Pfff, je viens de me taper les 120pages de vos posts en trois jours, ça m'a tellement déprimée. Que les gens soient méchants, ça je le savais, puisque j'ai eu tout le loisir d'expérimenter. Mais quand ça vient de la famille, pire de la famille proche comme les parents, je suis béante de surprise et de douleur pour vous ; comment un parent peut-il avoir honte de son enfant parce que le chiffre sur la balance est trop élevé ? Encore, si ce chiffre était intrinsèquement corrélé à des valeurs négatives. Mais depuis le temps, on sait que non, quand même ! Que les gros sont gros non parce qu'ils sont lâches, je m'en foutiste ou sans volonté.
Bref, ça m'a vraiment énervée et attristée. Surtout que j'en vois très fréquemment, des gens qui se prennent des remarques sur leur poids, des vannes ,des méchancetés franches ou des conseils stupides et / ou odieux.
Pour ma part, je n'ai rien de très original à raconter, les brimades tout au long de la primaire et du collège, où j'étais surnommée - attention, très original - la grosse. Un gamin encore plus gros que moi s'amusait à m'appeler Moby Dick, à la grande joie de toute sa bande d'amis (eux-même peu gâtés par dame nature, maintenant que j'y repense). Les filles de ma classe adoraient dire : "oh la la la, je suis sûre que tu fais AU MOINS un 40 !" "c'est pas votre cerveau qui fait du 40 !" m'insurgeais-je, au bord des larmes. J'ai vu sur ce post que comparer notre poids à la connerie de nos tourmenteurs, vous avez l'air de trouver que c'est de la super répartie, mais eux en tous cas ils s'en foutaient pas mal et c'était une occasion de plus de se payer ma fiole.
D'un autre côté, je me joignais à ma classe pour appeler "le nain à roulettes" un pauvre mioche maigrichon qui avait une maladie orpheline et qui devait se trimballer un sac sur roulettes pour ne pas abîmer son dos. Je m'en veux encore aujourd'hui, et si je n'avais pas peur de le blesser encore plus (il n'a pas beaucoup grandi ni forci), j'irais m'excuser. Les enfants sont cruels, ça, oui, et pas qu'un peu. Mais au final, moi autant que les autres, alors je ne peux pas leur jeter la pierre, juste constater qu'il n'y a pas d'enfant meilleur que d'autre. S'il y en a, c'est parce qu'un adulte a réussi à leur faire comprendre l'importance du respect et du tact envers autrui, mais je crois que dans une société où on marche à l'image, ça arrive peu souvent.
Mon prof de sport se foutait aussi de moi - j'étais la plus grosse de la classe - en m'appelant trottinette parce que je courais moins vite que les autres (un traitement de faveur qui m'était réservé, et, je l'ai appris plus tard, à une autre rondelette d'une autre classe), mais ça reste correct. (enfin non, je suis outrée d'être ne train d'écrire un truc pareil, aucun adulte ne devrait se foutre de la gueule d'un enfant, pour aucune raison...)
Je me rappelle quand même avoir retourné une gifle magistrale en 4e à un connard venu m'appeler la grosse - j'ai oublié leur nom à tous presque, mais pas le sien -, il a dit : "la prochaine fois qu'elle refait ça je la tabasse" mais il n'a jamais réitéré le vilain sobriquet à mon encontre. Comme quoi, les tartes dans la tronche, ça marche.
Ma famille quant à elle n'a jamais trop manqué de me faire remarquer que je mangeais bien quand même hein, et qu'il faudrait peut-être y aller mollo, mais sans que ça prenne des proportions incroyables. Même à mon plus haut poids (obésité), j'avais toujours un copain (qui avait l'air de se foutre éperdument de mon poids) donc on m'a épargné les "tu ne trouveras jamais personne". Mais je sais que mon père aurait aimé que je sois plus mince et il ne l'a jamais vraiment caché - "ne change surtout pas !" m'a t-il dit il a quelques mois à mon poids le plus bas. Le meilleur truc pour me stresser et me faire manger - donc grossir. Bravo papa. Le genre à se foutre de la gueule des gens en surpoids avec mon frère et ma belle-mère (elle a mauvaise influence, cette grue !) en disant "hmmm macdo !" ou "hmmm pizza" quand une personne ronde passe dans le coin. Super mature, rien à dire. Heureusement, mon psychiatre a été très clair sur ce point : "parfois les parents sont complètement cons, et leur avis on s'en fout" (pas classe, mais ça commence à rentrer dans ma tête).
Maintenant en tous cas une chose est sûre, je suis décidée à ne plus laisser les gens me manquer de respect, et à ne plus m'écraser. Ce n'est tout simplement pas juste, et si je ne révolte pas contre ça, personne ne le fera pour moi. Alors ayez du respect pour vous même : ne laissez plus passer ! Car si vous ne vous respectez pas vous-même, qui le fera ? :(