rien à voir avec un conjoint toxique, mais je me suis déjà mise dans des situations de souffrance où a priori je pouvais faire la démarche d’en sortir mais je continuais de subir. Quand on m’a parlé (ma psy en l’occurrence) de mon libre arbitre, de ma liberté de choisir, j’ai enfin pris conscience que j’avais des bras et des mains pour agir et que je pouvais sortir de ma paralysie. Car pour moi, quelqu’un de responsable, c’est quelqu’un qui peut agir, et le priver de cette responsabilité c’est l’enfermer dans une impuissance fataliste.
Je comprends néanmoins que ce discours peut être compris de travers et mal reçu, faisant plus de mal que de bien, d’où le fait que je ne participe jamais à ce genre de topic.